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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Hrsg.]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 1910

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No 10 (1910)
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https://doi.org/10.11588/diglit.27143#0088
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76

BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX

et humain, dont le dévouement à ses concitoyens
au cours d’une épidémie trouva la mort pour récom-
pense.

Jean de Rotrou fut l’une des belles figures du règne

V; J '

FIG. I. -:N° 2847. JEAN DE ROTROU, PAR CAFFIERI.

(Paris, Comédie Française. — Marbre.)

de Louis XIII. Né à Dreux en 1609, il appartenait à
la noblesse de robe et suivit les traditions pater-
nelles en devenant lieutenant particulier au bailliage
de Dreux, assesseur criminel et commissaire examina-
teur au comté; mais sa vocation le portait au théâtre :
il avait à peine 19 ans lorsqu’il fit représenter sa
première œuvre et ne produisit pas moins de vingt
et une comédies au cours des deux années suivantes.
Ce précurseur de Molière et de Racine — qui ne dédai-
gnèrent pas de lui emprunter les sujets, l’un à’Am-
phitryon, l’autre de la Thébaïde — doué d’un esprit
d’observation très fin, d’une extraordinaire facilité
de travail, d’une charmante ingéniosité d’invention,
mourut à 41 ans, laissant autant d’œuvres qu’un
auteur puisse en produire durant la plus longue
carrière.

Cette intelligence qui illumine le visage de Rotrou,
Caffieri l’a fait briller aussi dans les yeux de son buste
de Jean-Baptiste Rousseau (n° 2848) dont l’original,
en terre cuite, est au Musée national de Versail-

les '; mais ici, le plissement des paupières, la bouche
aux commissures rentrées, la lèvre supérieure imper-
ceptiblement soulevée par un sourire à peine indiqué
mais plein de finesse, en dépit des traits un peu gros
du visage, tout s’accorde à donner à la physiono-
mie l’expression railleuse de l’épigrammatiste. Il y a
de la fierté dans cette raillerie légère et aussi un peu,
semble-t-il, de défi spirituel et nuancé d’une pointe
de dédain. Elle est vraiment pleine d’intérêt, cette
tête du poète lyrique qui, en souvenir peut-être des
leçons de Boileau, cultiva la satire avec assez de suc-
cès pour se créer des ennemis implacables autant que
peu scrupuleux dans le choix de leurs moyens de
vengeance —- mais eut le tort de s’abaisser à se
servir des mêmes armes.

On sait que J.-B. Rousseau, proscrit et aban-
donné, vint à Bruxelles et vécut pendant vingt-huit
ans de la générosité du duc d’Arenberg; il y mourut
en 1741, âgé de 70 ans; ses restes, inhumés dans
l’église des Carmes déchaussés, furent transférés

1. 11 en existe un exemplaire en marbre à la

C om édie-F rançaise.


FIG. 2. - N° 2848. J.-B. ROUSSEAU, PAR CAFFIERI.

(Versailles, Musée national. — Terre cuite.)
 
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