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E. BLOCHET

la fin de la période primitive, et à laquelle les peintres de l’école inongole commen-
çaientà manierle pinceau, il convient de remarquer qu’il fut exécuté dans une contrée,
le pays de Roum, qui, comme je l’ai dit au commencement de cet article, était très
en retard sur le reste de l’Iran, et qui était tiraillée, à tous les points de vue, entre la
Perse musulmane et l’empire grec chrétien, si bien qu’on peut se demander quelque-
fois si les sultans seldjoukides, qui régnaient sur cette marche lointaine de l’Iran, ou
de l’empire byzantin, selon le point de vue auquel on se place, étaient de mauvais
Musulmans tendant au Christianisme, ou déjà des Chrétiens levantins, à demi islami-
sés, à demi nazaréens, à la limite de deux apostasies.

Quelques-unes de ces œuvres inspiréesde l’hellénisme, et pas du meilleur hellénisme,
malheureusement, ont survécu dans l’Iran aux calamités qu’y déchaîna la tempête mon-
gole, au milieu de laquelle il n’est pas exagéré de dire que presque toute la Perse
ancienne a disparu, art et littérature, et on remarque leur influence très marquée dans
des peintures exécutées à une époqne beaucôup plus basse, telles celles du Livre de
l'Ascension au ciel cle Mahomet, qui fut exécuté à Hérat en 1436.

II est intéressant de retrouver sous les primitifs persans, au moins sous une partie
d’entre eux, des prototypes byzantins, dernière déformation de l’art classique, tout
comme on les retrouve sous les primitifs italiens des écoles de Florence et de Venise.

II est assez difficile de fixer d’une façon absolue la date qui vit la fin de la période
primitive, et à laquelle commencèrenL en Perse les écoles de l’époque mongole, mais
elle se place vraisemblablement vers la seconde moitié du xm e siècle 1 ; les très rares
manuscrits qui nous font connaître l’art de cette époque sont de l’extrême fin du
xni e siècle et du commencement du xiv°, l’un d’eux a même été recopié en 1422,
sous le règne de Shah Ilokh, mais la facture des peintures qu’ils conLiennent est défi-
nitivement arrêtée et très nette, ce qui prouve qu’à cette époque, l’art des écoles
mongoles avait déjà derrière lui une période qui ne peut être très longue, quarante ou
cinquante années au maximum, mais qui lui avait suffi pour se constituer et pour éla-
borer ses normes.

L’arrivée des Mongols en Perse provoqua dans ce pays une singulière renaissance de
l’art, en y faisant pénétrerdes éléments complètement nouveaux, et quiy seraient restés
ignorés, si des princes issus de Tchinkkiz n’étaient pas venus régner dans l’Azerbeïdjan.
Les Mongols étaient, comme on le sait par leur historien, Rashid ed-Din, tributaires
des Chinois 2 pour tout ce qui dépassait les besoins immédiats de la vie, et ils étaienl

1. Quand Tchinkkiz eut évacué la Perse, son flls Tchoutchi laissa dans le Kharizm un g-énéral nommé Tchin-
témour, qui reçut l’ordre de suivre le noyan Tchourmaghoun dans le Khorasan. Tchintémour resta comme
gouverneur dans ce pays, avec quatre collègues. En 1233, Ougédeï nomma Tchintémour gouverneur
du Khorasan et du Mazencléran, en lui associant Keulboulad; Tchintémour mourut en 1235, et il eut pour
successeur Nausal, puis l’ouïghour Keurgueuz. Cette époque est très troublée, militairement et politi-
quement, et il est assez douteux que les ai'ts aient pu fleurir dans un tel gâchis. Sous le gouvernement
d’Arghoun Agha, nommé en 1243, la Perse retrouva un peu de tranquillité, mais ce ne fut guère que lorsque
le prince mongol Houlagou fut arrivé dans ce pays, en 1256, pour y régner à la place des généraux qui le
gouvernaient fort mal, que la puissance mongole fut défmitivement établie dans l’Iran.

2. LesMongols, comme les tribus turkes, auxquelles ils succédèrent dans la souveraineté de l’Asie centrale.
 
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