ÀRTPOUR-TOUaS
ENCYCLOPEDIEFF L'ARTJNFUSTFlÎFL ET DECORA TIF
?
araissant taxis les vioxs
MILE ReIBER
recteur - Fondateur
64 o 1886-go
i865-85 I
rairies-Imprimeries réunies
Arvcie.naojHai.Sou .M.or cl
D
G. Sauvageot ) P. Gélis-Didot
Directeur \
Août 1896
de bureaux en bureaux, enregistrée partout, ( provenant de la Bibliothèque, fonds Béthume,
sans avoir été jamais lue, elle attend; elle attend n° 8516, f° 3, prouve que François Ier, Henri II,
BULLETIN D'AOUT 1896 j quoi? Nul ne pourra jamais le savoir; quelque- François II et Charles IX occupèrent ce peintre.
fois un accident fait tomber une pile de papier, François Ier lui accorda des lettres de naturali-
ou la curiosité de regarder une ou deux lettres, sation, en 1541 ; il hérita du surnom de son père •
et Ton vous répond trois ou quatre mois Jehannet; lors de la mort de François Ier, il fut
après. chargé de mouler son visage et ses mains pour
I ? A fil m j n j Stir£tti Q n j Pourtant toutes ces places sont grassement l'effigie qui devait le représenter aux funérailles;
rétribuées, les employés ont peu de chose à il fit la môme chose pour Henri II. Le Louvre
faire; mais malheureusement, l'un est poète, j ne possède que deux portraits authentiques de
genre méconnu, et, comme le sous-préfet, il fait ce peintre : portraits de Charles IX et d'Elisabeth
des vers; l'autre est musicien ou peintre, et ils d'Autriche.
L'histoire d'une autorisation demandée à s'occupent de leur art; les en empêcher serait On connaît beaucoup de portraits des xve et
Administration des Beaux-Arts est un réel cruel, et puis il nous est sorti des génies de la xvi° siècles, traités dans un ton et dans un genre
poème : il n'y manque rien, à commencer par le bureaucratie, génies le plus souvent qui consis- qui les font attribuer aux Clouet. Ces peintres
côté grotesque, pour finir quelquefois au tra- lenl g, se fajre jouer ou à se faire reproduire, montrent leur origine flamande dans les portraits
gique. Simple artiste, qui vous croyez libre de mais guère d'un niveau plus élevé. que l'on connaît d'eux. La naïveté, la vérité,
dessiner dans nos monuments publics, détrom- u serait beaucoup plus simple de fermer cette j forment la base de leur talent, que complétèrent
pez-vous, il n'en est rien; l'Administration est là Académie aux importuns. Que voulez-vous? Il par la suite le style et l'élégance des Français,
qui veille, et, sous forme d'autorisation à deman- doit êlre bien ennuyeux, lorsque l'on lient sa Malheureusement les Clouet, en subissant l'in-
der, fera tout ce qu'il lui est possible de faire pour rime riche, ou son sujet à effet, de répondre à fluence d'une Ecole étrangère, perdirent de leur
vous en empêcher. Songez donc, déranger un un monsieUi. qU; vient vous demander prosaï- originalité : modelé plein de finesse, touche
de ces mille et un ronds-de-cuir qui ornent l'Ad- quement une autorisation. Pourquoi voulons- ferme et légère, caractères admirablement
minislralion est chose grave et on vous le fera nous que ces employés aient à nous répondre? rendus. Cette famille de peintres a été remise
bien sentir. c'est presque de la persécution. Nous ne en honneur par les amateurs de notre époque.
Un exemple, arrivé à l'un de nos confrères sommes pas en République pour tyranniser de Clouet dit Cloet, dit Jehannet (Jean), le Jeune,
ayant besoin de dessiner dans une église: « Ma malheureux budgétivores; c'est déjà beaucoup père du peintre François Jean. Quoique né à
première lettre, m'écrit-il, je l'adressais à l'ar- quMls veuiuenl bieri fajre acle de présence, et Bruxelles, il travailla pour François 1" dès 1518.
chitecte diocésain, lequel, tout en reconnaissant estimons-nous heureux, lorsqu'une réponse nous Un registre du Trésor des Charles démontre
le bien fondé de ma demande, m'autorisa, sous arrive, qu'elle ne soit pas en vers, ou bien en que ce peintre vint do Belgique s'établir en
réserve de l'approbation du Ministre; de là, rébus sous forme de croquis. France, à Tours, où il se maria avec Jeanne
demande aux Beaux-Arts, qui me renvoyèrent Boucault. Il se fixa à Paris vers la fin de sa car-
aux Cultes, les Cultes me renvoyèrent à l'archi- Henry d Herville. ^ ^ ^rand SUCcès à la cour de France,
tecte en chef du diocèse, lequel me renvoya au _<___<*„_< _v ûo^_<_<_^___«.__ mais ne parvint pas à obtenir de lettres de
Ministre, et ma demande est en ce moment dans $P$^^p$^p^^P$pî%M^^^i^^p naturalisation. On ne connaît de lui aucun
les bureaux. Que fait-elle?» ouvrage authentique.
Que fait-elle dans les bureaux? Ah! mon cher L'École Fp_n__i_e Dumontier (Daniel), né à Paris en 1576, mort
confrère! Que va-t-elle devenir? devriez-vous Ve en 1646. On ignore quel fut son maître; on sup-
plutôt me demander. Recouverte de cachets (suite)' pose qu'il fut élève des peintres italiens attachés
rouges, portée dans de grandes serviettes, elle à la cour de François Ier; il fit les portraits de
sera promenée pendant une quinzaine de jours presque tous les grands sous les règnes de
par des larbins graves, sentant tout le poids de François 1", Henri IV et môme Louis XIII. Son
leur autorité, pour finir auprès d'un employé lgs premiers peintres de la Renaissance éxécution est facile, son pinceau est franc, ses
en congé pendant un mois, et vous n'aurez furent Cousin (Jean), né près de Sens en 1501, j physionomies bien saisies; dans le genre du
plus qu'à attendre. mort en 1589. De récentes découvertes ont jeté Primatice, on connaît de lui cinquante-six
Voilà l'histoire de toute autorisation; cent, quelques clartés sur cet artiste ; on sait qu'il fit portraits aux trois crayons,
mille exemples sont la sous nos yeux. Mais ses premières études avec les peintres verriers j Dumontier (Etienne) florissait au xvi" siècle,
comment faire cesser cetétatdechoses, comment de Sens et qu'il s'établit à Paris, où il fut marié J Enlumineur, dont il est fait mention en 1501. Il
donner le signal d'un branle-bas général quand trojs f0is el cmC; |res considéré de son temps, existe plusieurs artistes de ce nom sur lesquels
cette institution ne s'appuie que sur des idées ses vertus le firent aimer et estimer. N'ayant on n'a que des renseignements vagues et des
préconçues ou des théories d'un autre siècle, comme modèles que les statues et les tableaux indications peu sûres. Les Dumontier constituent
cela est presque impossible, et, ce qui le rendra que François [*•• avait fait venir d'Italie, il acquit | une famille d'artistes assez nombreuse dont
plus impossible encore, c'est la morgue de tous une grande réputation. Daniel est le plus remarquable. Il existe à l'église
ces ronds-de-cuir qui se croient des détenteurs , jean Cousin composa divers ouvrages sur la j de Saint-Jean-en-Grève, à Paris, une épitaphe
de toutes choses artistiques et les couvrent de perspective et sur la géométrie (1563). Il exécuta ainsi conçue : « Cy-gist Eslienne Du Montier,
leur protection; c'est le triomphe de la bureau- peu de tableaux à l'huile ; la plupart de ses com- noble, rare et excellent en son art; il csLoit
cratie, et quelle bureaucratie! Tous décorés, positions sont sur verre. peintre et valet de chambre des Roys Henri II,
depuis le garçon de bureau qui ouvre la porte, Clouet (François), dit Jehannet, fils de Jean François II, Charles IX et Henri III et de la
jusqu'au grand chef qui vous reçoit debout, bien le Jeune, né à Tours en 1510, mort en 1572. grande Royne Catherine de Médicis et du Boy
en lumière, cherchant ses effets, tous du violet, jyj Delaborde pense que ce peintre est désigné d'à présent depuis l'espace de 50 ans et plus
l'on dirait une médaille commémorative. dans ies vers t]e Marot, Épitre au Roy sur la \ jusques à la fin de son aage qui fut le 25e jour
On suit le sentier battu, c'est beaucoup plus traduction des psaumes de David. Une lettre de j d'octobre 1603 aagé de 63 ans. Amen. Priez Dieu
simple; pour cela aucun effort d'imagination, et, Marguerite de Navarre, publiée par Génin et pour son ame. »
comme nous venons de le voir ensemble pour la______ Le peintre de Henri II est peut-être le fils de
lettre de notre malheureux confrère qui est allée ^ Voir Art pour fous, Bulletin de Juillet 1896. l'enlumineur de 1501.
BULLETIN DE L ART POUR TOUS.
— n» 128.
ENCYCLOPEDIEFF L'ARTJNFUSTFlÎFL ET DECORA TIF
?
araissant taxis les vioxs
MILE ReIBER
recteur - Fondateur
64 o 1886-go
i865-85 I
rairies-Imprimeries réunies
Arvcie.naojHai.Sou .M.or cl
D
G. Sauvageot ) P. Gélis-Didot
Directeur \
Août 1896
de bureaux en bureaux, enregistrée partout, ( provenant de la Bibliothèque, fonds Béthume,
sans avoir été jamais lue, elle attend; elle attend n° 8516, f° 3, prouve que François Ier, Henri II,
BULLETIN D'AOUT 1896 j quoi? Nul ne pourra jamais le savoir; quelque- François II et Charles IX occupèrent ce peintre.
fois un accident fait tomber une pile de papier, François Ier lui accorda des lettres de naturali-
ou la curiosité de regarder une ou deux lettres, sation, en 1541 ; il hérita du surnom de son père •
et Ton vous répond trois ou quatre mois Jehannet; lors de la mort de François Ier, il fut
après. chargé de mouler son visage et ses mains pour
I ? A fil m j n j Stir£tti Q n j Pourtant toutes ces places sont grassement l'effigie qui devait le représenter aux funérailles;
rétribuées, les employés ont peu de chose à il fit la môme chose pour Henri II. Le Louvre
faire; mais malheureusement, l'un est poète, j ne possède que deux portraits authentiques de
genre méconnu, et, comme le sous-préfet, il fait ce peintre : portraits de Charles IX et d'Elisabeth
des vers; l'autre est musicien ou peintre, et ils d'Autriche.
L'histoire d'une autorisation demandée à s'occupent de leur art; les en empêcher serait On connaît beaucoup de portraits des xve et
Administration des Beaux-Arts est un réel cruel, et puis il nous est sorti des génies de la xvi° siècles, traités dans un ton et dans un genre
poème : il n'y manque rien, à commencer par le bureaucratie, génies le plus souvent qui consis- qui les font attribuer aux Clouet. Ces peintres
côté grotesque, pour finir quelquefois au tra- lenl g, se fajre jouer ou à se faire reproduire, montrent leur origine flamande dans les portraits
gique. Simple artiste, qui vous croyez libre de mais guère d'un niveau plus élevé. que l'on connaît d'eux. La naïveté, la vérité,
dessiner dans nos monuments publics, détrom- u serait beaucoup plus simple de fermer cette j forment la base de leur talent, que complétèrent
pez-vous, il n'en est rien; l'Administration est là Académie aux importuns. Que voulez-vous? Il par la suite le style et l'élégance des Français,
qui veille, et, sous forme d'autorisation à deman- doit êlre bien ennuyeux, lorsque l'on lient sa Malheureusement les Clouet, en subissant l'in-
der, fera tout ce qu'il lui est possible de faire pour rime riche, ou son sujet à effet, de répondre à fluence d'une Ecole étrangère, perdirent de leur
vous en empêcher. Songez donc, déranger un un monsieUi. qU; vient vous demander prosaï- originalité : modelé plein de finesse, touche
de ces mille et un ronds-de-cuir qui ornent l'Ad- quement une autorisation. Pourquoi voulons- ferme et légère, caractères admirablement
minislralion est chose grave et on vous le fera nous que ces employés aient à nous répondre? rendus. Cette famille de peintres a été remise
bien sentir. c'est presque de la persécution. Nous ne en honneur par les amateurs de notre époque.
Un exemple, arrivé à l'un de nos confrères sommes pas en République pour tyranniser de Clouet dit Cloet, dit Jehannet (Jean), le Jeune,
ayant besoin de dessiner dans une église: « Ma malheureux budgétivores; c'est déjà beaucoup père du peintre François Jean. Quoique né à
première lettre, m'écrit-il, je l'adressais à l'ar- quMls veuiuenl bieri fajre acle de présence, et Bruxelles, il travailla pour François 1" dès 1518.
chitecte diocésain, lequel, tout en reconnaissant estimons-nous heureux, lorsqu'une réponse nous Un registre du Trésor des Charles démontre
le bien fondé de ma demande, m'autorisa, sous arrive, qu'elle ne soit pas en vers, ou bien en que ce peintre vint do Belgique s'établir en
réserve de l'approbation du Ministre; de là, rébus sous forme de croquis. France, à Tours, où il se maria avec Jeanne
demande aux Beaux-Arts, qui me renvoyèrent Boucault. Il se fixa à Paris vers la fin de sa car-
aux Cultes, les Cultes me renvoyèrent à l'archi- Henry d Herville. ^ ^ ^rand SUCcès à la cour de France,
tecte en chef du diocèse, lequel me renvoya au _<___<*„_< _v ûo^_<_<_^___«.__ mais ne parvint pas à obtenir de lettres de
Ministre, et ma demande est en ce moment dans $P$^^p$^p^^P$pî%M^^^i^^p naturalisation. On ne connaît de lui aucun
les bureaux. Que fait-elle?» ouvrage authentique.
Que fait-elle dans les bureaux? Ah! mon cher L'École Fp_n__i_e Dumontier (Daniel), né à Paris en 1576, mort
confrère! Que va-t-elle devenir? devriez-vous Ve en 1646. On ignore quel fut son maître; on sup-
plutôt me demander. Recouverte de cachets (suite)' pose qu'il fut élève des peintres italiens attachés
rouges, portée dans de grandes serviettes, elle à la cour de François Ier; il fit les portraits de
sera promenée pendant une quinzaine de jours presque tous les grands sous les règnes de
par des larbins graves, sentant tout le poids de François 1", Henri IV et môme Louis XIII. Son
leur autorité, pour finir auprès d'un employé lgs premiers peintres de la Renaissance éxécution est facile, son pinceau est franc, ses
en congé pendant un mois, et vous n'aurez furent Cousin (Jean), né près de Sens en 1501, j physionomies bien saisies; dans le genre du
plus qu'à attendre. mort en 1589. De récentes découvertes ont jeté Primatice, on connaît de lui cinquante-six
Voilà l'histoire de toute autorisation; cent, quelques clartés sur cet artiste ; on sait qu'il fit portraits aux trois crayons,
mille exemples sont la sous nos yeux. Mais ses premières études avec les peintres verriers j Dumontier (Etienne) florissait au xvi" siècle,
comment faire cesser cetétatdechoses, comment de Sens et qu'il s'établit à Paris, où il fut marié J Enlumineur, dont il est fait mention en 1501. Il
donner le signal d'un branle-bas général quand trojs f0is el cmC; |res considéré de son temps, existe plusieurs artistes de ce nom sur lesquels
cette institution ne s'appuie que sur des idées ses vertus le firent aimer et estimer. N'ayant on n'a que des renseignements vagues et des
préconçues ou des théories d'un autre siècle, comme modèles que les statues et les tableaux indications peu sûres. Les Dumontier constituent
cela est presque impossible, et, ce qui le rendra que François [*•• avait fait venir d'Italie, il acquit | une famille d'artistes assez nombreuse dont
plus impossible encore, c'est la morgue de tous une grande réputation. Daniel est le plus remarquable. Il existe à l'église
ces ronds-de-cuir qui se croient des détenteurs , jean Cousin composa divers ouvrages sur la j de Saint-Jean-en-Grève, à Paris, une épitaphe
de toutes choses artistiques et les couvrent de perspective et sur la géométrie (1563). Il exécuta ainsi conçue : « Cy-gist Eslienne Du Montier,
leur protection; c'est le triomphe de la bureau- peu de tableaux à l'huile ; la plupart de ses com- noble, rare et excellent en son art; il csLoit
cratie, et quelle bureaucratie! Tous décorés, positions sont sur verre. peintre et valet de chambre des Roys Henri II,
depuis le garçon de bureau qui ouvre la porte, Clouet (François), dit Jehannet, fils de Jean François II, Charles IX et Henri III et de la
jusqu'au grand chef qui vous reçoit debout, bien le Jeune, né à Tours en 1510, mort en 1572. grande Royne Catherine de Médicis et du Boy
en lumière, cherchant ses effets, tous du violet, jyj Delaborde pense que ce peintre est désigné d'à présent depuis l'espace de 50 ans et plus
l'on dirait une médaille commémorative. dans ies vers t]e Marot, Épitre au Roy sur la \ jusques à la fin de son aage qui fut le 25e jour
On suit le sentier battu, c'est beaucoup plus traduction des psaumes de David. Une lettre de j d'octobre 1603 aagé de 63 ans. Amen. Priez Dieu
simple; pour cela aucun effort d'imagination, et, Marguerite de Navarre, publiée par Génin et pour son ame. »
comme nous venons de le voir ensemble pour la______ Le peintre de Henri II est peut-être le fils de
lettre de notre malheureux confrère qui est allée ^ Voir Art pour fous, Bulletin de Juillet 1896. l'enlumineur de 1501.
BULLETIN DE L ART POUR TOUS.
— n» 128.