DES ARTS DECORATIFS ET INDUSTRIELS
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inscription trilingue DE zébed. (Musées.du Cinquantenaire.)
Mais plusieurs point restaient cependant douteux
et Zébedest situé dans une région si peu accessible,
qu’on n’osait espérer obtenir une meilleure repro-
duction de l’original.
En 1903, le PèreLammens, missionnaire belge à
Beyrouth, qui a déjà donné mainte preuve de son dé-
voûment aux intérêts de notre musée, nous informa
qu’une occasion s’offrait d’acquérir ce monument
d’un intérêt exceptionnel. Les négociations d'achat
■et le transport par caravane de cet énorme linteau,
heureusement brisé, qui pesait au total plus de
sept cents kilos, exigèrent de longs mois, mais
nous venons enfin de pouvoir le monter dans notre
nouvelle section des antiquités.
La pierre qui est un batalte gris foncé, poreux,
mesure 3m05 de long sur o™67 de haut. Elle est
décorée, au milieu, d’un cercle où s’inscrit une
croix grecque à branches évasées. Une série de mou-
lures qui se prolongeaient sur les montants enca-
draient la porte. A droite de la croix, se lit la dédi-
cace grecque, à gauche l’araméenne, au-dessous
d’un bout à l’autre l’arabe. Voici la traduction du
texte grec.
« En l’année 823 (— 512 ap. J.-C.) le 21 Gor-
piaios (= Septembre) fut posée la première pierre
de l’église de Saint-Serge sous le périodeute (prêtre
en mission) Jean, appelé aussi Annéas, fils de Bu-
kaios, de Sergiopolis. Siméon, fils d’Amraas, fils
d’Elie la fonda. Leontios était magistrat de la ville (?)
[Les témoins furent] : Satorninos Azizos, Azizos,
fils de Sergios, Azizos et Mara, fils de Barka. »
Cet antique linteau, la pièce la plus curieuse,
peut-être, de notre nouveau musée lapidaire, n’est
pas seulement intéressant pour l’histoire de l’église
d’Orient et pour celle de l’épigraphie sémitique,
les inscriptions qu’il porte sont l’expression de
cette civilisation complexe qui florissait à la fron-
tière romaine de Syrie avant l’invasion musulmane,
et nous montrent trois idiomes concuremment
employés comme langue littéraire : le grec des
maîtres du pays, l'araméen des indigènes et l’arabe
des tribus du sud — l’arabe encore relégué à la troi-
sième place, mais qui bientôt s’emparera de la pre-
mière. F. C.
ACQUISITIONS.
COLLECTION MÏCHOTTE.
LE Gouvernement vient d’acquérir, pour nos
Musées, la collection d’estampes et d’objets
d'art japonais de M. Edmond Michotte.
Elle comprend environ 7,000 pièces, réparties
comme suit :
Bronzes. 111
Gardes de sabres, objets divers en métal . . 474
Laques : boîtes, coupes, peignes et divers ... 84
» boîtes à médecine (inrôs). 121
Bois sculptés. 44
Céramique.172
Ivoires et bois sculptés (nets’kés).616
Objets divers. 502
Estampes.' . . . 4450
Livres et albums illustrés.370
Parmi les « objets divers » se trouvent des pièces
d’une valeur exceptionnelle : divers vases en cloi-
sonné, dont une paire tout à fait remarquable
par ses dimensions (2 mètres de hauteur), et sa ma-
gnifique décoration ; un paravent en bois incrusté
de matières diverses, un vase en ivoire, des meu-
bles en bois laqué ou incrusté.
En formant sa collection, M. Michotte ne s’est
pas arrêté à créer, comme tant d’amateurs, des
séries d’après un ordre d’idées déterminé, rassem-
blant ainsi, sous prétexte de documentation, des
spécimens souvent sans aucune valeur ; il a su, au
contraire, grâce à sa compétence et aux nombreuses
sélections qu’il a opérées, condenser en peu d'ob-
jets le caractère et l’histoire d’un groupe déterminé
de productions.
C’est d’ailleurs une des caractéristiques les plus
précieuses de la collection : chacune des pièces qui
la compose a sa raison d’être tout à fait précise au
point de vue artistique, technique ou historique.
D’autre part, M. Michotte s’est attaché à repré-
senter, de la manière la plus complète possible, cer-
tains groupes de productions particulières au lapon :
les laques, les nets’ kés, les estampes ; cette dernière
catégorie constitue un ensemble absolument unique.
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inscription trilingue DE zébed. (Musées.du Cinquantenaire.)
Mais plusieurs point restaient cependant douteux
et Zébedest situé dans une région si peu accessible,
qu’on n’osait espérer obtenir une meilleure repro-
duction de l’original.
En 1903, le PèreLammens, missionnaire belge à
Beyrouth, qui a déjà donné mainte preuve de son dé-
voûment aux intérêts de notre musée, nous informa
qu’une occasion s’offrait d’acquérir ce monument
d’un intérêt exceptionnel. Les négociations d'achat
■et le transport par caravane de cet énorme linteau,
heureusement brisé, qui pesait au total plus de
sept cents kilos, exigèrent de longs mois, mais
nous venons enfin de pouvoir le monter dans notre
nouvelle section des antiquités.
La pierre qui est un batalte gris foncé, poreux,
mesure 3m05 de long sur o™67 de haut. Elle est
décorée, au milieu, d’un cercle où s’inscrit une
croix grecque à branches évasées. Une série de mou-
lures qui se prolongeaient sur les montants enca-
draient la porte. A droite de la croix, se lit la dédi-
cace grecque, à gauche l’araméenne, au-dessous
d’un bout à l’autre l’arabe. Voici la traduction du
texte grec.
« En l’année 823 (— 512 ap. J.-C.) le 21 Gor-
piaios (= Septembre) fut posée la première pierre
de l’église de Saint-Serge sous le périodeute (prêtre
en mission) Jean, appelé aussi Annéas, fils de Bu-
kaios, de Sergiopolis. Siméon, fils d’Amraas, fils
d’Elie la fonda. Leontios était magistrat de la ville (?)
[Les témoins furent] : Satorninos Azizos, Azizos,
fils de Sergios, Azizos et Mara, fils de Barka. »
Cet antique linteau, la pièce la plus curieuse,
peut-être, de notre nouveau musée lapidaire, n’est
pas seulement intéressant pour l’histoire de l’église
d’Orient et pour celle de l’épigraphie sémitique,
les inscriptions qu’il porte sont l’expression de
cette civilisation complexe qui florissait à la fron-
tière romaine de Syrie avant l’invasion musulmane,
et nous montrent trois idiomes concuremment
employés comme langue littéraire : le grec des
maîtres du pays, l'araméen des indigènes et l’arabe
des tribus du sud — l’arabe encore relégué à la troi-
sième place, mais qui bientôt s’emparera de la pre-
mière. F. C.
ACQUISITIONS.
COLLECTION MÏCHOTTE.
LE Gouvernement vient d’acquérir, pour nos
Musées, la collection d’estampes et d’objets
d'art japonais de M. Edmond Michotte.
Elle comprend environ 7,000 pièces, réparties
comme suit :
Bronzes. 111
Gardes de sabres, objets divers en métal . . 474
Laques : boîtes, coupes, peignes et divers ... 84
» boîtes à médecine (inrôs). 121
Bois sculptés. 44
Céramique.172
Ivoires et bois sculptés (nets’kés).616
Objets divers. 502
Estampes.' . . . 4450
Livres et albums illustrés.370
Parmi les « objets divers » se trouvent des pièces
d’une valeur exceptionnelle : divers vases en cloi-
sonné, dont une paire tout à fait remarquable
par ses dimensions (2 mètres de hauteur), et sa ma-
gnifique décoration ; un paravent en bois incrusté
de matières diverses, un vase en ivoire, des meu-
bles en bois laqué ou incrusté.
En formant sa collection, M. Michotte ne s’est
pas arrêté à créer, comme tant d’amateurs, des
séries d’après un ordre d’idées déterminé, rassem-
blant ainsi, sous prétexte de documentation, des
spécimens souvent sans aucune valeur ; il a su, au
contraire, grâce à sa compétence et aux nombreuses
sélections qu’il a opérées, condenser en peu d'ob-
jets le caractère et l’histoire d’un groupe déterminé
de productions.
C’est d’ailleurs une des caractéristiques les plus
précieuses de la collection : chacune des pièces qui
la compose a sa raison d’être tout à fait précise au
point de vue artistique, technique ou historique.
D’autre part, M. Michotte s’est attaché à repré-
senter, de la manière la plus complète possible, cer-
tains groupes de productions particulières au lapon :
les laques, les nets’ kés, les estampes ; cette dernière
catégorie constitue un ensemble absolument unique.