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BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX
Du reste, les documents reproduits dans notre
Bulletin viennent confirmer cette manière de voir:
la tapisserie du Musée historique de Berne
(deuxième moitié du xve siècle) *, le
volet de tryptique de M. Léo Nardus
(xve siècle) 2, représentent chacun
une de ces masses d’armes à pointes
aiguës.
Voici un autre document, dont il
n’a pas été fait mention jusqu’à pré-
sent et qui est plus intéressant encore
à notre point de vue : il s’agit d'une
miniature des Cronicqttes et Conques-
tes de Charlemaine 3, manuscrit de
la Bibliothèque royale de Belgique,
enluminé par Jean Le Tavernier,
d'Audenarde (1460).
Cette miniature (folio 303) repré-
sente la Victoire des Chrétiens; nous
en reproduisons ci-contre un frag-
ment (fig.3).On y voit,dans les rangs
1. Bulletin des Musées royaux, qua-
trième année, n°2, novembre 1904, p. 10.
2. Bulletin des Musées royaux, deuxième
série, deuxième année, n° 2, février 1909,
p. 13.
3. Voir Cronicques et Conquestes de
fig. 1. — TÊTE de masse d’armes du musée de la PORTE de HAL. Charlemaine, reproduction des 105 mi-
niatures de Jean Le Tavernier d’Aude-
divers documents reproduits précédemment dans
notre Bulletin ne peuvent laisser aucun doute à cet
égard.
Depuis la publication de cette masse d’armes,
qui semblait un document unique dans notre pays,
une autre pièce du même genre, trouvée à Den-
derwindeke, près de Ninove, entra dans les collec-
tions d’un archéologue bruxellois,M. JeanPoils.qui
nous l’apporta à l’examen. (V. fig. 2.) Cette pièce,
que nous fîmes voir à notre collègue M. de Prelle,
fut publiée par lui dans le numéro du Bulletin de
février dernier (2e série, 2e année, n° 2, page 13).
La tête de masse d’armes de M. Poils présente
avec la nôtre des différences caractéristiques. Notre
tête de masse d’armes, en effet, est munie d’ailes
minces et longues, se terminant en arête tran-
chante, convenant, comme le faisait remarquer
M. de Prelle, pour atteindre la chair à travers les
matelassures gambisonnées dont se garantissaient
les preux sous leur haubert. Cette pièce doit donc
dater du xme siècle vraisemblement, voire encore
du xive siècle. La tête de masse d’armes de
M. Poils ne peut remonter au delà du xv" siècle,
car ses ailes, plus courtes, renflées à leur base, se
terminent en pointe aiguë, bien propre à attaquer
les armures de plates en usage alors. App- à m jean Poils. fig. 2. — tête de masse d’armes.
narde (1460), par J. van den Gheyn, S. J., conser-
vateur des manuscrits de la Bibliothèque royale de Bel-
gique, pl. 35, Bruxelles, Vromant et Cie, 1909.
Le manuscrit — aujourd’hui en trois volumes— de la
Bibliothèque royale, porte les cotes 9066, 9067 et 9068.
sur un manche en bois de 1 m. 20 de long environ ;
cette masse d’armes se complétait par une pointe,
un fer de pique, fixée à l’extrémité du manche. Les
BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX
Du reste, les documents reproduits dans notre
Bulletin viennent confirmer cette manière de voir:
la tapisserie du Musée historique de Berne
(deuxième moitié du xve siècle) *, le
volet de tryptique de M. Léo Nardus
(xve siècle) 2, représentent chacun
une de ces masses d’armes à pointes
aiguës.
Voici un autre document, dont il
n’a pas été fait mention jusqu’à pré-
sent et qui est plus intéressant encore
à notre point de vue : il s’agit d'une
miniature des Cronicqttes et Conques-
tes de Charlemaine 3, manuscrit de
la Bibliothèque royale de Belgique,
enluminé par Jean Le Tavernier,
d'Audenarde (1460).
Cette miniature (folio 303) repré-
sente la Victoire des Chrétiens; nous
en reproduisons ci-contre un frag-
ment (fig.3).On y voit,dans les rangs
1. Bulletin des Musées royaux, qua-
trième année, n°2, novembre 1904, p. 10.
2. Bulletin des Musées royaux, deuxième
série, deuxième année, n° 2, février 1909,
p. 13.
3. Voir Cronicques et Conquestes de
fig. 1. — TÊTE de masse d’armes du musée de la PORTE de HAL. Charlemaine, reproduction des 105 mi-
niatures de Jean Le Tavernier d’Aude-
divers documents reproduits précédemment dans
notre Bulletin ne peuvent laisser aucun doute à cet
égard.
Depuis la publication de cette masse d’armes,
qui semblait un document unique dans notre pays,
une autre pièce du même genre, trouvée à Den-
derwindeke, près de Ninove, entra dans les collec-
tions d’un archéologue bruxellois,M. JeanPoils.qui
nous l’apporta à l’examen. (V. fig. 2.) Cette pièce,
que nous fîmes voir à notre collègue M. de Prelle,
fut publiée par lui dans le numéro du Bulletin de
février dernier (2e série, 2e année, n° 2, page 13).
La tête de masse d’armes de M. Poils présente
avec la nôtre des différences caractéristiques. Notre
tête de masse d’armes, en effet, est munie d’ailes
minces et longues, se terminant en arête tran-
chante, convenant, comme le faisait remarquer
M. de Prelle, pour atteindre la chair à travers les
matelassures gambisonnées dont se garantissaient
les preux sous leur haubert. Cette pièce doit donc
dater du xme siècle vraisemblement, voire encore
du xive siècle. La tête de masse d’armes de
M. Poils ne peut remonter au delà du xv" siècle,
car ses ailes, plus courtes, renflées à leur base, se
terminent en pointe aiguë, bien propre à attaquer
les armures de plates en usage alors. App- à m jean Poils. fig. 2. — tête de masse d’armes.
narde (1460), par J. van den Gheyn, S. J., conser-
vateur des manuscrits de la Bibliothèque royale de Bel-
gique, pl. 35, Bruxelles, Vromant et Cie, 1909.
Le manuscrit — aujourd’hui en trois volumes— de la
Bibliothèque royale, porte les cotes 9066, 9067 et 9068.
sur un manche en bois de 1 m. 20 de long environ ;
cette masse d’armes se complétait par une pointe,
un fer de pique, fixée à l’extrémité du manche. Les