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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Editor]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 1905-1906

DOI issue:
No 7 (1906)
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https://doi.org/10.11588/diglit.27145#0061
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BULLETIN DES MUSEES ROYAUX

va pour tout, c'est la ville qu'on copie, et étant
donné que la ville, à son tour, se fasse moderne à
outrance, qu'elle se défende, comme de faiblesses,
de tout relent familial et bourgeois, pouvant sentir
quelque peu la province ou le terroir, le village
emboîte le pas : il contrefait nos modes, parie aux
courses et joue du piano !
On devine ce que peuvent devenir dans tout
cela les légendes et les traditions des anciens :
objet de suprême indifférence, voire, bien souvent,
de moquerie.
Que faire devant de tels symptômes ? Essayer
de réagir et de persuader à ces gens qu'ils feraient
mille fois mieux de continuer tout simplement les
mœurs de leurs devanciers ? Peine inutile. Mieux
vaut encore les suivre à la piste, tandis qu'ils se
dépouillent ainsi, et ramasser tranquillement, pour
en garder du moins le souvenir, les épaves dont ils
sèment leur marche vers le « progrès s-. C'est la
mission du Folklore, mission pieuse, délicate, de
sauveteurs, qui, retenant les vieilles choses prêtes
à sombrer, les recueillent pour les serrer chez eux
ou, mieux encore, pour les concentrer en quelque
endroit public, où ils puissent demeurer comme un
salutaire memento à l'adresse des nouvelles cou-
ches.
Si nous parlons du Folklore, ce n'est nullement
pour prétendre l'accaparer. Nous estimons, au con-
traire, qu'en matière de Folklore, un musée natio-
nal, comme le nôtre, doit se montrer particulière-
ment discret et mesuré. Pour avoir leur saveur,
ces reliques du passé doivent, autant que possible,
demeurer à l'ombre du clocher. C'est là seulement,
dans l'atmosphère qui en a fatalement retenu quel-
que chose, qu'elles seront bien comprises et qu'elles
ont chance d'exciter, par-dessus la simple curiosité,
un sentiment plus ému, refaisant comme une atta-
che d'un moment avec ce passé dont on ne va que
trop se séparant.
Mais s'il convient de conserver ainsi, dans leurs
atmosphères locales, les souvenirs du passé, jus-
qu'aux plus menus, jusqu'aux plus humbles, ce
n'est pas à dire qu'il faille en rester là. Un tel
éparpillement, parfait pour l'analyse, ne vaudrait
rien pour la synthèse et cette synthèse a bien ses
droits aussi, puisqu'elle vise la Nation même.
Notre pays, comme tel, a ses traits ethniques, à
l'instar de ses provinces ou de ses districts. L'an-
cienne division politique de son territoire ou, plus
fort que cela, son partage en nombreuses régions
contrastant par leur race, leur langage, leurs habi-
tudes, toute cette bigarrure, disons-nous, n'em-
pêche pas qu'il existe entre ces éléments divers un
rapport de groupement ayant sa valeur propre.
C'est un habit d'arlequin, si l'on veut, mais c'est
un habit tout de même, et nous avons à le mon-

trer lui aussi, après avoir mis en lumière les mor-
ceaux dont il est fait.
Il est donc nécessaire qu'indépendamment des
très louables efforts ayant pour but d'instituer un
peu partout des sortes de reliquaires du passé, on
reprenne ce soin, dans les grandes lignes du moins,
pour le pays dans son ensemble et qu'après avoir
mis en vedette ce que chacun de nos groupes pré-
sente de plus signihcatif, on en opère le rappro-
chement dans un côte à côte qui permette d'en
saisir sur-le-champ les analogies et les oppositions.
C'est de ce rôle-là que nous revendiquons une
partie pour les Musées de l'Etat et spécialement
pour les nôtres puisqu'ils comptent l'ethnographie
au nombre de leurs objets.
Il ne faut pas, en effet, que ce nom d'ethnogra-
phie éveille seulement en nous une idée de sau-
vages plus ou moins cannibales. Nos mœurs à nous,
notre vie de tous les jours en sont aussi, de l'ethno-
graphie, tout comme le langage de M. Jourdain
se trouvait être de la prose. Laissons-nous donc
tenter, charmer même, à cet égard, par les choses
exotiques, mais que ce ne soit pas en délaissant
pour elles les correspondances et les échos que ces
mêmes choses ont dans notre pays.
Tout est encore à faire chez nous sous ce rap-
port. Mais nous ne demandons pas mieux que de
nous y mettre, surtout si le public lui-même veut
bien nous aider à réunir nos éléments.
Certains concours nous sont déjà venus d'ailleurs.
Nous en reparlerons prochainement et d'autant
plus volontiers que ces exemples précis et sugges-
tifs feront surgir, espérons-le, de nombreux imi-
tateurs. E. VAN OvERI.OOP.
UN* APPEL ENTENDU.
'APPEL dont nous parlons est celui que nous
adressions, voilà bientôt deux ans, aux Dames
étrangères pour nous aider à représenter leurs pays
respectifs dans nos collections de dentelles en for-
mation. Sans vouloir mettre dans ces choses plus
de sentiment qu'elles ne comportent, il nous avait
semblé que ces contingents étrangers seraient plus
intéressants encore, plus suggestifs et plus vivants,
si l'apport nous en venait directement des endroits
d'origine, comme une sorte d'hommage local à
l'œuvre d'ensemble dont nous nous efforçons de
réunir les éléments. De plus, considération prati-
que celle-là, c'était encore à ces endroits d'origine
qu'on était le mieux en mesure d'authentiquer, en
quelque sorte, la provenance des diverses dentelles
et d'en réunir, à notre intention, quelques échan-
tillons bien avérés.
Notre appel n'est donc pas demeuré sans écho,
 
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