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Picot, Émile: Le cerf allégorique dans les tapisseries et les miniatures
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LE CERF ALLÉGORIQUE DANS LES TAPISSERIES ET LES MINIATURES
59
Et luy lasche Peine et Do[ubtance],
Chautt et Froit, et [puis] fait venir
Soucy, Ennuy pour ]e tenir;
Et Aage a la chere ridee
Et Pesanteur le font fouyr
Devers Maladie la doubtee.
Dans le quatrième panneau (PL LIV) on voit le Cerf attaqué et déchiré par les chiens
Peine, Ennuy, Pesanteur, Chauit, Soucy, Aage, Froit et Doubtance, en même temps
que Maladie le perce de son épieu. A l'arrière-plan, la Mort sonne l'hallali. On lit au-des-
sous :
Voy le veneur espoventable
Qui la mort du Cerf a emprise ;
C'est Maladie, la doubtable,
De qui la charongne est sourprise ;
Elle luy fait forte entreprise,
Car de l'espieu le coup lui donne ;
Après, la Mort vient corner prise,
Ainsi que le temps si l'ordonne.
La chambre à laquelle la tenture était destinée devait être petite; aussi le cinquième
et dernier panneau (PI. LV) contient-il douze vers au lieu d'un huitain. Il n'est décoré
que d'un personnage, sans doute l'acteur, c'est-à-dire le poète, qui résume le sens de ces
moralités :
Gens de briefve duree mondaine,
Qu'a chasse mortelle et soubdaine
[Estes] comme cerf asservis,
Considérez la vie humaine
Et la hn ou elle vous maine
Et les metz dont serez servis.
Alors que serez desservis
De Jeunesse et aurez advis,
Advisez a tel propoz prendre
Que, quant serez de Mort ravis,
Et les vers seront au corps vifz,
Que puissions a Dieu l ame rendre ^.
L'inscription est surmontée des armes de l'abhé, lesquelles se lisent ainsi : aux 1°' et 4"
fascés d'azur et d'argent de quatre pièces, les fasces d'azur chargées de trois couronnes
d'or, et les fasces d'argent chargées de trois cœurs de gueules couronnés de même : 2
et 1, qui estBaudreuil ; aux 2" et 3^ d'hermines, à la fasce d'azur semée de Heurs de lis
d'or, qui est Saint-Martin. L'escu est timbré d'une crosse abbatiale.
1. Les tapisseries que possède M. de Kermaingant ont été décrites par Eugène Müntz, qui a donné la repro-
duction de deux sujets dans Les Leiiresef les Aris, 1.111 (1886), p. 215, et par M. J.-J. Guiffrey, dans Les Tapis-
series du AIL" à la /in du AVI" siècle, p. 196. Elles ont figuré en mai 1913, à l'Exposition d'objets d'art du Moyen
Age et de la Renaissance organisée par M"*° la marquise de Ganay. M. Seymour de Ricci en a donné dans le
Catalogue (n°s 333-337) une nouvelle description.
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Et luy lasche Peine et Do[ubtance],
Chautt et Froit, et [puis] fait venir
Soucy, Ennuy pour ]e tenir;
Et Aage a la chere ridee
Et Pesanteur le font fouyr
Devers Maladie la doubtee.
Dans le quatrième panneau (PL LIV) on voit le Cerf attaqué et déchiré par les chiens
Peine, Ennuy, Pesanteur, Chauit, Soucy, Aage, Froit et Doubtance, en même temps
que Maladie le perce de son épieu. A l'arrière-plan, la Mort sonne l'hallali. On lit au-des-
sous :
Voy le veneur espoventable
Qui la mort du Cerf a emprise ;
C'est Maladie, la doubtable,
De qui la charongne est sourprise ;
Elle luy fait forte entreprise,
Car de l'espieu le coup lui donne ;
Après, la Mort vient corner prise,
Ainsi que le temps si l'ordonne.
La chambre à laquelle la tenture était destinée devait être petite; aussi le cinquième
et dernier panneau (PI. LV) contient-il douze vers au lieu d'un huitain. Il n'est décoré
que d'un personnage, sans doute l'acteur, c'est-à-dire le poète, qui résume le sens de ces
moralités :
Gens de briefve duree mondaine,
Qu'a chasse mortelle et soubdaine
[Estes] comme cerf asservis,
Considérez la vie humaine
Et la hn ou elle vous maine
Et les metz dont serez servis.
Alors que serez desservis
De Jeunesse et aurez advis,
Advisez a tel propoz prendre
Que, quant serez de Mort ravis,
Et les vers seront au corps vifz,
Que puissions a Dieu l ame rendre ^.
L'inscription est surmontée des armes de l'abhé, lesquelles se lisent ainsi : aux 1°' et 4"
fascés d'azur et d'argent de quatre pièces, les fasces d'azur chargées de trois couronnes
d'or, et les fasces d'argent chargées de trois cœurs de gueules couronnés de même : 2
et 1, qui estBaudreuil ; aux 2" et 3^ d'hermines, à la fasce d'azur semée de Heurs de lis
d'or, qui est Saint-Martin. L'escu est timbré d'une crosse abbatiale.
1. Les tapisseries que possède M. de Kermaingant ont été décrites par Eugène Müntz, qui a donné la repro-
duction de deux sujets dans Les Leiiresef les Aris, 1.111 (1886), p. 215, et par M. J.-J. Guiffrey, dans Les Tapis-
series du AIL" à la /in du AVI" siècle, p. 196. Elles ont figuré en mai 1913, à l'Exposition d'objets d'art du Moyen
Age et de la Renaissance organisée par M"*° la marquise de Ganay. M. Seymour de Ricci en a donné dans le
Catalogue (n°s 333-337) une nouvelle description.