DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS.
21
l’évêque de Clonmacnois reproduite (fig. 42) dans
l’ouvrage de Marg. Stokes. Fort caractéristique
aussi, à cet égard, est le reliquaire appartenant au
trésor de l’église
FIG. 7. — CROSSE EN
BRONZE. TRAVAIL IR-
LANDAIS DJ MUSÉE
d'kdimbourg.
(D’après « Early Chris-
tian art in Ireland»
fig- 39“ •;
Notre - Dame à
Maestricht ; il
figure, page 233,
dans l’ouvrage
de F. Bock et
M. Willemsen,
comme une œuvre d’origine
orientale, alors qu’il devrait être
restitué, sans nul doute, à un
artiste irlandais ou anglo-
saxon
Les entrelacs des petits côtés
sont plus contournés et plus
serrés ; ils ne laissent, pas,
cependant, de constituer un
dessin continu. Ils paraissent,
à première vue, se dérober à
l’analyse, tant ils sont com-
plexes; mais quand on y regarde
de près, on voit très bien
l’étroit ruban se présenter en
saillie ou passer en retrait. Ce
genre de motif a été employé
aussi dans le calice de Tas-
silo, dont nous parlerons plus
loin.
(A suivre.)
J. Destrée.
SOUVENIRS AUTOGRAPHES
DE LA RÉVOLUTION DE 1830.
LE 27 octobre 1830, à 3 heures et demie de
l’après-midi, à la suite de l’attaque de l’arse-
nal d’Anvers par les volontaires de Kessels et de
Millinet, le général Chassé, qui occupait la cita-
delle, ordonna d’ouvrir le feu contre le quartier
Saint-André et de le bombarder.
En même temps les vaisseaux hollandais, qui se
trouvaient en rade devant Anvers et contre les-
quels on avait tiré des coups de fusil, — qui
tuèrent sept hommes, dont deux officiers, et firent
trente-six blessés, — bombardèrent les quais et la
ville. Le bombardement, qui cessa vers 7 heures
et demie du soir, causa la mort de nombreuses
personnes, sans compter les blessés, et provoqua
1 . Antiquités sacrées dans les anciennes collégiales de
Saint-Servais et Noire-Dame. Maestricht, 1873.
l’incendie de l’Entrepôt royal, qui brûla avec les-
marchandises qu’il contenait, valant des millions2.
La canonnade terrible de la flotte sur la ville ne
semble pas avoir effrayé les volontaires de Mellinet
et de Kessels, car, si l’on en croit les mémoires de
Niellon, « avec leurs petites pièces de 6, ils répon-
daient aux bordées des pièces de 24 et de 36 de la
flotte rangée en bataille sur le fleuve, leurs batte-
ries tournées vers la ville ».
Toutefois la présence de cette flotte sur l’Escaut
constituait un danger permanent pour la cause de
la Révolution, qui n’avait aucune frégate de guerre
à lui opposer. Cette situation dut préoccuper les
hommes qui dirigaient le mouvement séparatiste
et ceux qui combattaient alors pour notre indépen-
dance.
Nous n’en voudrions pour preuve qu’un docu-
ment autographe, que nous croyons inédit) et qui
fait partie des collections du Musée de la Perte de
Hal.
C’est une lettre, datée de Boom, le 28 octobre
1830, signée J.-A. Gras 2 3 et adressée au colonel
Fleury-Duray 4, de la Garde urbaine de Bruxelles.
Le signataire de la lettre proposait de trans-
former en brûlots certains vieux bateaux, en les
remplissant de matières inflammables auxquelles
on mettrait le feu : reliés entre eux par des chaînes,
ces bateaux seraient ensuite abandonnés au courant
et porteraient l’incendie au milieu de la flotte
hollandaise.
Nous croyons intéressant pour nos lecteurs de
reproduire intégralement ce document curieux,
dans lequel nous nous bornerons, pour en rendre
la lecture plus commode, à rétablir l’orthographe
et la ponctuation :
Boom, le 28 octobre 1830.
Mon cher Colonel,
Avant que nos braves Belges fussent pénétrés dans la
ville d’Anvers, j’avais songé au feu terrible que l’enne-
mi pouvait déployer devant le port : j’avais pensé que le
meilleur moyen de se garantir de leur artillerie, si les
frégates et autres bâtiments de guerre faisaient feu sur
la ville, c’était d’y envoyer des brûlots, que l’on pouvait
2. Voir C. V. de Bavay, Histoire de la Révolution
belge de 1830, Bruxelles, Bruylant-Christophe & Cie, 1873.
3. Cette lettre porte en marge de la première page
l’indication manuscrite suivante, écrite et paraphée de la
main du colonel Fleury-Duray : « Cette lettre m’était
adressée par M. Gras, ingénieur-constructeur de mon
chantier de constructions navales que j’avais érigé à
Boom, en 1829. » Ainsi qu’il l’indique dans sa lettre,.
M. Gras commandait la Garde urbaine de Boom.
4. Le colonel Fleury-Duray devint plus tard lieute-
nant général, aide de camp du roi Léopold 1er.
21
l’évêque de Clonmacnois reproduite (fig. 42) dans
l’ouvrage de Marg. Stokes. Fort caractéristique
aussi, à cet égard, est le reliquaire appartenant au
trésor de l’église
FIG. 7. — CROSSE EN
BRONZE. TRAVAIL IR-
LANDAIS DJ MUSÉE
d'kdimbourg.
(D’après « Early Chris-
tian art in Ireland»
fig- 39“ •;
Notre - Dame à
Maestricht ; il
figure, page 233,
dans l’ouvrage
de F. Bock et
M. Willemsen,
comme une œuvre d’origine
orientale, alors qu’il devrait être
restitué, sans nul doute, à un
artiste irlandais ou anglo-
saxon
Les entrelacs des petits côtés
sont plus contournés et plus
serrés ; ils ne laissent, pas,
cependant, de constituer un
dessin continu. Ils paraissent,
à première vue, se dérober à
l’analyse, tant ils sont com-
plexes; mais quand on y regarde
de près, on voit très bien
l’étroit ruban se présenter en
saillie ou passer en retrait. Ce
genre de motif a été employé
aussi dans le calice de Tas-
silo, dont nous parlerons plus
loin.
(A suivre.)
J. Destrée.
SOUVENIRS AUTOGRAPHES
DE LA RÉVOLUTION DE 1830.
LE 27 octobre 1830, à 3 heures et demie de
l’après-midi, à la suite de l’attaque de l’arse-
nal d’Anvers par les volontaires de Kessels et de
Millinet, le général Chassé, qui occupait la cita-
delle, ordonna d’ouvrir le feu contre le quartier
Saint-André et de le bombarder.
En même temps les vaisseaux hollandais, qui se
trouvaient en rade devant Anvers et contre les-
quels on avait tiré des coups de fusil, — qui
tuèrent sept hommes, dont deux officiers, et firent
trente-six blessés, — bombardèrent les quais et la
ville. Le bombardement, qui cessa vers 7 heures
et demie du soir, causa la mort de nombreuses
personnes, sans compter les blessés, et provoqua
1 . Antiquités sacrées dans les anciennes collégiales de
Saint-Servais et Noire-Dame. Maestricht, 1873.
l’incendie de l’Entrepôt royal, qui brûla avec les-
marchandises qu’il contenait, valant des millions2.
La canonnade terrible de la flotte sur la ville ne
semble pas avoir effrayé les volontaires de Mellinet
et de Kessels, car, si l’on en croit les mémoires de
Niellon, « avec leurs petites pièces de 6, ils répon-
daient aux bordées des pièces de 24 et de 36 de la
flotte rangée en bataille sur le fleuve, leurs batte-
ries tournées vers la ville ».
Toutefois la présence de cette flotte sur l’Escaut
constituait un danger permanent pour la cause de
la Révolution, qui n’avait aucune frégate de guerre
à lui opposer. Cette situation dut préoccuper les
hommes qui dirigaient le mouvement séparatiste
et ceux qui combattaient alors pour notre indépen-
dance.
Nous n’en voudrions pour preuve qu’un docu-
ment autographe, que nous croyons inédit) et qui
fait partie des collections du Musée de la Perte de
Hal.
C’est une lettre, datée de Boom, le 28 octobre
1830, signée J.-A. Gras 2 3 et adressée au colonel
Fleury-Duray 4, de la Garde urbaine de Bruxelles.
Le signataire de la lettre proposait de trans-
former en brûlots certains vieux bateaux, en les
remplissant de matières inflammables auxquelles
on mettrait le feu : reliés entre eux par des chaînes,
ces bateaux seraient ensuite abandonnés au courant
et porteraient l’incendie au milieu de la flotte
hollandaise.
Nous croyons intéressant pour nos lecteurs de
reproduire intégralement ce document curieux,
dans lequel nous nous bornerons, pour en rendre
la lecture plus commode, à rétablir l’orthographe
et la ponctuation :
Boom, le 28 octobre 1830.
Mon cher Colonel,
Avant que nos braves Belges fussent pénétrés dans la
ville d’Anvers, j’avais songé au feu terrible que l’enne-
mi pouvait déployer devant le port : j’avais pensé que le
meilleur moyen de se garantir de leur artillerie, si les
frégates et autres bâtiments de guerre faisaient feu sur
la ville, c’était d’y envoyer des brûlots, que l’on pouvait
2. Voir C. V. de Bavay, Histoire de la Révolution
belge de 1830, Bruxelles, Bruylant-Christophe & Cie, 1873.
3. Cette lettre porte en marge de la première page
l’indication manuscrite suivante, écrite et paraphée de la
main du colonel Fleury-Duray : « Cette lettre m’était
adressée par M. Gras, ingénieur-constructeur de mon
chantier de constructions navales que j’avais érigé à
Boom, en 1829. » Ainsi qu’il l’indique dans sa lettre,.
M. Gras commandait la Garde urbaine de Boom.
4. Le colonel Fleury-Duray devint plus tard lieute-
nant général, aide de camp du roi Léopold 1er.