DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS.
53
Gand, Cathédrale Saint-Bavon. Marbre. fig . 6.
tiques et nettement individualisés; mais la compa-
raison des œuvres de ces deux artistes met en évidence
deux tempéraments bien différents : le travail du Lié-
geois est caressé ; les chairs sont tendres, sans mollesse ;
il a scruté et comme extériorisé l’âme de ses modèles.
Le Hollandais, tout aussi sincère, est moins pénétrant ;
son faire est vigoureux, au point de friser parfois la
dureté; si ses portraits rendent le caractère de ses
modèles, c’est parce qu'il le trouve sur leur physio-
nomie ; il ne le cherche pas dans leur âme.
Vanden Bogaert n’en fut pas moins, comme Warin,
une personnalité marquante dont la place était tout
indiquée dans la pléiade d’artistes appelés par le
grand Roi à enrichir de leurs œuvres le somptueux
palais de Versailles.
Très remarquable aussi est le buste de la statue
tombale de l’évêque de Gand, Antoine Triest, par
Jérôme Du Quesnoy (n° 2762).
L’évêque avait commandé son monument funé-
raire à François Du Quesnoy, qui habitait Rome à
cette époque (en 1642) ; l’artiste en traça le projet,
qui fut agréé, et exécuta les deux figures d’enfants
-N1 2762. ANTOINE TRIEST, PAR JÉRÔME DU QUESNOY.
assis aux côtés du sarcophage, l’un tenant un sablier,
l’autre un flambeau renversé (même salle, n03 1978
et 1979).
François quitta l’Italie, atteint déjà de la maladie
à laquelle il devait succomber à Livourne, peu de
jours plus tard. L’exécution du monument fut alors
confiée à son frère, Jérôme Du Quesnoy.
Le défunt est représenté à demi-couché sur le sar-
cophage, accoudé du bras droit sur des coussins, la
main gauche reposant sur le genou; la crosse et la
mitre épiscopales sont à ses pieds; il semble détaché
déjà des choses humaines et plongé dans la médita-
tion des insondables mystères de l’au-delà... Cette
admirable figure, dans laquelle Jérôme Du Quesnoy
n’aurait fait que réaliser la conception de son frère,
suffirait à faire du monument de Triest le plus beau
de ceux qui ornent le chœur de la cathédrale Saint-
Bavon.
Nous ne pouvons terminer cet article sans men-
tionner un sculpteur flamand dont les œuvres sont à
peu près inconnues chez nous, mais qui a beaucoup
travaillé en Italie et dont on peut voir à Paris
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Gand, Cathédrale Saint-Bavon. Marbre. fig . 6.
tiques et nettement individualisés; mais la compa-
raison des œuvres de ces deux artistes met en évidence
deux tempéraments bien différents : le travail du Lié-
geois est caressé ; les chairs sont tendres, sans mollesse ;
il a scruté et comme extériorisé l’âme de ses modèles.
Le Hollandais, tout aussi sincère, est moins pénétrant ;
son faire est vigoureux, au point de friser parfois la
dureté; si ses portraits rendent le caractère de ses
modèles, c’est parce qu'il le trouve sur leur physio-
nomie ; il ne le cherche pas dans leur âme.
Vanden Bogaert n’en fut pas moins, comme Warin,
une personnalité marquante dont la place était tout
indiquée dans la pléiade d’artistes appelés par le
grand Roi à enrichir de leurs œuvres le somptueux
palais de Versailles.
Très remarquable aussi est le buste de la statue
tombale de l’évêque de Gand, Antoine Triest, par
Jérôme Du Quesnoy (n° 2762).
L’évêque avait commandé son monument funé-
raire à François Du Quesnoy, qui habitait Rome à
cette époque (en 1642) ; l’artiste en traça le projet,
qui fut agréé, et exécuta les deux figures d’enfants
-N1 2762. ANTOINE TRIEST, PAR JÉRÔME DU QUESNOY.
assis aux côtés du sarcophage, l’un tenant un sablier,
l’autre un flambeau renversé (même salle, n03 1978
et 1979).
François quitta l’Italie, atteint déjà de la maladie
à laquelle il devait succomber à Livourne, peu de
jours plus tard. L’exécution du monument fut alors
confiée à son frère, Jérôme Du Quesnoy.
Le défunt est représenté à demi-couché sur le sar-
cophage, accoudé du bras droit sur des coussins, la
main gauche reposant sur le genou; la crosse et la
mitre épiscopales sont à ses pieds; il semble détaché
déjà des choses humaines et plongé dans la médita-
tion des insondables mystères de l’au-delà... Cette
admirable figure, dans laquelle Jérôme Du Quesnoy
n’aurait fait que réaliser la conception de son frère,
suffirait à faire du monument de Triest le plus beau
de ceux qui ornent le chœur de la cathédrale Saint-
Bavon.
Nous ne pouvons terminer cet article sans men-
tionner un sculpteur flamand dont les œuvres sont à
peu près inconnues chez nous, mais qui a beaucoup
travaillé en Italie et dont on peut voir à Paris