DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS
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pu connaître Lavoisier, son contemporain; ce buste
n’est cependant pas un portrait d’après nature; il
date de 1801, sept ans après que l’illustre homme
de science eut expié sur l’échafaud le crime d’avoir
été fermier général.
Malgré les grandes qualités de cette sculpture,
on ne peut la mettre en parallèle avec les œuvres si
caractéristiques, si puissantes d’expression de Hou-
don et de Caffieri. Jean-Baptiste Stouf fut un sta-
tuaire de talent, mais non un maître. Il entra à l’Aca-
démie en 1785, ayant présenté comme morceau de
réception une statuette, la Mort d’Abel, conservée
au Musée du Louvre.
■j* j*
Voici, pour clôturer cette série, trois bustes de
femmes célèbres — à titres divers — dans l’histoire
de la France au XVIIIe siècle : Mme du Barry
(n° 2840), Madame Elisabeth (n° 2841), Marie-
Antoinette (n° 2845).
Le premier de ces bustes date de 1773; il figura
cette même année à l’Exposition des Beaux-Arts.
La favorite de Louis XV, alors dans tout le rayonne-
ment de sa beauté et de sa puissance, porte haut la
tête; mais son expression n’est pas arrogante; elle
reflète plutôt la frivolité point méchante que lui
attribuent les historiens de l’époque. Les traits du
visage sont d’une grande pureté ; le cou, long etsouple,
supporte avec grâce la masse des cheveux bouclés
qui tombent sur la nuque. Si ce portrait, est ressem-
blant, comme il y a tout lieu de le croire, il faut
reconnaître que la réputation de beauté de la célèbre
comtesse n’a rien d’exagéré, et l’on comprend qu’elle
ait attiré l’attention du galant Louis XV.
Est-ce bien Madame Elisabeth, la sœur dévouée
de Louis XVI, que représente notre buste n° 2840?
Nous y cherchons en vain les traits de famille des
Bourbons, notamment le nez bien connu, auquel ne
ressemble en rien le nez court et légèrement retroussé
de la princesse que nous avons sous les yeux.
Ce buste, dont l’original est un marbre, au Château
de Versailles, est attribué à Augustin Pajou 1
auteur du portrait de Mme du Barry (ce dernier est
au Louvre).
Pajou, prix de Rome à 18 ans, membre de
l’Académie à 30, directeur du Cabinet des Antiques
et membre de l’Institut, fut l’un des sculpteurs les
plus délicats et les plus distingués du xvme siècle;
le Musée du Louvre possède de lui plusieurs bustes et
des groupes parmi lesquels son morceau de récep-
tion à l’Académie : Pluton tenant Cerbère enchaîné,
et son envoi au Salon de 176g : la reine Marie
Leckzinska sous les traits de la Charité — un pur chef-
d’œuvre.
I. Né et mort à Paris, 1730-1809.
FIG. 6. - N° 2845. MARIE-ANTOINETTE, PAR F. LE COMTE.
(Versailles, Musée national. — Marbre.)
Le buste de Marie-Antoinette est de Félix Le Comte 2;
c’est encore un marbre de Versailles ; la signature de
l’artiste est suivie de la date : 1783; la fille de Marie-
Thérèse était alors dans la plénitude de sa beauté et
de sa majesté; hautaine, elle bravait avec mépris les
rancunes et les calomnies qui sapaient la base de son
trône. L’œuvre de Le Comte montre la reine fière
et dédaigneuse, drapée dans le manteau fleurdelisé
de France, portant pour tout joyau le médail-
lon à l’effigie de Louis XVI, suspendu au cou par un
ruban.
Ce buste, d’un caractère un peu officiel, est moins
intime qu’un autre, de Pajou, que possède également
le Musée de Versailles. Ce dernier représente Marie-
Antoinette plus jeune; mais déjà son expression fait
pressentir le caractère téméraire, l’orgueilleuse
obstination qui perdront la reine et hâteront la chute
de la monarchie française.
Henry Rousseau.
2. Né en 1737, mort en 1817.
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pu connaître Lavoisier, son contemporain; ce buste
n’est cependant pas un portrait d’après nature; il
date de 1801, sept ans après que l’illustre homme
de science eut expié sur l’échafaud le crime d’avoir
été fermier général.
Malgré les grandes qualités de cette sculpture,
on ne peut la mettre en parallèle avec les œuvres si
caractéristiques, si puissantes d’expression de Hou-
don et de Caffieri. Jean-Baptiste Stouf fut un sta-
tuaire de talent, mais non un maître. Il entra à l’Aca-
démie en 1785, ayant présenté comme morceau de
réception une statuette, la Mort d’Abel, conservée
au Musée du Louvre.
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Voici, pour clôturer cette série, trois bustes de
femmes célèbres — à titres divers — dans l’histoire
de la France au XVIIIe siècle : Mme du Barry
(n° 2840), Madame Elisabeth (n° 2841), Marie-
Antoinette (n° 2845).
Le premier de ces bustes date de 1773; il figura
cette même année à l’Exposition des Beaux-Arts.
La favorite de Louis XV, alors dans tout le rayonne-
ment de sa beauté et de sa puissance, porte haut la
tête; mais son expression n’est pas arrogante; elle
reflète plutôt la frivolité point méchante que lui
attribuent les historiens de l’époque. Les traits du
visage sont d’une grande pureté ; le cou, long etsouple,
supporte avec grâce la masse des cheveux bouclés
qui tombent sur la nuque. Si ce portrait, est ressem-
blant, comme il y a tout lieu de le croire, il faut
reconnaître que la réputation de beauté de la célèbre
comtesse n’a rien d’exagéré, et l’on comprend qu’elle
ait attiré l’attention du galant Louis XV.
Est-ce bien Madame Elisabeth, la sœur dévouée
de Louis XVI, que représente notre buste n° 2840?
Nous y cherchons en vain les traits de famille des
Bourbons, notamment le nez bien connu, auquel ne
ressemble en rien le nez court et légèrement retroussé
de la princesse que nous avons sous les yeux.
Ce buste, dont l’original est un marbre, au Château
de Versailles, est attribué à Augustin Pajou 1
auteur du portrait de Mme du Barry (ce dernier est
au Louvre).
Pajou, prix de Rome à 18 ans, membre de
l’Académie à 30, directeur du Cabinet des Antiques
et membre de l’Institut, fut l’un des sculpteurs les
plus délicats et les plus distingués du xvme siècle;
le Musée du Louvre possède de lui plusieurs bustes et
des groupes parmi lesquels son morceau de récep-
tion à l’Académie : Pluton tenant Cerbère enchaîné,
et son envoi au Salon de 176g : la reine Marie
Leckzinska sous les traits de la Charité — un pur chef-
d’œuvre.
I. Né et mort à Paris, 1730-1809.
FIG. 6. - N° 2845. MARIE-ANTOINETTE, PAR F. LE COMTE.
(Versailles, Musée national. — Marbre.)
Le buste de Marie-Antoinette est de Félix Le Comte 2;
c’est encore un marbre de Versailles ; la signature de
l’artiste est suivie de la date : 1783; la fille de Marie-
Thérèse était alors dans la plénitude de sa beauté et
de sa majesté; hautaine, elle bravait avec mépris les
rancunes et les calomnies qui sapaient la base de son
trône. L’œuvre de Le Comte montre la reine fière
et dédaigneuse, drapée dans le manteau fleurdelisé
de France, portant pour tout joyau le médail-
lon à l’effigie de Louis XVI, suspendu au cou par un
ruban.
Ce buste, d’un caractère un peu officiel, est moins
intime qu’un autre, de Pajou, que possède également
le Musée de Versailles. Ce dernier représente Marie-
Antoinette plus jeune; mais déjà son expression fait
pressentir le caractère téméraire, l’orgueilleuse
obstination qui perdront la reine et hâteront la chute
de la monarchie française.
Henry Rousseau.
2. Né en 1737, mort en 1817.