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Société Française de Reproductions de Manuscrits à Peintures [Hrsg.]
Bulletin de la Société Française de Reproductions de Manuscrits à Peintures — 3.1913

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Picot, Émile: Le cerf allégorique dans les tapisseries et les miniatures
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https://doi.org/10.11588/diglit.36647#0072
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58

LE CERF ALLÉGORIQUE DANS LES TAPISSERIES ET LES MINIATURES

Les deux frères Guillaume et Guy de Baudereuil, ou Baudreuil, furent successive-
ment abbés commendataires de l'abbaye de Saint-Martin-au-Bois (diocèse de Beauvais) *.
Guillaume, d'abord prieur de Montgeai, n'avait que 24 ans en 1473, quand il obtint la
commende de Saint-Martin. Il résigna, en 1492, en faveur de Guy, son frère cadet.
Guy, qui était licencié en droit civil, bachelier en droit canon, et se qualifiait avocat au
parlement de Paris, était un homme cultivé, un ami des arts. Ce fut probablement lui
qui eut l'idée de décorer son abbatiale de tentures symbolisant les luttes que l'homme
doit soutenir pendant sa vie. Ces tentures nous ont été fort heureusement conservées.
Elles font partie de la collection de M. de Kermaingant, qui a bien voulu nous autoriser
à en donner la reproduction. Ce sont cinq panneaux, de petites dimensions (haut, de
90 à 95 cent. ; larg. de 75 à 80 cent.), qui ont du orner la chambre de l'abbé. Le cin-
quième panneau porte à la partie supérieure les armes de Baudreuil, écartelées de celles
de l'abbaye de Saint-Martin. Suivant l'usage du temps, les ligures allégoriques sont
accompagnées de leurs noms en toutes lettres.
Le premier tableau (PI. LI) nous montre le cerf sortant d'un buisson, poursuivi par le
limier Jeunesse que Nature lance contre lui. On lit au-dessous ce huitain :
Gy voiez le buisson d'enfance,
Ou Nature son chemin dresse,
Et te cerf fragille hors tance
Avec son beau timyer Jeunesse,
[Q]ui te met sus et pas ne cesse
D'avoir de t'aproucher envie ;
[Par quoy] en repos ne te laisse .
Es bois de transitoire vie.
Dans le second panneau (PL LII) on voit le cerf poursuivi par deux dames : Ignorance
et Vanité, et par trois chiens : Oultrecuidance, Ilaste et Vouloir. On lit au-dessous :
Les chiens que tenoit acouplez
Dedans le bois dame Ignorance
Après te Cerf a descouplez ;
C'est Vouloir, Haste, Oultrecuidance,
Qui, plains de mondaine plaisance,
Luy font maint sault de travers faire,
Et lors Vanité si s'avance
De corner comme elle scet faire.
Au troisième tableau (PI. LIII) la chasse est menée par Viellesse, qu'accompagne un
équipage composé d'Aage, Doubtance, Pesanteur, Ennuy, Soucy, Chault, Froit, Peine.
Le huitain est ainsi conçu :
Puis l'assault Viellesse contraire,
Qui le fait hors du lac saillir,

I. GaMt'a c/trtslt'a?ra, IX, col. 829.
 
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