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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Hrsg.]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 1910

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No 4 (1910)
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https://doi.org/10.11588/diglit.27143#0039
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DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS.

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nécessairement d’un atelier irlandais, mais qu’elle
présente de fortes influences irlandaises. C’est, à
notre sens, le point capital qui est à retenir. L’art
de la Verte Érin a gagné les autres îles britan-
niques et, avec l’exode de ses missionnaires, sur-
tout au vne et au yme siècle, se répandit sur notre
continent. L’influence
des moines irlandais fut
énorme. Rien de surpre-
nant que les fameux
entrelacs qui dominent
tout leur art se retrou-
vent souvent dans les
manuscrits. Qu’il nous
suffise de citer la Bible
de Godescalc de la Bi-
bliothèque nationale de
Paris, et, en Belgique,
l’évangile d’Eyck beau-
coup plus ancien des
sœurs Harlinde et Re-
linde (vme siècle), con-
servé à Maeseyck L De
leur côté, les orfèvres n’échappèrent pas à ce
courant si puissant.

Qu’il nous soit donc permis de nous arrêter
d’abord à une châsse conservée aujourd’hui au tré-
sor de la cathédrale de Coire. Molinier penche
moins à y voir « une persistance d’anciennes tra-
ditions artistiques, qu’un retour à un style rajeuni
par l’art irlandais et anglo-saxon, qui joua un très
grand rôle dans toute la renaissance carolingienne
et qui, en Suisse particulièrement, eut dans l’ab-
baye de Saint-Gall un actif foyer de propagande.
Cet objet est de forme rectangulaire allongée, ter-
minée par un toit à deux rampants ; le bois est
recouvert sur la face antérieure de groupes d’entre-
lacs formés par des rubans et composant un motif
d’ornement à peu près régulier, au milieu duquel
sont symétriquement placés de gros cabochons
montés dans des bâtes à gouttières. Le revers de la
châsse offre un système de décoration analogue,
mais plus régulier, en ce sens qu’une large bordure
entrelacée contourne un motif unique composé
d’un cercle à quatre segments, quatre rubans striés,
terminés par des têtes de serpents. Aux extrémités
se rencontre la partie la plus caractéristique de
l’ornementation : des poissons accostant une petite
croix, terminés par des entrelacs, puis des oiseaux
grossièrement repoussés, de chaque côté une tige
végétale indiquée d’une façon rudimentaire ».

i. Harlinde et Relinde, filles d’Adalard, seigneur de

Grimaara, fondèrent aux bords de la Meuse le couvent

d’Alden-Eyck, où elles reçurent en 710 le voile des

mains de saint Willibrord et de saint Boniface.

«Ce sont là les motifs qu'on rencontre sur maint
monument de sculpture,surtout en Italie,au vme et
au ixe siècle i. 2. C’est le premier de ces deux siècles
que Molinier adopte pour la châsse de Coire.
A mon sens, Molinier eût pu, dans sa description,
insister davantage sur le décor si caractéristique de

laface et des reversjvoirfig.ç et 10).O11 y remarque,
àcôtédes entrelacs,des palmettes inscrites dans des
ornements ellipsoïdes. M. O. von Falck fait dater,
et avec raison, ce fragment du xie siècle3. C’est appa-
remment la conséquence d’une réfection beaucoup
plus récente. Quant aux entrelacs, ils ont été rap-
prochés des ornementations lombardes qu’on
observe dans les constructions lombardes, tel que le
baptistère de Cividale.

Dans le reliquaire d’Herford, qui offre, lui aussi,
la disposition si fréquente de la bourse ou du coin,
il n’y a pas lieu d’insister sur les gemmes qui jouent
un si grand rôle au point de vue décoratif, mais
sur le motif d’entrelacs qui agrémente le fond 4.
Cette œuvre, qui offre un intérêt considérable,
appartient au Kunstgewerbes Muséum de Berlin ;
elle provient de l’église Saint-Denis à Enger,
près d’Herford, église où fut enseveli Widukind et,
partant, elle est comptée au nombre des présents
que Charlemagne fit en 785 au duc saxon après la
cérémonie de son baptême. •

En fait de châsses, c’est celle de Coire qui offre
le plus d’analogie avec celle d’Andenne ; avec cette
réserve cependant qu’on ne trouve pas dans cette
dernière le moindre emprunt à la faune fantastique
que l’art barbare et irlandais s’est appliqué à culti-
ver (voir fig. 9 et 10). Néanmoins, on n’est pas
autorisé, dans l’état de délabrement de la châsse;

2. E. Molinier, Histoire générale, etc., t. I, p. 75. •—-
L’auteur donne la reproduction d’un petit côté.

3. Illustrierte Geschichte des Kunstgewerbes, t. I.p. 213.

4. Ibidem, t. I, p. 220, fig. 181 et 182.

FIG. 9. - CHASSE DU TRESOR FIG. 10. — CHASSE DU TRESOR

DE COIRE, LONG COTÉ. DE COIRE, LONG COTÉ.

D’après les figures. T. I. Illustrierte Geschichte des Kunstgewerbes von W. Behneke, etc.
 
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