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Société Française de Reproductions de Manuscrits à Peintures [Hrsg.]
Bulletin de la Société Française de Reproductions de Manuscrits à Peintures — 1.1911

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Blochet, Edgar: La peinture en Perse
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https://doi.org/10.11588/diglit.31472#0057
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LA PEINTURE EN PERSE

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entourés d’artistes et d’ouvriers d’art chinois. Le prince Houlagou en amena avec lui
en Perse, et l’on sait par Rashid ed-Din que les livres illustrés en Chine, les chro-
niques chinoises elles-mêmes, étaient couramment apportés en Perse et qu’il avait
fait copier dans son liistoire des Mongols une peinture chinoise qui représentait le
palais que Khoubilaï, le grand khan de Marco Polo, s’était fait construire à Daï-dou.
Toutefois, la facture des artistes chinois est beaucoup moins distincte dans les
manuscrits qui remontent à cette époque, l’histoire de la conquête du monde de Djou-
veïni (ms. suppl. persan 205), l’histoire des Mongols de la Bibliothèque nationale
(Suppl. persan 1113), et le fragment très incomplet qui en est conservé à la Royal
Asiatic Society de Londres, sauf dans l’histoire de la Chine, que dans les peintures des
écoles qui succédèrent à celles de la période mongole, celles des fimourides du Ivhorasan
et des Uzbeks de la Transoxiane, qui furent les successeurs politiques des Timourides.

Les peintures de l’époque mongole sont caractérisées principalement par une
recherche scrupuleuse de la réalité, par la reproduction presque photographique des
personnages qui sont représentés et des accessoires dont îls s entouraient, au point qu en
feuilletant l’histoire des Mongols de Rashid ed-Din conservée à la Bibliothèque natio-
nale, ou le fragment de la Royal x\siatic Society, on ressent l’impression très nette que
les artistes quilesont exécutées n’ont pas cherché àfaire une œuvre personnelle, mais à
transmettre aux hommes qui vivraient après eux une image fidèle de la cour de leurs
souverains et des soldats qui défendaient leur trône. La facture de ces œuvres, qui ont un
intérêt documentaire tout à fait exceptionnel, puisqu’elles nous permettent d’évoquer
facilement un jDassé dont nous ne connaîtrions rien sans elles, de voir passer devant
nos yeux ces cavaliers bardés de fer que le destin, plutôt que Tchinkkiz, avait lancés à
la conquête du monde, est inférieure au point de vue technique à celle des peintures
des écoles des Timourides et des Séfévis, mais elles ont sur elles l’immense supériorité
de n’admettre aucune convention et de ne laisser aucune place à l’imagination de l’ar-
tiste.

II existe dans l’art de la Perse, comme dans sa littérature, une lacune profonde de
plus d’un siècle, qui fut causée par l’anarchie politique qui vit s’écrouler l’empire des
Mongols de la Perse, et au milieu de laquelle les princes timourides arrivèrent à la sou-
veraineté de l’Iran.

Cette troisième période de l’histoire de l’art de la Perse, en y joignant les écoles qui

avaient une civilisation des plus rudimentaires, et tout ce qui représentait quelque complexité d’idée était
emprunté aux Chinois, comme le fait est d’ailleurs très log-ique. Àu commencement du vm e siècle, un prince
turk, Kultégin, étant mort, son frère Bilgâ envoya demander à l’empereur de la Chine de lui envoyer des
artistes pour lui élever un tombeau et pour le décorer de peintures murales. On sait par Ibn al-Athir que les
conquérants arabes trouvèrent à Kesh, en 7S1 de notre ère, des vases d’or chinois ornés de gravures merveil-
leuses, et l’auteur d’une histoire des Timourides nous apprend que, vers la moitié du xv e siècle, Ouloug Beg,
souverain de Samarkande, fit apporter de Chine, morceaux par morceaux, un pavillon de porcelaine qui fut
remonté à la porte de sa capitale. II ne faut pas attribuer à la civilisation des Turks d’Asie centrale une impor-
tance mondiale qu’elle n’a jamais eue, nireplacer, comme on le fit assez maladroitement au xvm' siècle, le ber-
ceau des sciences dans l’inféconde Tartarie. Ce sont là des rcveries.
 
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