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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Hrsg.]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 1910

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No 4 (1910)
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https://doi.org/10.11588/diglit.27143#0040
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BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX

privée en grande partie de son décor métallique, à
soutenir qu’elle était primitivement dépourvue de
tout élément emprunté à cette faune. En tout cas,
la châsse d’Andenne et celle de Coire ont ceci de
commun qu'elles affectent presque la même forme,
qu’elles ont des décors
d’entrelacs, et qu’elles
sont toutes deux pour-
vues d'une porte à glis-
sière qui ferme le fond.

Il ne serait pas possible
toutefois d’assigner une
origine commune aux
■deux pièces, à savoir
de les faire sortir d'un
même atelier. Elles se
rattachent à une même
tradition continuée sur
le continent par des
artistes irlandais, plus
vraisemblablement par
leurs élèves. C’est la
conviction qu’on ac-
quiert surtout lorsqu'on
■étudie le fameux calice
de Tassilo, conservé à
Kremsmünster.

Ce vase sacré, qui
a om2 5 de haut, porte
la dédicace en capita-
les : Tassilo Dux Partis
Liutpirc virga regalis.

Liutpirc était la fille du
dernier roi Longobard
Desiderius et, par con-
séquent, un rejeton
royal. Le duc de Ba-
vière Tassilo avait fondé
le cloître deKremsmün-
ster en 777. Charlema-
gne lui enleva son pays et sa liberté en 788; par
conséquent, l’exécution du calice ne peut tomber
qu’entre ces deux dates. Pas n’est besoin de faire
une analyse complète de cette œuvre capitale.
Nous ferons cependant observer qu’elle est en cuivre
et parée de décors fortement dorés, lesquels sont
disposés dans des creux ménagés sur les surfaces
extérieures de l’objet. Les entrelacs, disposés dans
des ornements tels que demi-lunes et écoinçons,
ainsi que ceux servant de bordure entre autres aux
médaillons, rappellent les caractères des entrelacs
de la châsse d’Andenne. On remarquera, d’autre
part, que, dans le calice, la figure du Christ bénis-
sant est plutôt conçue d’après les données byzan-
tines et que, par conséquent, elle n'évoque nulle-
ment ces physionomies d’une saveur un peu sau-

vage qu’on voit dans les œuvres exécutées en
Irlande. Quant à l’inscription, elle n’est certes pas
tracée par un des orfèvres de cette île, qui usaient
de caractères tout à fait différents. Ces particula-
rités suffisent à prouver d’abord que l’auteur du

calice de Tassilo n’est
pas un Irlandais et que,
à l'instar de maints en-
lumineurs du conti-
nent, il associait des
motifs irlandais à des
éléments puisés à des
sources diverses.

Cette étude touchait
à sa fin quand j’appris
que M. Brouwers, con-
servateur des archives
de l’État à Namur,
s’était rendu à Andenne
pour examiner les reli-
ques qui avaient été
autrefois déposées dans
la petite châsse. Notre
confrère n avait entrevu
qu'une des inscriptions
qui accompagnent ces
vénérables débris et il
n’hésitait pas à la faire
remonter au IXe siècle.
A la suite de cette
visite, les reliques fu-
rent transmises à l’évê-
ché de Namur ; et,
grâce à l’obligeante in-
tervention de M. le
chanoine Schmidt,
M. Brouwers et moi
fûmes admis à les exa-
miner et à faire le re-
levé des inscriptions.
A première vue, M. Brouwers attribua une ori-
gine étrangère à ces minuscules phylactères ou
parchemins ; vingt-quatre heures après, se ravi-
sant, il m’écrivit qu’il les croyait plutôt originaires
de nos contrées. Sa première hypothèse ne m’avait
pas gagné, et avant même que sa lettre me fût par-
venue, il m’avait été donné, sous la conduite du
R. P. Van den Gheyn, de m’édifier sur leur pro-
venance dans la section des manuscrits. Le savant
conservateur de la Bibliothèque, reprenant à son
tour l’étude de ces inscriptions, a bien voulu nous
remettre les observations suivantes.

« Ces reliques sont au nombre de seize. Enve-
loppées dans d’anciennes étoffes, la plupart
sont accompagnées d’une inscription sur par-
chemin. Deux seulement n’ont plus de phylac-

FIG. II.-CALICE DE TASSILO, DUC DE BAVIÈRE, VIII» SIÈCLE.

D’après l’Illustrierte Geschichte des Kunstgewerbes.
 
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