DU CINQUANTENAIRE
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rapprochement nous paraît assez rationnel pour
nous permettre de nous y fixer et de considérer
le débat comme clos. En tout cas, s’il se produi-
sait quelque raison ou argument probant, nous
sommes tout disposé à nous laisser convaincre :
nous ne nous lancerons pasflamberge au vent pour
soutenir une opinion devenue peut-être difficile à
défendre et nous déposons nos conclusions :
Dans la terre dite « Cobbège » entre la Meuse
et la route Namur-Liège, il exista vers le xne siècle,
une fabrique de poteries mates ou vernissées, à
pâte rouge ou blanche ou noire. Le four, ou du
moins la partie inférieure du four, sub-
siste encore; il nous reste à l’examiner.
Les terrassiers respectèrent une sorte
d’îlot ou promontoire présentant sur
la plus grande partie de son pourtour
une masse d’argile évidemment cal-
cinée sur place, sans aucun indice de
remaniement. Sur l’avis de M. Rahir
nous fîmes pratiquer une tranchée de
om5o à travers le massif; nous primes
la direction N-S. Or, c’était précisé-
ment la direction du grand arc de
notre four et elle coïncida avec le cen-
drier, le foyer et le grand axe du creu-
set. Notre photographe s’installa dans
le cendrier de sorte que nos docu-
ments se trouvent en parfaite corréla-
tion.
Pénétrons dans la tranchée, en par-
tant du sud. Voici d’abord le cen-
drier (a) de notre croquis (fig. 3), rempli de terre
remaniée, surtout de l’argile fortement mélangée
de cendres de bois, au tact très onctueux. Puis
c’est le foyer (b), sorte de caisse rectangulaire
de om5o à om6o de largeur, de toute la hauteur du
dépôt d’argile ; le fond et les parois sont consti-
tuées par une croûte épaisse de 7 à 8 centimètres,
fortement calcinée, passée a l’état de scorie noire
vitrifiée; et, derrière, l’argile calcinée sur une
épaisseur de 20 à 3o centimètres d’un beau rouge
qui s’atténue peu à peu et disparaît dans la masse
argileuse.
Au fond du foyer, une cloison (c) moins haute
que les parois latérales, séparant le foyer du
creuset, et vitrifiée dans toute son épaisseur. Nous
voici dans le creuset ou peut-être le four même (e)
car nous n’avons trouvé ni débris ni indice de
construction supérieure ; rien non plus qui nous
donnât un renseignement quelconque sur la fer-
meture (le dôme) ou le système de tirage.
Le four est à base ovale, les deux axes mesurant
2m20 et 1^80. Les parois sont légèrement creusées
en forme de cuvette, de sorte que la sole est de
moindres dimensions que le plan supérieur. La
sole primitive repose sur le gravier et elle nous
paraît avoir été établie avec de l’argile malaxée et
fortement tassée en plan horizontal. Plus tard on
en haussa le niveau, à partir du foyer, mais en
plan incliné, jusqu’au petit axe. L’exhaussement
mesure au foyer om20 et descend a o au petit axe.
Cela se fit en étendant sur la sole primitive,
déjà transformée en scorie noire, une couche
de tessons concassés sur laquelle on posa la sole
nouvelle d’areile malaxée et battue
un morceau
su.wanf A) &
cdkl
FIG. 3.
détaché dans la tranchée montrait, bien marquées,
les empreintes des tessons avec lesquels elle avait
été en contact.
Peut-être la nature de l’enduit du four et du
foyer, identique à celle de la seconde sole, incite-
rait-elle à dire que les parois furent aussi exécutées
en placage d’argile ; nous ne serions pas éloigné
de le croire, car il y a une démarcation nette entre
la scorie et l’argile simplement calcinée, indiquant
en quelque sorte par sa propre dégradation de
ton le degré de température qu’elle a subi, mais
il 11’en reste pas moins établi que le four a été
primitivement creusé dans l’argile restée vierge,
sans aucune trace de construction de paroi, de
foyer, de carnau, de voûte ou de cheminée; ni
une pierre, ni une brique ou un fragment qui pût
faire songer à un parement d’assise circulaire ou
à un claveau d’appareillage d’une voûte ou d’un
dôme. Lors de nos recherches, le four était
rempli de terre mélangée de pierres brutes, et de
de rares tessons; nous n’avons non plus rien
rencontré qui pût faire songer à une pièce quel-
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rapprochement nous paraît assez rationnel pour
nous permettre de nous y fixer et de considérer
le débat comme clos. En tout cas, s’il se produi-
sait quelque raison ou argument probant, nous
sommes tout disposé à nous laisser convaincre :
nous ne nous lancerons pasflamberge au vent pour
soutenir une opinion devenue peut-être difficile à
défendre et nous déposons nos conclusions :
Dans la terre dite « Cobbège » entre la Meuse
et la route Namur-Liège, il exista vers le xne siècle,
une fabrique de poteries mates ou vernissées, à
pâte rouge ou blanche ou noire. Le four, ou du
moins la partie inférieure du four, sub-
siste encore; il nous reste à l’examiner.
Les terrassiers respectèrent une sorte
d’îlot ou promontoire présentant sur
la plus grande partie de son pourtour
une masse d’argile évidemment cal-
cinée sur place, sans aucun indice de
remaniement. Sur l’avis de M. Rahir
nous fîmes pratiquer une tranchée de
om5o à travers le massif; nous primes
la direction N-S. Or, c’était précisé-
ment la direction du grand arc de
notre four et elle coïncida avec le cen-
drier, le foyer et le grand axe du creu-
set. Notre photographe s’installa dans
le cendrier de sorte que nos docu-
ments se trouvent en parfaite corréla-
tion.
Pénétrons dans la tranchée, en par-
tant du sud. Voici d’abord le cen-
drier (a) de notre croquis (fig. 3), rempli de terre
remaniée, surtout de l’argile fortement mélangée
de cendres de bois, au tact très onctueux. Puis
c’est le foyer (b), sorte de caisse rectangulaire
de om5o à om6o de largeur, de toute la hauteur du
dépôt d’argile ; le fond et les parois sont consti-
tuées par une croûte épaisse de 7 à 8 centimètres,
fortement calcinée, passée a l’état de scorie noire
vitrifiée; et, derrière, l’argile calcinée sur une
épaisseur de 20 à 3o centimètres d’un beau rouge
qui s’atténue peu à peu et disparaît dans la masse
argileuse.
Au fond du foyer, une cloison (c) moins haute
que les parois latérales, séparant le foyer du
creuset, et vitrifiée dans toute son épaisseur. Nous
voici dans le creuset ou peut-être le four même (e)
car nous n’avons trouvé ni débris ni indice de
construction supérieure ; rien non plus qui nous
donnât un renseignement quelconque sur la fer-
meture (le dôme) ou le système de tirage.
Le four est à base ovale, les deux axes mesurant
2m20 et 1^80. Les parois sont légèrement creusées
en forme de cuvette, de sorte que la sole est de
moindres dimensions que le plan supérieur. La
sole primitive repose sur le gravier et elle nous
paraît avoir été établie avec de l’argile malaxée et
fortement tassée en plan horizontal. Plus tard on
en haussa le niveau, à partir du foyer, mais en
plan incliné, jusqu’au petit axe. L’exhaussement
mesure au foyer om20 et descend a o au petit axe.
Cela se fit en étendant sur la sole primitive,
déjà transformée en scorie noire, une couche
de tessons concassés sur laquelle on posa la sole
nouvelle d’areile malaxée et battue
un morceau
su.wanf A) &
cdkl
FIG. 3.
détaché dans la tranchée montrait, bien marquées,
les empreintes des tessons avec lesquels elle avait
été en contact.
Peut-être la nature de l’enduit du four et du
foyer, identique à celle de la seconde sole, incite-
rait-elle à dire que les parois furent aussi exécutées
en placage d’argile ; nous ne serions pas éloigné
de le croire, car il y a une démarcation nette entre
la scorie et l’argile simplement calcinée, indiquant
en quelque sorte par sa propre dégradation de
ton le degré de température qu’elle a subi, mais
il 11’en reste pas moins établi que le four a été
primitivement creusé dans l’argile restée vierge,
sans aucune trace de construction de paroi, de
foyer, de carnau, de voûte ou de cheminée; ni
une pierre, ni une brique ou un fragment qui pût
faire songer à un parement d’assise circulaire ou
à un claveau d’appareillage d’une voûte ou d’un
dôme. Lors de nos recherches, le four était
rempli de terre mélangée de pierres brutes, et de
de rares tessons; nous n’avons non plus rien
rencontré qui pût faire songer à une pièce quel-