Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Musées Royaux du Cinquantenaire [Editor]
Bulletin des Musées Royaux du Cinquantenaire — 13.1914

DOI issue:
No 3 (Mars 1914)
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24679#0032
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
24

BULLETIN DES MUSEES ROYAUX

La reproduction que nous donnons de ce pis-
tolet (fig. 7) permet de reconnaître qu'il présente,
avec quelques différences (i5), de grandes analo-
gies avec nos autres pistolets de Ripoll.

Sa platine est une platine à la catalane qu’on
rencontre sur les pistolets de Ripoll. La forme de
sa monture rappelle, mais en plus grand, celle de
nos autres montures de pistolets de Ripoll.

Le décor est là, par dessus le compte, pour
aider à la détermination. Ici, la monture est
entièrement recouverte de plaques de laiton,
gravées de rosaces et de rinceaux encadrant de
ces représentations d’oiseaux qui sont caracté-
ristiques du décor des pistolets de Ripoll. Quant
au canon, et cela aurait dù suffire à écarter toute
attribution orientale, il porte, à gauche, une fleur
de lis, que nous avons vu figurer déjà dans le
poinçon de Ripoll.

Après avoir restitué aux ateliers de Ripoll et ce
dernier pistolet soit-disant turc (16), et nos deux
paires de pistolets dont l’une était classée parmi
les armes turques et l’autre était attribuée — ce
qui était mieux — à l’Espagne ou au Portugal,
nous allons essayer de déterminer la signification
du mot « Angver » qui figure sur la platine
d’un de nos pistolets n° 117 (série IX).

La façon dont il est gravé, d’une manière assez
négligée, semblerait faire croire, à première vue,
que ce mot a été insculpté après coup et pourrait,
peut-être alors, comme c’est parfois le cas, se
rapporter au possesseur de l’arme.

Mais il est à remarquer que cet aspect de
l’inscription lui a été donné par un nettoyage
exagéré du corps de platine. Et c’est tellement vrai
que la platine du second pistolet de notre paire
n° 117 (série IX) qui a été encore plus nettoyée,
ne montre plus que des traces de l’inscription qui
y figurait également. Toutefois on peut encore
distinguer, sur la platine de ce pistolet, — et cela
n’avait pas été remarqué jusqu’ici — et une let-
tre A commençant l’inscription et la lettre R la
terminant.

Nous signalerons également, du reste, qu’il
existe dans les collections d’armes du château de
Windsor un pistolet à silex (voir fig. 8) que le
catalogue (17) donne comme espagnol, sans plus,

verte de plaques de cuivre gravé, ornées de rinceaux et de
rosaces. Crosse et pommeau de forme européenne du
xvme siècle (1795)».

( 15) La sous-garde, en laiton, du type courant, nous
paraît avoir été rapportée.

(16) Ce pistolet porte aujourd’hui le n° iz5, série IX.

(17) Cf. Guy Francis Laking, The Armoury of Windsor
Castle, p. 144 (n° 363) et planche 22 (n° 363) ; Londres, 1904.

et qui, sauf sa crosse, est semblable, par tous ses
détails et son décor, à nos pistolets n° 117
(série IX). C’est également un pistolet de Ripoll.

D’après le catalogue, ce pistolet de Windsor
porte comme signature le nom Armangvr et, sur
soncouvre-bassinet, la date 1693, nom et millésime
qui sont à rapprocher du nom Angver et de la date
1696 figurant sur un de nos pistolets de Ripoll.

Mais nous ferons remarquer que, sur nos
pistolets n° 117 (série IX), si les lettres termi-
nales R sont sensiblement placées au même
endroit sur les deux platines, toutefois sur la pla-
tine la plus nettoyée, la lettre A se trouve placée
plus près du pied du chien que sur la platine où
figure le mot Angver. Dans ces conditions les
deux signatures se trouvent être incomplètes ;
mais, grâce au pistolet de Windsor, nous pouvons
les compléter. Et la signature de nos pistolets
doit se lire Armangver, d’autant plus que sur
notre platine la plus nettoyée, on peut, à la loupe,
retrouver à côté de la lettre A qui commence la
signature, la partie supérieure de la lettre R qui
y fait suite.

Le nom d’Armangver se retrouve également
sur un poinçon (n° 201) du catalogue de l’an-
cienne collection Estruch, de Barcelone.

Lui autre poinçon (n° 213) de cette collection
reproduit le nom d'Angel Ats figurant sur les
fusils turcs de l’Armeria de Madrid. Mais, dans
le poinçon de la collection Estruch, le nom est
gravé de la manière suivante : Ang Ats, ce dernier
nom étant placé sous le premier.

Ces noms à’Armangvr (collection de Windsor)
ou d'Armangver (Musée de la Porte de Hal et
ancienne collection Estruch), inscrits sur des
pistolets de Ripoll, tout comme le nom d’Angel
Ats (Armeria de Madrid et ancienne collection
Estruch) et celui d’Elias (Musée d’Artillerie de
Madrid), sont des noms à désinence bien catalane.
Ces divers noms se rapportent à des arquebu-
siers de Ripoll.

Il y aurait bien d'autres choses à dire sur ces
pistolets de Ripoll et, en faisant connaître les
particularités mentionnées ci-dessus, nous n’avons
entendu nullement épuiser la matière. En écri-
vant cette notice, née à l’occasion des remanie-
ments que nous faisons subir actuellement à notre
série d’armes orientales, notre but a été, tout en
restituant à Ripoll, comme il convenait, cinq des
pièces de nos collections, d’appeler davantage
l’attention sur les ateliers, assez méconnus jusqu’à
présent, de cette localité armurière, jadis fort
importante.

G. Macoir.
 
Annotationen