DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS
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se garantissaient les preux sous leur haubert. Assu-
rément cette masse n’a pas été forgée pour défoncer
des plates, mais pour percer des cottes de mailles.
L'exemple, qui nous est fourni par la tapisserie
du musée deBerne, remonte seulement à la seconde
moitié du xve siècle, c'est-à-dire à la belle époque
de l’armure gothique, formée, comme on le sait,
de plates rigides. Le changement dans l’adoube-
ment du chevalier devait entraîner, comme con-
séquence naturelle, le perfectionnement des armes
d’hast. Tandis que les fers en ciseau de notre masse
d’armes étaient très suffisants pour percer les dé-
fenses de corps du xme siècle, des pointes aiguës
devenaient nécessaires, pour s’attaquer avec succès
aux armures du XVe.
L’auteur des cartons de cette tapisserie, voulant
retracer des batailles de César, a fait visiblement
effort pour peindre des armes archaïques. C'est
ainsi qu’un des voulgiers du premier plan est coiffé
d’un chapeau de Montauban qu’on ne trouve plus
guère à partir du xive siècle. Il a pu s'inspirer
du même principe dans le choix des armes d’hast,
dont il a armé ses combattants:
Nos prévisions, quant à la manière dont devait
être montée cette tête de masse, trouvent leur con-
firmation dans le témoignage graphique que nous
apportons aujourd’hui. C’est bien une arme de
fantassin, qui doit être complétée par une pointe
dans le prolongement de la hampe.
On a pu émettre des doutes sur la solidité de là
hampe, étant donné le diamètre de la douille. On
remarquera que dans la tapisserie la tète de masse
est enfilée sur une douille de fer beaucoup plu
longue, rivée à la hampe, et
dont le prolongement fournit la
pointe. Ce mode de monture,
qui était aussi celui de diffé-
rentes armes d’hast, du marteau
de Lucerne entre autres, était
fort solide.
La tapisserie est, .d’ailleurs,
fort intéressante dans son en-
semble, par les nombreux détails
d’armes et d’armures qui y sont
figurés; et elle présente pour
nous ce haut intérêt, qu’elle est
sans doute flamande, en sorte
que l’arme étudiée serait bien
d’un modèle usité dans notre
pays.
On rechercherait vainement,
dans toute la suite des tapisse-
ries de Berne, la représentation
d’un second exemplaire del’arme
dont il est question dans cet
article. L’artiste a-t-il voulu, par
là, indiquer que son usage en était peu répandu, ou
s’est-il simplement appliqué à diversifier ses types
en évitant les répétitions ? Cette seconde hypothèse
semble plausible, étant donnée la grande variété
des armes d’hast représentées.
Ajoutons, en terminant, qu’une arme à peu près
semblable à celle de la tapisserie de Berne, sauf
qu’elle a quatre ailes, a été vendue à Berlin, à la
vente Grunitzky-Hannover, qui eut lieu le 23 fé-
vrier 1904 et jours suivants.
La conclusion s’impose : l’engin que nous avons'
été amené à étudier ici est, à n’en pas douter un
instant, une masse d’armes qui, par sa rareté, cons7
titue un document précieux pour nos collections.
E. de Preli.e de la Nieppe.
NOS FOUILLES DURANT LE
PREMIER SEMESTRE DE 1904.
Fouilles exécutées aux abords
DU « MENHIR » DE VELAINE-SUR-
SAMBRE, APPELÉ VULGAIREMENT « LA
PIERRE-QUI-TOURNE ». La pierre de Velaine
(fig. 1) est un des rares spécimens de pierre levée que
nous possédions encore en Belgique où l’on ne
compte plus, aujourd’hui, que quatre menhirs
isolés, bien authentiques et debout ; celui de Gozée,
celui de Hollain, celui de Baileux et celui qui nous
occupe.
* *
FIG. I. MENHIR DE VELA1NE-SUR-SAMBRK.
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se garantissaient les preux sous leur haubert. Assu-
rément cette masse n’a pas été forgée pour défoncer
des plates, mais pour percer des cottes de mailles.
L'exemple, qui nous est fourni par la tapisserie
du musée deBerne, remonte seulement à la seconde
moitié du xve siècle, c'est-à-dire à la belle époque
de l’armure gothique, formée, comme on le sait,
de plates rigides. Le changement dans l’adoube-
ment du chevalier devait entraîner, comme con-
séquence naturelle, le perfectionnement des armes
d’hast. Tandis que les fers en ciseau de notre masse
d’armes étaient très suffisants pour percer les dé-
fenses de corps du xme siècle, des pointes aiguës
devenaient nécessaires, pour s’attaquer avec succès
aux armures du XVe.
L’auteur des cartons de cette tapisserie, voulant
retracer des batailles de César, a fait visiblement
effort pour peindre des armes archaïques. C'est
ainsi qu’un des voulgiers du premier plan est coiffé
d’un chapeau de Montauban qu’on ne trouve plus
guère à partir du xive siècle. Il a pu s'inspirer
du même principe dans le choix des armes d’hast,
dont il a armé ses combattants:
Nos prévisions, quant à la manière dont devait
être montée cette tête de masse, trouvent leur con-
firmation dans le témoignage graphique que nous
apportons aujourd’hui. C’est bien une arme de
fantassin, qui doit être complétée par une pointe
dans le prolongement de la hampe.
On a pu émettre des doutes sur la solidité de là
hampe, étant donné le diamètre de la douille. On
remarquera que dans la tapisserie la tète de masse
est enfilée sur une douille de fer beaucoup plu
longue, rivée à la hampe, et
dont le prolongement fournit la
pointe. Ce mode de monture,
qui était aussi celui de diffé-
rentes armes d’hast, du marteau
de Lucerne entre autres, était
fort solide.
La tapisserie est, .d’ailleurs,
fort intéressante dans son en-
semble, par les nombreux détails
d’armes et d’armures qui y sont
figurés; et elle présente pour
nous ce haut intérêt, qu’elle est
sans doute flamande, en sorte
que l’arme étudiée serait bien
d’un modèle usité dans notre
pays.
On rechercherait vainement,
dans toute la suite des tapisse-
ries de Berne, la représentation
d’un second exemplaire del’arme
dont il est question dans cet
article. L’artiste a-t-il voulu, par
là, indiquer que son usage en était peu répandu, ou
s’est-il simplement appliqué à diversifier ses types
en évitant les répétitions ? Cette seconde hypothèse
semble plausible, étant donnée la grande variété
des armes d’hast représentées.
Ajoutons, en terminant, qu’une arme à peu près
semblable à celle de la tapisserie de Berne, sauf
qu’elle a quatre ailes, a été vendue à Berlin, à la
vente Grunitzky-Hannover, qui eut lieu le 23 fé-
vrier 1904 et jours suivants.
La conclusion s’impose : l’engin que nous avons'
été amené à étudier ici est, à n’en pas douter un
instant, une masse d’armes qui, par sa rareté, cons7
titue un document précieux pour nos collections.
E. de Preli.e de la Nieppe.
NOS FOUILLES DURANT LE
PREMIER SEMESTRE DE 1904.
Fouilles exécutées aux abords
DU « MENHIR » DE VELAINE-SUR-
SAMBRE, APPELÉ VULGAIREMENT « LA
PIERRE-QUI-TOURNE ». La pierre de Velaine
(fig. 1) est un des rares spécimens de pierre levée que
nous possédions encore en Belgique où l’on ne
compte plus, aujourd’hui, que quatre menhirs
isolés, bien authentiques et debout ; celui de Gozée,
celui de Hollain, celui de Baileux et celui qui nous
occupe.
* *
FIG. I. MENHIR DE VELA1NE-SUR-SAMBRK.