Overview
Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La chronique des arts et de la curiosité — 1870

DOI issue:
Nr. 7 (13 Février)
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.26662#0032
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
26

CHRONIQUE DES ARTS-

de Naples, de Venise, de Milan, de Parme,
de Bologne, regorgent de richesses. C’est là
que se trouvent notamment les chefs-d’œu-
vre de la primitive école italienne, qui ont
été distraits des églises pour faire place à
des cadres tout neufs, et que les collection-
neurs de l’Europe ont longtemps dédaignés
comme étant les productions d’un art dans
l’enfance.

Vous l’avouerai-je? les vieux maîtres du
xve siècle m’ont ému et charmé bien plus
vivement que les artistes puissants du siècle
de Léon X. Us ont une délicatesse, une
grâce, unepoésie exquise. Ils sont naïfs, par-
fois même un peu bizarres dans leurs com-
positions ; mais cette naïveté a quelque
chose de touchant ; cette bizarrerie tranche
sur la banalité de la plupart des peintures
religieuses des époques suivantes. Ils pré-
sentent des gaucheries de dessin, des incor-
rections si l’on veut; mais comme ces dé-
fauts sont rachetés par la finesse et la lim-
pidité du coloris, par la sincérité de l’ex-
pression et l’individualité du masque dans
les figures dont ils ont voulu faire des por-
traits ! Et quelle vérité de rendu dans les
accessoires, dans les meubles, les étoffés,
les bijoux ! Quelle variété, quelle richesse
dans les costumes, empruntés d’ordinaire
aux contemporains, mais tout aussi admis-
sibles et bien autrement intéressants que les
draperies conventionnelles de l’école clas-
sique !

— Mais, dira-t-on, le style, l’élégance des
contours, la noblesse des attitudes, la beauté
des formes, toutes ces qualités que portèrent
si loin et si haut les maîtres du xvie siècle
et qui constituent, en définitive, l’excellence
de l’art, les trouve-t-on chez les peintres
italiens du xve?

— 11 y a un mois, une pareille question
m’aurait fait sourire. Aujourd’hui, je ré-
ponds hardiment : oui. Oui, il y a des têtes du
Pérugin aussi suaves, aussi pures, aussi belles
que celles de son illustre élève. Oui, il y a telles
figures de Mantegna, de Masaccio, qui paraî-
traient nobles et imposantes à côté des figu-
res même de Michel-Ange. Pour la finesse
et la beauté du modelé, je pourrais citer
Bellini, le Francia, et encore Masaccio; pour
l’élégance des tournures, le Pinturicchio,

Luca Signorelli_ et Benozzo Gozolli, si

étonnant, si admirable dans ses fresques du
Campo-Santo de Pise.

Voulez-vous que je vous dise toute ma
pensée ?

Les maîtres du xve siècle ont en germe la
plupart des qualités que leurs successeurs
ont développées avec tant de force et sou-
' vent avec tant d’exagération. Ils sont moins
épanouis, moins brillants, mais ils ont plus
de douceur, de tendresse, de recueillement.
A la rose étalant orgueilleusement ses pé-
tales et répandant des senteurs qui enivrent,
je préfère le bouton qui s’entr’ouvre timide-
ment et dégage le plus suave des parfums.

Ce n’est pas tout. Avec le xve siècle finit
véritablement la peinture chrétienne. L’école
de Michel-Ange, l’école de Raphaël sont des
écoles païennes : dans leur admiration si
légitime pour les marbres antiques, elles
perdent complètement de vue l’idée reli-
gieuse; elles transforment les légendes du
christianisme en légendes mythologiques ;
elles abandonnent le symbolisme du moyen
âge pour ressusciter l’allégorie gréco-ro-
maine; elles continuent à puiser les titres
de leurs compositions dans les textes sacrés,
mais c’est aux poètes profanes qu’elles de-
mandent leurs inspirations.

Il est sorti de là un art hybride qui a
charmé l’imagination par la richesse de ses
conceptions, qui a séduit les yeux par la va-
riété et le pittoresque de ses combinaisons,
(jui a exalté et réalisé la beauté sous toutes
ses formes, mais qui est resté sans empire
sur les âmes parce qu’il ne correspond à
aucun sentiment profond du cœur humain,
qu’il manque de sincérité, qu’il n’a d’autre
foi que la foi dans la matière.

Certes, la beauté est une divinité qui en
vaut bien une autre. J’accorde même que
c’est la première à laquelle l’artiste doive
rendre hommage. Mais, quelque parfaite
que soit, dans une œuvre d’art, l’imitation,
l’interprétation du beau, cette œuvre ne me
laissera qu’une impression passagère si, sous
la forme, je ne trouve pas un sujet qui donne
satisfaction à mon amour du wm et du bon.

Je pardonnerais volontiers aux artistes de la
seconde renaissance italienne d’avoir fait ta-
ble rase des sentiments mystiques exprimés
avec tant d’ingénuité par leurs devanciers,
si, à la place, ils avaient mis des idées mo-
dernes; s’ils avaient traduit les aspirations
de leurs contemporains ; si, comme Rem-
brandt par exemple, ils avaient mis en scène
l’humanité vivante. Mais ils ont mieux aimé
exhumer des mythologiades auxquelles la
société moderne ne pouvait qu’être indiffé-
rente et qui, je le crains bien, n’avaient
d’autre mérite à leurs propres yeux que de
fournir un prétexte à l’exhibition de nudi-
tés splendides où excelle leur pinceau sa-
vant.

Voilà pourquoi je me sens plus entraîné
vers les peintres du xve siècle : eux, du
moins, ont exprimé des convictions. Ils con-
naissaient et aimaient déjà l’antiquité pour-
tant ; mais aux chefs-d’œuvre de Fart païen
ils n’avaient emprunté qu’un dessin plus
pur, une plus grande souplesse dans les
formes, une élégance plus raffinée dans l’a-
justement des costumes.

On est stupéfait en parcourant les églises,
les couvents et les musées d’Italie, de voir
combien -furent nombreux et vaillants les
vieux maîtres de l’époque que je préconise.

Il n’est pas de ville un peu importante où
ils n’aient laissé de vastes fresques et de
grands tableaux d’autel, dont nos richesses
du musée Campana ne sont que la très-pe-
tite et très-insignifiante monnaie.

Je me contenterai de citer Naples, et à Na-
ples quelques artistes. Connaît-on en France
Silvestro de Buoni, qui tient des maîtres de
l’Ombrie par la candeur charmante de l’ex-
pression et des maîtres de Venise par la vi-
gueur du coloris ? Fr. Tesamo, qui suit la
même voie mais qui est déjà plus correct?
Colantonio del Fiore, qui apporte dans la
grande peinture la délicatesse d’un miniatu-
riste? Simone Papa, qui, dans la plupart de
ses peintures, s’est plu à placer des fonds
de paysage d’une finesse exquise et d’une
vérité tout à fait extraordinaire ? le Zingaro,
artiste de génie, qui passe pour avoir été le
réformateur de l’école napolitaine et qui en
fut assurément l’un des plus grands maî-
tres? Pietro et Ippolito del Donzello, ré-
putés les meilleurs élèves du Zingaro et qui
m’ont paru avoir un style presque fla-
mand ?...

Il y a d’importantes productions de ces
maîtres dans diverses églises de Naples, à
San-Gennaro, à San-Lorenzo, à San-Dome-
nico, à Santa-Maria laNuova... Le musée
des Studj a recueilli aussi plusieurs mor-
ceaux remarquables qui ont été réunis dans
deux salles spéciales et qui suffisent pour
faire apprécier la primitive école napolitaine.
On voit là une Madone entourée de saints, du
Zingaro, qui frappe par l’ampleur et la no-
blesse du style, la gravité de l’expression,
la force et l’harmonie de la couleur. Simone
Papa est représenté par un Saint-Michel ter-
rassant Lucifer avec une tranquillité tout à
fait angélique, et par un Christ en croix se
détachant sur le paysage le plus délicieux.
De chacun des Donzello, il y a un Calvaire :
celui de Pietro est une scène des plus mou-
vementées, où l’on remarque des chevaux
peints avec une rare habileté...

Mais j’ai hâte de m’arrêter, ne voulant
pas dépasser les limites d’une correspon-
dance susceptible d’être insérée dans la
Chronique. Je me propose de décrire et d’ap-
précier plus longuement les œuvres de ces
maîtres napolitains dans une étude sur le
musée des Studj, étude que je serai heureux,

mon cher directeur, d’offrir, si vous le per-
mettez, aux lecteurs de la Gazette.

Veuillez agréer, etc.

Marios Chaumeun.

——

MINISTÈRE DES BEAUX-ARTS.

Exposition publique des ouvrages des artistes
vivants pour Cannée 1870.

Le règlement de l’Exposition annuelle des
beaux-arts pour l’année 1870 est modifié ainsi
qu’il suit :

RÈGLEMENT.

f

chapitre premier. — Du dépôt des ouvrages.

Art. 1er. L’exposition des ouvrages des artistes
vivants aura lieu au palais des Champs-Élvsées,
du Ie1' mai au 20 juin 1870. Elle sera ouverte
aux productions des artistes français et étrangers.

Les ouvrages devront être déposés du 10 au
20 mars, à six heures du soir. Passé cette époque,
aucune œuvre ne sera reçue.

Aucun sursis ne sera accordé, pour quelque
motif que ce soit. En conséquence, toute demande
cle sursis sera considérée comme non avenue et
laissée dès lors sans réponse.

Art. 2. Sont admises à l’exposition les œuvres
des sept genres, ci-après indiqués ;

1° Peinture;

2° Dessins, aquarelles, pastels, miniatures,
émaux, porcelaines, cartons de vitraux et vitraux,
à l’exclusion toutefois des vitraux et cartons de
vitraux qui ne représenteraient que des sujets
d’ornementation ;

3° Sculpture;

4° Gravure en médailles et en pierres fines;

5° Architecture;

6° Gravure;

7° Lithographie.

Les artistes ne pourront envoyer à l’exposition
que deux ouvrages de chacun des sept genres
désignés ci-dessus.

Sera considéré comme ne formant qu’un seul
ouvrage tout assemblage de gravures dans un
cadre dont la surface, mesurée extérieurement,
n’excédera pas 1m,20 décimètres carrés, pourvu
toutefois que les gravures ne se rapportent pas à
des sujets différents et puissent être inscrites au
catalogue sous un même numéro. Cette disposi-
tion s’appliquera également aux lithographies.
Art. 3. Ne pourront être présentées :

Les copies, sauf celles qui reproduiraient un
ouvrage dans un genre différent, sur émail, sur
porcelaine ou par le dessin;

Les peintures sur émail, sur porcelaine ou sur
faïence, originales ou copies servant à la déco-
ration d’objets ayant une forme usuelle, tels que
vases, coupes, plats, etc., ces sortes de peintures
étant plus spécialement du domaine de l’art in-
dustriel;

Les ouvrages qui ont figuré aux expositions
précédentes à Paris;

Les tableaux et autres objets sans cadre;

Les ouvrages d’un artiste décédé, à moins que
le décès ne soit postérieur à l’ouverture du der-
nier Salon ;

Les ouvrages anonymes,

Les sculptures en terre non cuite.

Art. 4. Chaque cadre ne devra contenir qu’un
objet pour la présentation au jury, sauf aux ar-
tistes à réunir ensuite dans le même cadre leurs
œuvres du même genre, si la nature du sujet
l’exige.

Les peintres-miniaturistes et les graveurs en
médailles et en pierres fines pourront seuls grou-
per leurs œuvres sur la même planche.

Art. 5. Les ouvrages ayant des cadres de forme
ronde ou ovale ou à pans coupés devront être
présentés ajustés sur des planches de forme rec-
tangulaire.

Art. 6. Les ouvrages envoyés à l’exposition
devront être adressés francs de port à M. le mi-
nistre des beaux-arts, au palais des Champs-
Elysées.

Art. 7. Chaque artiste, en déposant ou en fai-
sant déposer ses œuvres, devra en même temps
remettre ou faire remettre une notice signée de
lui, contenant ses nom et prénoms, le lieu de
sa naissance, les noms de ses maîtres, la mention
des récompenses obtenues par lui aux exposi-
tions de Paris ou aux concours pour les grands
prix de Rome, et l’indication des expositions
auxquelles ses œuvres ont été admises; enfin son
adresse et le sujet de ses ouvrages.

Ceux qui ne pourront accompagner leurs œu-
vres devront les faire déposer par une personne
munie de leur autorisation écrite.

Art. 8. Chacun des sept genres désignés ci-
dessus à l’article 2 devra être inscrit sur une
notice séparée.

Art. 9. Un appendice du catalogue sera consa-
cré aux ouvrages de peinture et de sculpture
exécutés depuis l’exposition dernière dans les

monuments publics, et qui, par la place fixe
qu’ils occupent dans la décoration de ces monu-
ments, ne sont pas susceptibles de figurer au
Salon.

Les artistes, en déposant au bureau du cata-
logue la note indicative des travaux de cette na-
ture exécutés par eux, devront produire à l’appui
de leurs déclarations un certificat de l’architecte
du monument, attestant la commande de ces
travaux et la date de leur réception.

Art. 10. Dès que les ouvrages auront été enre-
gistrés, nul ne sera admis à les retoucher.

Art. 11. Aucun ouvrage ne pourra être repro-
duit sans une autorisation écrite de l’auteur.

Art. 12. Nul objet exposé ne pourra être re-
tiré avant la clôture de l’exposition sans une per-
mission spéciale de l’administration.

Les ouvrages exposés au Salon devront être
retirés dans le courant du mois qui suivra la
clôture. Us ne seront rendus que sur la présen-
tation du récépissé. Après le délai précité, les
ouvrages cesseront d’être sous la surveillance de
l’administration.

ci-iAP. h. — De Vadmission.

Art. 13. L admission des ouvrages présentés
par les artistes qui ne remplissent aucune des
conditions indiquées à l’art. 23 ci-après, sera
prononcée par un jury composé :

De membres nommés à l’élection.

Auront seuls le droit de prendre part à l’élec-
tion les artistes déposants remplissant l’une des
conditions énoncées à l’article 23 ou ayant eu
un ou plusieurs ouvrages admis à l’une des pré-
cédentes expositions, celle de 1848 exceptée.

Art. 14. Le placement des tableaux sera fait
sous la direction du jury.

Art. 15. Le jury sera divisé en quatre sec-
tions :

La première comprendra la peinture, les des-
sins, aquarelles, pastels, miniatures, émaux, por-
celaines, cartons de vitraux et vitraux;

La seconde, la sculpture et la gravure en mé-
dailles et en pierres fines ;

La troisième, l’architecture;

La quatrième, la gravure et la lithographie.
Art. 16 La section de peinture, dessins, etc.,
se composera de dix-huit membres;

La section de sculpture se composera de douze
membres;

La section d’architecture se composera, de
neuf membres:

La section de gravure et lithographie se com-
posera de neuf membres.

Art. 17. Le vote aura lieu le 24 mars, de dix-
heures du matin à quatre heures du soir, au pa-
lais des Champs-Elysées.

Chaque artiste ayant droit de prendre part à
l’élection sera admis, sur la présentation de son
récépissé, et après avoir apposé de nouveau sa
signature sur la notice de ses ouvrages, à dépo-
ser dans celle des quatre urnes qui correspondra
à sa section un bulletin portant les noms des jurés
choisis par lui.

Les artistes qui, domiciliés hors Paris ou ab-
sents momentanément de cette ville, ne pour-
raient venir en personne, le 24 mars, au palais
des Champs-Elysées, devront envoyer, par leur
correspondant, porteur du récépissé des ouvrages
présentés par eux à l’exposition, un pli cacheté
signé d’eux, contenant leur bulletin de vote, éga-
lement cacheté.

Art. 18. Le vote sera clos le 24 mars, à quatre
heures, et le dépouillement commencera immé-
diatement après la fermeture du scrutin.

Les urnes seront ouvertes par le ministre des
beaux-arts ou par un délégué qu’il désignera à
cet effet.

Art. 19. S’il y a lieu, en remplacement d’un
ou plusieurs des jurés élus, il y sera pourvu en
prenant parmi les personnes qui auront obtenu
le plus de voix à la suite.

Art. 20. Le président du jury sera nommé
par toutes les sections réunies ; chacune des
quatre sections élira son président et un vice-
président particuliers.

Art. 21. La présence dans chaque section des
deux tiers au moins du nombre des jurés sera
nécessaire pour la validité des opérations.

Art. 22. Pour l’admission de toute œuvre sou-
mise au jury, la majorité absolue des membres
présents est indispensable. En cas de partage,
l’admission sera prononcée.

Art. 23. Seront reçus sans examen les ouvrages
des artistes membres de l’Institut ou décorés de
la Lésion d’honneur pour leurs œuvres ou ayant
obtenu, soit une médaille aux précédentes expo-
sitions, soit le grand prix de Rome.

Nul ne jouira de cette exemption que dans la
section où il aura obtenu une récompense.

char. ri. — Des récompenses.

Art. 24. Le jury d’admission sera également
chargé de désigner les artistes qui se seront ren-
dus dignes des médailles à décerner.

Art. 25. Ces médailles seront d’une seule es-
 
Annotationen