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BULLETIN DES MUSEES ROYAUX
DONS
Les Musées du Cinquantenaire sont entrés en
possession d’un legs de M. Drion, décédé au
Château de Marlagne près Namur, le 7 novembre
1912.
Ce généreux bienfaiteur nous donne i3 vases
et albarelli en faïence italienne, 3 potiches en
vieux Japon, 2 potiches de fabrication chinoise
ainsi que 7 plats, 38 assiettes, 17 tasses avec
MASQUE JAPONAIS : MAMBI.
soucoupes, le tout appartenant à l’époque de
Kien-Long, et un lot de cinq pièces d’argenterie.
Celui-ci consiste en deux flambeaux et un sucrier
de l’époque Louis XVI, en une aiguière et un
bassin de style Louis XIV. Ces deux derniers
objets constituent des œuvres très remarquables
dues à des orfèvres montois et ils seront publiés
prochainement dans le présent Bulletin.
— M. le Dr Bommer, conservateur adjoint de
nos musées nous a fait don d'un masque japonais,
en fer. Les masques de cette espèce se rencon-
trent rarement. Celui-ci représente une tête de
diable et date probablement du xvie siècle.
— Notre collection de broderies blanches s’est
enrichie tout récemment d’un morceau en toile
brodée du xvme siècle. La broderie en question
est du type qu’on appelait à cette époque « brode-
rie de Marseille » et auquel on donne maintenant
le nom de « broderie à la grosse aiguille », à raison
des petites trous dont elle est persemée et qu’on
pratique, en effet, à l’aide d’une forte aiguille. —
C’est au surplus un travail de piqûres sur bour-
rages, dessinant des ramages menus et compliqués
et semé ça et là de réserves de fils tirés. L’ouvrage
est intéressant et ne manquera pas d’attirer
l’attention des amateurs.
Nous adressons tous nos remerciements aux
demoiselles Nypels qui ont bien voulu nous offrir,
outre ce curieux morceau, trois jolis coupons de
délicates dentelles de Binche de la même épo-
que.
— Nous nous occupons de réunir des spéci-
mens de dentelles provenant de nombreux centres
de fabrication, comptant arriver de cette façon à
former une sorte de répertoire en nature qui
permettra de se rendre compte des divers genres
de technique et de les comparer entre eux.
Voulant nous aider dans cette tâche, Monsieur
et Madame de Castella de Delley, qui habitent le
château de Wallenried, près de Fribourg, nous
ont très obligeamment apporté et offert, récem-
ment, cinq échantillons de la dentelle qui se
fabrique en Suisse, à Gruyères.
Bien que la localité doive sa principale renom-
mée à un article tout différent, les dentelles qu’on
y fabrique ont bien aussi leur mérite. Ce sont
des produits modestes, d’un dessin souvent
original, visant à la solidité plus qu’à la finesse,
mais bien faits, du genre passement et d’un
excellent usage pour la grosse lingerie.
L’ancien comté de Neufchâtel dont dépendait
Gruyères a joui d’ailleurs, autrefois, d’une bonne
réputation pour la fabrication des dentelles.
Voici ce qu’en disait Savary au milieu du
xvme siècle : « La fabrique de la dentelle est
» répandue partout dans le comté ; les dentelles
» communes. se travaillent en grande quantité
» dans les montagnes, et il s’en fait un débit
» prodigieux au dehors. On a poussé, dans la
» ville même de Neufchâtel, la perfection de ces
» ouvrages à un degré à pouvoir aller de pair
» à celles de Flandre, pour la beauté, et à les
» surpasser de beaucoup en qualité. »
Nous avons des raisons de croire que l’éloge
était excessif, mais il n’en demeure pas moins
avéré que Neufchâtel fut un centre dentellier
important, qui se perdit presque complètement,
BULLETIN DES MUSEES ROYAUX
DONS
Les Musées du Cinquantenaire sont entrés en
possession d’un legs de M. Drion, décédé au
Château de Marlagne près Namur, le 7 novembre
1912.
Ce généreux bienfaiteur nous donne i3 vases
et albarelli en faïence italienne, 3 potiches en
vieux Japon, 2 potiches de fabrication chinoise
ainsi que 7 plats, 38 assiettes, 17 tasses avec
MASQUE JAPONAIS : MAMBI.
soucoupes, le tout appartenant à l’époque de
Kien-Long, et un lot de cinq pièces d’argenterie.
Celui-ci consiste en deux flambeaux et un sucrier
de l’époque Louis XVI, en une aiguière et un
bassin de style Louis XIV. Ces deux derniers
objets constituent des œuvres très remarquables
dues à des orfèvres montois et ils seront publiés
prochainement dans le présent Bulletin.
— M. le Dr Bommer, conservateur adjoint de
nos musées nous a fait don d'un masque japonais,
en fer. Les masques de cette espèce se rencon-
trent rarement. Celui-ci représente une tête de
diable et date probablement du xvie siècle.
— Notre collection de broderies blanches s’est
enrichie tout récemment d’un morceau en toile
brodée du xvme siècle. La broderie en question
est du type qu’on appelait à cette époque « brode-
rie de Marseille » et auquel on donne maintenant
le nom de « broderie à la grosse aiguille », à raison
des petites trous dont elle est persemée et qu’on
pratique, en effet, à l’aide d’une forte aiguille. —
C’est au surplus un travail de piqûres sur bour-
rages, dessinant des ramages menus et compliqués
et semé ça et là de réserves de fils tirés. L’ouvrage
est intéressant et ne manquera pas d’attirer
l’attention des amateurs.
Nous adressons tous nos remerciements aux
demoiselles Nypels qui ont bien voulu nous offrir,
outre ce curieux morceau, trois jolis coupons de
délicates dentelles de Binche de la même épo-
que.
— Nous nous occupons de réunir des spéci-
mens de dentelles provenant de nombreux centres
de fabrication, comptant arriver de cette façon à
former une sorte de répertoire en nature qui
permettra de se rendre compte des divers genres
de technique et de les comparer entre eux.
Voulant nous aider dans cette tâche, Monsieur
et Madame de Castella de Delley, qui habitent le
château de Wallenried, près de Fribourg, nous
ont très obligeamment apporté et offert, récem-
ment, cinq échantillons de la dentelle qui se
fabrique en Suisse, à Gruyères.
Bien que la localité doive sa principale renom-
mée à un article tout différent, les dentelles qu’on
y fabrique ont bien aussi leur mérite. Ce sont
des produits modestes, d’un dessin souvent
original, visant à la solidité plus qu’à la finesse,
mais bien faits, du genre passement et d’un
excellent usage pour la grosse lingerie.
L’ancien comté de Neufchâtel dont dépendait
Gruyères a joui d’ailleurs, autrefois, d’une bonne
réputation pour la fabrication des dentelles.
Voici ce qu’en disait Savary au milieu du
xvme siècle : « La fabrique de la dentelle est
» répandue partout dans le comté ; les dentelles
» communes. se travaillent en grande quantité
» dans les montagnes, et il s’en fait un débit
» prodigieux au dehors. On a poussé, dans la
» ville même de Neufchâtel, la perfection de ces
» ouvrages à un degré à pouvoir aller de pair
» à celles de Flandre, pour la beauté, et à les
» surpasser de beaucoup en qualité. »
Nous avons des raisons de croire que l’éloge
était excessif, mais il n’en demeure pas moins
avéré que Neufchâtel fut un centre dentellier
important, qui se perdit presque complètement,