DOI Heft:
No 3 (1904)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.42111#0027
4® ANNÉE. N° 3
PARAISSANT TOUS LES MOIS
DÉCEMBRE 1904
BULLETIN
DES MUSÉES ROYAUX
DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS
(Antiquités, Industries d'Art, Art monumental et décoratif. Armes et Armures, Ethnographie)
A BRUXELLES
ABONNEMENTS :
Pour la Belgique.5 francs. | Pour l’Etranger.6 fr. 50.
Le numéro : 50 centimes*
LA VIERGE DE HAL ET LA
SAINTE CATHERINE DE COURTRAI.
PARMI les nombreux services que peut rendre
un musée de moulages, l’un des plus appré-
ciables est de permettre des rapprochements,
impossibles à réaliser entre des œuvres originales,
et, par suite, des comparaisons directes d’une haute
utilité pratique. Du choc des observations suggé-
rées par la mise en présence de fac-similés d’objets
entre lesquels existe une communauté de date, de
sujet, de destination, peut jaillir une lumière qui
éclaire leurs origines ; les analogies ou les dissem-
blances éclatent, tangibles, révélant ici une erreur
accréditée, là des rapports insoupçonnés.
Une comparaison de l’espèce va nous mettre en
mesure d’apporter peut-être une contribution à
l’histoire de la sculpture dans notre pays.
Examinons, dans notre section de l’Art monu-
mental, les moulages nos 1053 et 1220, que repro-
duisent nos deux planches ci-contre.
Le premier est celui d’une admirable statue en
marbre de sainte Catherine, qui appartient à l’église
Notre-Dame, à Courtrai. Cette belle œuvre a pré-
occupé plus d’un archéologue ; l’un des plus consi-
dérés, M. le Chanoine Van de Putte, l’attribue de
façon positive à André Beauneveu, de Valen-
ciennes (1) ; un esthéticien sur la compétence
( I ) La Chapelle des Comtes de Flandre à Courtrai.
Courtrai, Eug. Beyaert, 1875.
duquel il ne nous appartient pas d’exprimer une
opinion, s’est rallié à cet avis (1), et il t ous paraît
en tous points fondé.
Beauneveu florissait pendant la seconde moitié
du xive siècle. Il fut imagier du roi Charles V et
sculpta, notamment, le tombeau de ce monarque,
conservé dans l’ancienne basilique abbatiale de
Saint-Denis (2). Son style large et souple, le
réalisme tempéré d’élégance et de délicatesse qui
caractérisent ses œuvres connues pour authenti-
ques, se retrouvent bien dans la statue de Courtrai.
D’autre part, Beauneveu fut l’un des principaux
artistes employés à la décoration de la chapelle de
Sainte-Catherine par le dernier comte de Flandre,
Louis de Maele ; celui-ci lui commanda aussi son
tombeau, comme l’établissent les comptes des
sommes payées à Beauneveu à valoir sur le prix de
ce monument, qui ne fut pas achevé. L’attribution
de M. le Chanoine Van de Putte repose donc sur
des bases fort sérieuses.
L’autre moulage reproduit la Vierge qui, placée
entre deux anges musiciens, décore le tympan du
porche oriental de l’église Saint-Martin à Hal.
Malgré la différence des sujets, la pose des deux
figures est sensiblement la même ; la Vierge
s’appuie un peu plus sur la hanche droite, à cause
(1) Jean Rousseau : La Sctilpture flamande et wallonne
du XIe au XIXe siècle. (Bulletin des Commissions Royales
d’Art et d’Archéologie, 1877, p. 23.)
(2) Notre moulage n° 1424 reproduit la tête de la
statue qui décore ce tombeau.
PARAISSANT TOUS LES MOIS
DÉCEMBRE 1904
BULLETIN
DES MUSÉES ROYAUX
DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS
(Antiquités, Industries d'Art, Art monumental et décoratif. Armes et Armures, Ethnographie)
A BRUXELLES
ABONNEMENTS :
Pour la Belgique.5 francs. | Pour l’Etranger.6 fr. 50.
Le numéro : 50 centimes*
LA VIERGE DE HAL ET LA
SAINTE CATHERINE DE COURTRAI.
PARMI les nombreux services que peut rendre
un musée de moulages, l’un des plus appré-
ciables est de permettre des rapprochements,
impossibles à réaliser entre des œuvres originales,
et, par suite, des comparaisons directes d’une haute
utilité pratique. Du choc des observations suggé-
rées par la mise en présence de fac-similés d’objets
entre lesquels existe une communauté de date, de
sujet, de destination, peut jaillir une lumière qui
éclaire leurs origines ; les analogies ou les dissem-
blances éclatent, tangibles, révélant ici une erreur
accréditée, là des rapports insoupçonnés.
Une comparaison de l’espèce va nous mettre en
mesure d’apporter peut-être une contribution à
l’histoire de la sculpture dans notre pays.
Examinons, dans notre section de l’Art monu-
mental, les moulages nos 1053 et 1220, que repro-
duisent nos deux planches ci-contre.
Le premier est celui d’une admirable statue en
marbre de sainte Catherine, qui appartient à l’église
Notre-Dame, à Courtrai. Cette belle œuvre a pré-
occupé plus d’un archéologue ; l’un des plus consi-
dérés, M. le Chanoine Van de Putte, l’attribue de
façon positive à André Beauneveu, de Valen-
ciennes (1) ; un esthéticien sur la compétence
( I ) La Chapelle des Comtes de Flandre à Courtrai.
Courtrai, Eug. Beyaert, 1875.
duquel il ne nous appartient pas d’exprimer une
opinion, s’est rallié à cet avis (1), et il t ous paraît
en tous points fondé.
Beauneveu florissait pendant la seconde moitié
du xive siècle. Il fut imagier du roi Charles V et
sculpta, notamment, le tombeau de ce monarque,
conservé dans l’ancienne basilique abbatiale de
Saint-Denis (2). Son style large et souple, le
réalisme tempéré d’élégance et de délicatesse qui
caractérisent ses œuvres connues pour authenti-
ques, se retrouvent bien dans la statue de Courtrai.
D’autre part, Beauneveu fut l’un des principaux
artistes employés à la décoration de la chapelle de
Sainte-Catherine par le dernier comte de Flandre,
Louis de Maele ; celui-ci lui commanda aussi son
tombeau, comme l’établissent les comptes des
sommes payées à Beauneveu à valoir sur le prix de
ce monument, qui ne fut pas achevé. L’attribution
de M. le Chanoine Van de Putte repose donc sur
des bases fort sérieuses.
L’autre moulage reproduit la Vierge qui, placée
entre deux anges musiciens, décore le tympan du
porche oriental de l’église Saint-Martin à Hal.
Malgré la différence des sujets, la pose des deux
figures est sensiblement la même ; la Vierge
s’appuie un peu plus sur la hanche droite, à cause
(1) Jean Rousseau : La Sctilpture flamande et wallonne
du XIe au XIXe siècle. (Bulletin des Commissions Royales
d’Art et d’Archéologie, 1877, p. 23.)
(2) Notre moulage n° 1424 reproduit la tête de la
statue qui décore ce tombeau.