DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS.
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BASSIN EN LAITON FONDU
DU XV'-XVP SIÈCLE.
CET objet est entré récemment dans nos col-
lections des Musées royaux grâce à la géné-
rosité de M. Vanderstraeten-Solvay. Il nous est
d’autant plus agréable d'en remercier le donateur
que les ustensiles de ce genre
sont très rares. En tout cas,
c’est le seul exemplaire qu’il
nous ait été donné de rencon-
trer. Il offre cet intérêt spécial
de provenir de l’église de Gre-
venbicht, village situé dans
le Limbourg hollandais, non
loin de la frontière belge. Ce
bassin, qui a été en usage dans
une sacristie, a été retrouvé
récemment dans un mur.
Il est haut de omi45, long
de om5i5 et a om28o dans sa
plus grande largeur ; il est
fondu dans un laiton assez clair.
Il affecte la forme d’un demi-
dodécagone pas tout à fait régulier, aux arêtes
émoussées; il est pourvu, en haut et en bas, d’une
moulure très développée et d’une facture très
grasse. Deux des côtés antérieurs sont pourvus de
deux mains fermées: celle de droite, qui est encore
munie d’un anneau, est ancienne ; celle de gauche,
qui est identique à la première, est posée en sens
inverse ; elle paraît avoir été fondue d’après la pre-
mière à une date plus ou moins récente.
On remarquera le choix du plan géométral,
qui imprime du cachet à cet objet, qui, moins bien
conçu,eût pris vraisemblablement un aspect banal.
Quant aux moulures, elles ont un jenesaisquoi de
cossu qui donne du relief au bassin. On pourrait
trouver que la main est dépourvue d’ampleur, étant
donnée la robustesse de l’ensemble. Il convient
toutefois de remarquer que ce détail pittoresque
n’était pas seulement là à titre de simple ornement.
En effet, ces mains munies d’anneaux servaient
peut-être à faciliter l’enlèvement du récipient
lorsqu’il était rempli d’eau. Ou mieux encore, les
anneaux servaient à suspendre les essuie-mains
destinés aux ablutions liturgiques qui précèdent
ou suivent la célébration delà messe.Il rpe revient
d’ailleurs à ce propos qu’un bassin de ce genre
aurait été vu dans une sacristie du Limbourg hollan-
dais dont le nom n’a pas été donné; les essuie-mains
reposaient surdes chaînettes attachées elles-mêmes
aux anneaux. Il est permis de douter que ce dispo-
sitif soit d’origine ancienne, mais il nous a semblé
utile de rapporter ce renseignement, si vague fût-il.
Etant donnée la destination très probable de
notre bassin, il ne sera pas hors de propos de com-
pléter sa présentation. 11 devait être disposé dans
une niche ménagée dans une paroi et accompagné
d’une puisette également en laiton dont il existe
encore de nombreux exemples. On en voit des
reproductions chez les primitifs des. écoles ger-
maniques. Un des témoignages les plus anciens
se trouve dans un des panneaux du polyptique de
l'Agneau mystique, des frères Van Eyck, conservé
dans le Musée royal de peinture et de sculpture de
Bruxelles. Le bassin rond avec rebord est dépourvu
d’ornement, et il est posé dans une niche L
Quant à l’âge du bassin reproduit ici, on le peut
fixer au déclin du xve ou au début du xvie siècle ;
il s’apparente en tout cas, pour le caractère et le
style, aux fonts baptismaux de l’église Saint-Jean
à Bois-le-Duc, dont la fonte fut exécutée par Aert
van Tricht en 1492. Jos. Destrée.
DONS.
NOTRE collection de dentelles s’est enrichie ce
mois-ci d’une précieuse parure, composée de
trois pièces, deux barbes et un fond de bonnet
assorti, en dentelle de Bruxelles aux fuseaux, de
la deuxième moitié du xvme siècle.
Ces objets, qui représentent ce que nous possé-
dons de plus délicat en ce genre, nous ont été offerts
par le comte et la comtesse Ferdinand de Marnix
1. Dans le pays de Liège on appelle parfois les pui-
settes des ante-post (ante, post missam), parce qu’elles
servaient, comme il a été dit plus haut, aux ablutions
qui précèdent ou qui suivent le sacrifice de la messe.
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BASSIN EN LAITON FONDU
DU XV'-XVP SIÈCLE.
CET objet est entré récemment dans nos col-
lections des Musées royaux grâce à la géné-
rosité de M. Vanderstraeten-Solvay. Il nous est
d’autant plus agréable d'en remercier le donateur
que les ustensiles de ce genre
sont très rares. En tout cas,
c’est le seul exemplaire qu’il
nous ait été donné de rencon-
trer. Il offre cet intérêt spécial
de provenir de l’église de Gre-
venbicht, village situé dans
le Limbourg hollandais, non
loin de la frontière belge. Ce
bassin, qui a été en usage dans
une sacristie, a été retrouvé
récemment dans un mur.
Il est haut de omi45, long
de om5i5 et a om28o dans sa
plus grande largeur ; il est
fondu dans un laiton assez clair.
Il affecte la forme d’un demi-
dodécagone pas tout à fait régulier, aux arêtes
émoussées; il est pourvu, en haut et en bas, d’une
moulure très développée et d’une facture très
grasse. Deux des côtés antérieurs sont pourvus de
deux mains fermées: celle de droite, qui est encore
munie d’un anneau, est ancienne ; celle de gauche,
qui est identique à la première, est posée en sens
inverse ; elle paraît avoir été fondue d’après la pre-
mière à une date plus ou moins récente.
On remarquera le choix du plan géométral,
qui imprime du cachet à cet objet, qui, moins bien
conçu,eût pris vraisemblablement un aspect banal.
Quant aux moulures, elles ont un jenesaisquoi de
cossu qui donne du relief au bassin. On pourrait
trouver que la main est dépourvue d’ampleur, étant
donnée la robustesse de l’ensemble. Il convient
toutefois de remarquer que ce détail pittoresque
n’était pas seulement là à titre de simple ornement.
En effet, ces mains munies d’anneaux servaient
peut-être à faciliter l’enlèvement du récipient
lorsqu’il était rempli d’eau. Ou mieux encore, les
anneaux servaient à suspendre les essuie-mains
destinés aux ablutions liturgiques qui précèdent
ou suivent la célébration delà messe.Il rpe revient
d’ailleurs à ce propos qu’un bassin de ce genre
aurait été vu dans une sacristie du Limbourg hollan-
dais dont le nom n’a pas été donné; les essuie-mains
reposaient surdes chaînettes attachées elles-mêmes
aux anneaux. Il est permis de douter que ce dispo-
sitif soit d’origine ancienne, mais il nous a semblé
utile de rapporter ce renseignement, si vague fût-il.
Etant donnée la destination très probable de
notre bassin, il ne sera pas hors de propos de com-
pléter sa présentation. 11 devait être disposé dans
une niche ménagée dans une paroi et accompagné
d’une puisette également en laiton dont il existe
encore de nombreux exemples. On en voit des
reproductions chez les primitifs des. écoles ger-
maniques. Un des témoignages les plus anciens
se trouve dans un des panneaux du polyptique de
l'Agneau mystique, des frères Van Eyck, conservé
dans le Musée royal de peinture et de sculpture de
Bruxelles. Le bassin rond avec rebord est dépourvu
d’ornement, et il est posé dans une niche L
Quant à l’âge du bassin reproduit ici, on le peut
fixer au déclin du xve ou au début du xvie siècle ;
il s’apparente en tout cas, pour le caractère et le
style, aux fonts baptismaux de l’église Saint-Jean
à Bois-le-Duc, dont la fonte fut exécutée par Aert
van Tricht en 1492. Jos. Destrée.
DONS.
NOTRE collection de dentelles s’est enrichie ce
mois-ci d’une précieuse parure, composée de
trois pièces, deux barbes et un fond de bonnet
assorti, en dentelle de Bruxelles aux fuseaux, de
la deuxième moitié du xvme siècle.
Ces objets, qui représentent ce que nous possé-
dons de plus délicat en ce genre, nous ont été offerts
par le comte et la comtesse Ferdinand de Marnix
1. Dans le pays de Liège on appelle parfois les pui-
settes des ante-post (ante, post missam), parce qu’elles
servaient, comme il a été dit plus haut, aux ablutions
qui précèdent ou qui suivent le sacrifice de la messe.