26 SÉRIE, 36 ANNÉE
PARAISSANT TOUS LES MOIS
N» 7. JUILLET 1910
BULLETIN
DES MUSÉES ROYAUX
DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS
(Antiquités, Industries d'Art, Art monumental et décoratif. Armes et Armures, Ethnographie.)
A BRUXELLES
Ce Bulletin sert d’organe à la Société des Amis des Musées royaux de l’État, à Bruxelles.
Il est distribué gratuitement aux Membres de la Société.
ABONNEMENTS :
Pour la Belgique . . 5 francs. — Pour l’Étranger . . 6 fr. 50 — Le numéro . . 50 centimes.
1
SECTION D'ART MONUMENTAL.
QUELQUES ACQUISITIONS NOUVELLES.
I
LE reclassement de la section d’art monumental,
actuellement en voie d’achèvement, nous a per-
mis de remplacer un certain nombre de reproductions
d’œuvres secondaires par des moulages de sculptures
fort intéressantes à divers titres et qu’il eût été
fâcheux de laisser en magasin.
Parmi ces nouveaux venus, signalons une série de
bustes de personnages célèbres ou simplement notables
du xvne et du xvme siècle.
Voici d’abord, dans la salle XIII, deux œuvres de
Jean Warin, artiste liégeois, né en 1604, mort à Paris
en 1672.
Warin s’établit à Paris à l’âge de 22 ans; c’était un
médailleur d’une habileté si grande, qu’elle ne tarda
pas à lui attirer de sérieux désagréments : des con-
frères jaloux, peu scrupuleux dans le choix des moyens
pour se débarrasser de cet étranger dont ils redou-
taient la concurrence, n’hésitèrent pas à le dénoncer
comme faux monnayeur.
Les poursuites exercées contre Warin, tout en
démontrant son innocence, eurent pour résultat d’at-
tirer sur lui l’attention du cardinal de Richelieu; ce
dernier lui commanda, en 1629, une médaille repro-
duisant au droit le profil du roi Louis XIII; puis,
l’année suivante, une autre médaille à sa propre
effigie.
Le graveur liégeois fit preuve d’un tel talent que le
cardinal-ministre lui conféra le titre de garde et con-
ducteur de la monnaie royale, fonction que Warin
occupa jusqu’à sa mort et dans laquelle lui succéda
son fils, François; ce dernier fut pendant dix ans
« tailleur général des monnaies de France »; il s’étei-
gnit en 1682.'
Jean Warin ne fut pas seulement un habile médail-
leur : il eut un beau talent de sculpteur, comme en
témoignent les deux bustes dont nous exposons les
FIG. I. - N° 2787. LOUIS XIII, PAR JEAN WARIN.
Paris, Musée du Louvre. Bronze.
PARAISSANT TOUS LES MOIS
N» 7. JUILLET 1910
BULLETIN
DES MUSÉES ROYAUX
DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS
(Antiquités, Industries d'Art, Art monumental et décoratif. Armes et Armures, Ethnographie.)
A BRUXELLES
Ce Bulletin sert d’organe à la Société des Amis des Musées royaux de l’État, à Bruxelles.
Il est distribué gratuitement aux Membres de la Société.
ABONNEMENTS :
Pour la Belgique . . 5 francs. — Pour l’Étranger . . 6 fr. 50 — Le numéro . . 50 centimes.
1
SECTION D'ART MONUMENTAL.
QUELQUES ACQUISITIONS NOUVELLES.
I
LE reclassement de la section d’art monumental,
actuellement en voie d’achèvement, nous a per-
mis de remplacer un certain nombre de reproductions
d’œuvres secondaires par des moulages de sculptures
fort intéressantes à divers titres et qu’il eût été
fâcheux de laisser en magasin.
Parmi ces nouveaux venus, signalons une série de
bustes de personnages célèbres ou simplement notables
du xvne et du xvme siècle.
Voici d’abord, dans la salle XIII, deux œuvres de
Jean Warin, artiste liégeois, né en 1604, mort à Paris
en 1672.
Warin s’établit à Paris à l’âge de 22 ans; c’était un
médailleur d’une habileté si grande, qu’elle ne tarda
pas à lui attirer de sérieux désagréments : des con-
frères jaloux, peu scrupuleux dans le choix des moyens
pour se débarrasser de cet étranger dont ils redou-
taient la concurrence, n’hésitèrent pas à le dénoncer
comme faux monnayeur.
Les poursuites exercées contre Warin, tout en
démontrant son innocence, eurent pour résultat d’at-
tirer sur lui l’attention du cardinal de Richelieu; ce
dernier lui commanda, en 1629, une médaille repro-
duisant au droit le profil du roi Louis XIII; puis,
l’année suivante, une autre médaille à sa propre
effigie.
Le graveur liégeois fit preuve d’un tel talent que le
cardinal-ministre lui conféra le titre de garde et con-
ducteur de la monnaie royale, fonction que Warin
occupa jusqu’à sa mort et dans laquelle lui succéda
son fils, François; ce dernier fut pendant dix ans
« tailleur général des monnaies de France »; il s’étei-
gnit en 1682.'
Jean Warin ne fut pas seulement un habile médail-
leur : il eut un beau talent de sculpteur, comme en
témoignent les deux bustes dont nous exposons les
FIG. I. - N° 2787. LOUIS XIII, PAR JEAN WARIN.
Paris, Musée du Louvre. Bronze.