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Bulletin de l' art pour tous — 1896

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No 124 (Avril 1896)
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https://doi.org/10.11588/diglit.16820#0013
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ART- POUR • TOUS

Encyclopédie del'arj'industriel et'Décoratif

paraissant tous les mois
Émile Reiber J C. Sauvageot 1 P. Gélis-Didot

Directeur - Fondateur Directeur j Directeur

1861-64 o i886-go\ r865-85 i8gi-g6

itratries-Imprimerics réunies

35* Année <"^—rue Mignon,2

paris ^ iHiera

Avril 1896

BULLETIN D'AVRIL 1896

Architecture d'Exposition

Le projet d'Exposition universelle venant
d'être voté, il nous paraît intéressantde chercher
jusqu'à quel point les manifestations artistiques
provoquées par cette exhibition peuvent inté-
resser l'art architectural.

L'Exposition universelle de 1889 a créé une
architecture spéciale, architecture sans principe,
sans idées, cacophonie sans aucune espèce de
valeur où, au milieu d'un brouhaha d'ornements,
ne se dégage aucun sentiment d'art pur. Ah!...
si Homère revenait à notre époque et qu'il eût
à décrire les merveilles de l'Exposition, comme
il décrivit le palais de Priam et ceux d'Ulysse
et d'Alcinoùs, ces bâtisses vulgaires ne lui ins-
pireraient aucune idée; c'est plutôt au domaine
du style de l'affiche électorale qu'il faudrait
emprunter un genre.

Sans parti pris aucun, pour ou contre le
nouveau projet de l'Exposition universelle, l'uti-
lité ne se faisait pas absolument sentir de démo-
lir le Palais de l'Industrie, et surtout par quoi
va-t-on le remplacer? Quelle architecture em-
ploiera-t-on ? Celle du Dôme central ou de la
Galerie des machines?

L'architecture est non seulement un art puis-
sant, mais encore elle est inhérente à l'histoire.
L'hisloirenousparle-l-elle des diverses religions,
elle est forcée de nous décrire la forme de leurs
temples, des autels et du sanctuaire où l'on allait
invoquer ou adorer les dieux.

L'architecture fait en quelque sorte partie de
ces religions révérées, les dieux eux-mêmes
donnaient à leur pontife les dimensions de leurs
temples; et chez les Grecs, Minerve, Apollon,
Neptune, inspiraient et prolégeaient les artistes
chargés du soin de bâtir et d'orner les villes et
les monuments qui en faisaient la gloire.

L'histoire, en parlant des lois, nous peint la
forme et l'imposante majesté des basiliques et
jusqu'à l'ordre observé dans les gradins où
venaient siéger les juges des nations.

Nous entretient-elle delà grandeur des régimes
les plus puissants, c'est par la description de
leurs palais, des places qui les avoisinenl, des
monumenls des arts qui les enrichissenl, qu'elle
parvient à nous donner une idée de l'étendue du
pouvoir et à mellre de l'intérêt et de la variélé
dans le récit des faits dont leur vie se compose.

Enfin est-il question de la grandeur des cités
et de leur importance ou de leur ancienneté,
elle étale avec orgueil les productions des arts;
elle sollicite, devant le lecteur, la préférence en
faveur de la plus belle et de la plus riche en
monuments d'architecture.

Et nous, que pourrions-nous invoquer? L'his-
toire décrira-t-elle les palais du Champ de Mars
ou le nouveau Palais de l'Industrie, architec-
ture hâtive, sans art, sans étude, où le principal
attrait est le plus souvent le mât aux couleurs
voyantes, surmonté d'une oriflamme délavée par
la pluie?

Que l'on fasse un palais comme l'Ecole de
médecine, l'Opéra ou le ministère de l'Agri-
culture; mais, de grâce, que l'on ne dote pas
Paris d'un nouveau Palais des Arls libéraux
fait de ferrailles et de porcelaines. L'essai du
Trocadéro doit suffire.

Le mal vient de ce que les projets ne sont
plus étudiés; on tâche de faire du triomphant,
mais on ne cherche pas le côté artistique, l'étude
d'un caractère, et l'on arrive à la pacotille des
décors de théâtre.

Celte porte du Dôme central, c'est le non-sens
même de l'art, rien n'y est étudié, c'est de
l'architecture de peintre décorateur en délire. Que
l'on confie l'Exposition à des hommes experts
dansl'arl, à des maîtres qui ont fait leurs preuves ;
s'il y a des décorations à exécuter, qu'on les
demande à Coquart, à Joseph Blanc, à Mcrson;
s'il y a des palais à construire, qu'on les demande
à Garnier, à Ginain, mais n'allons pas demander
à des architectes qui n'ont rien derrière eux
comme étude et savoir-faire, de construire des
monumenls qui doivent rester comme l'apogée
du genre architectural au xixe siècle.

Henry Gukdy.

Échos

Le Théâtre d'auditions (1). — Sous le
haut patronage de MM. Gérome, Aublet,
G. Clairin, Caran d'Ache, Lambert, G. de Saint-
Pierre et Louise Abbema, vient de s'ouvrir le
Théâtre dAudilions dirigé par M"e Maguéra;
conçue dans un but artistique, l'œuvre de
Mlle Maguéra a reçu le plus bienveillant accueil
du monde des arts et de la critique.

Nous trouvons, au programme de la saison
théâtrale 1895-1896, Mademoiselle Cléopdtre,
pièce en quatre actes, en prose, tirée du roman
d'Arsène Houssaye; Chênefer,comédie en quatre
actes, en prose, de M. René Racot;Lom desyeux,
pièce en trois actes, en prose, de MM. Henry de
Braisme et Paul Croisset; Loterie, pièce en
deux actes, en prose, de M. André Serph, et
Honneur de fils, pièce en trois actes, en prose,
de M. E. de Valmonca, ainsi que plusieurs pièces
en un acte, déjeunes auteurs, peut-être l'espé-
rance de demain.

Sachons gré à l'habile directrice de nous ré-
véler des talents nouveaux, et son théâtre doit
dès maintenant prendre rang parmi les œuvres
à soutenir et à encourager.

Au milieu de toutes ces entreprises éphémères

(1) Administration, 12, rue Clapeyron, Paris.

| de théâtres réservés spécialement, comme le
1 Théâtre Libre, ou le Théâtre des Jeunes Filles,
il était utile qu'un jeune théâtre, établi sur des
bases sérieuses, comme l'est le Théâtre des
Auditions, vint prendre une place prépondé-
rante.

Nous remarquons au nombre des protec-
; leurs de cette œuvre MM. Coppée, Victorien
; Sardou, J. Maria de Heredia et H. de Bornier.

I -O-

Exposition des œuvres d'art au Con-
cours hippique. — Exposition de conve-
i nances mondaines, où le nom est reçu bien
avant le talent ; nous ne comprenons pas pour-
| quoi des maîtres comme Gérome, Aimé Morot
| ou Olivier de Penne prennent part à cette
| exhibition; c'est donner une importance et un
| renom à une entreprise qui n'en vaut certaine-
! ment pas la peine, et permettre à beaucoup de
! sportsmen exposants de se glorifier de cette
i très artistique compagnie.

j -G— '

Salons avant la lettre. — De notre
| très estimé collaborateur P. de Laubadère :
| l'Arène, d'une composition très mouvementée,
| où un groupe de captifs et de gladiateurs se
! tordent contre les murs du cirque qu'envahissent
les bêtes. Tableau d'une grande allure.

De Martin (Alfred) : A la lampe, petit tableau
traité dans une très jolie gamme.

De Bisson, deux toiles, dont une représentant
un groupe de femmes, d'une délicate harmonie,
mais d'un faire un peu maniéré.

De notre collaborateur Henry Guédy : le
relevé des peintures décoratives (exécutées sur
bois) à la chapelle du Viaulnay, Château-Gontier.

—G—

A la Sculpture. — Nous remarquons un
intéressant envoi de M. Schmid : le Vertige, un
très beau morceau de sculpture qui dénote chez
son auteur de réelles qualités de composition et
de savoir-faire — une des belles éludes de nu du
Salon.

Les Ouvriers d'Art

Si nous remontons un peu loin dans les annales
de l'histoire, nous voyons avec une réelle fierté
que la France a toujours tenu la tête du mouve-
ment industriel et artistique. A cette gloire, à
cet honneur beaucoup ont contribué ; mais
une large part de ces succès revient, sans con-
teste, aux ouvriers d'art qui, par leur travail,
leur talent, ont puissamment aidé au développe-
j ment et à la manifestation de l'art industriel en
France. Il est à remarquer que jusqu'à présent,
malgré nos grandes idées socialistes et nos
doctrines égalitaires, il n'a pas été fait à ces

BULLETIN DE L'ART POUR TOUS. - N« 124.
 
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