ET DE LA CURIOSITÉ.
39
DES HUILES SICCATIVES.
Nous croyons utile de reproduire l’extrait sui-
vant des comptes rendus de l’Académie des
sciences, séance du 4 décembre 1871.
Quelle est la cause de la transformation de
l’huile de lin en vernis ? On admet généralement
que cette transformation est due à la résinifica-
tion de l’huile par absorption de l’oxygène de
l’air. — Dans ce cas, pourquoi les cuit-on? —
Pour répondre à ces questions, M. Sacc a entre-
pris plusieurs recherches expérimentales qui ont
mis en évidence les faits suivants • en faisant
bouillir pendant dix minutes, sur un feu doux,
de l’huile de lin dans laquelle on avait préalable-
ment broyé 1 pour 100 de son poids de litharge
et de minium, il n’y a qu’une perte insignifiante
de 2 pour 100. Cela suffît pour rendre l’huile
parfaitement siccative au bout de vingt-quatre
heures d’application en couche mince. Si l’on
pousse l’ébullition jusqu’à ce que la perte s’élève
à 5 pour 100, l’huile devient visqueuse, elle ne
sèche qu’après quinze jours. Enfin, en poussant
la perte à 12 pour 100, l’huile se transforme en
une sorte de caoutchouc qui reste tel quel.
Ce n’est donc pas en concentrant l’huile de lin
qu’on la rend plus siccative. La résinification
par l’oxygène de l’air suffit. Cette résinification a
lieu d’autant plus promptement que la couche
d’huile est plus mince et la température de l’air
ambiant plus élevée.
L’expérience a montré que l’huile de lin, en
se résinifiant, absorbe moitié de son poids d’oxy-
gène. Quant à l’influence de l’essence de téré-
benthine dans la préparation des vernis gras,
M. Sacc pense qu’elle se réduit à diviser les
huiles pour en faciliter l’oxydation. L’expérience
est facile à faire : on met, dans une casserole à
fond plat, de l’huile de lin cuite ; après vingt-
quatre heures, il s’est formé à la surface une
couche de résine qui n’augmente plus, sans doute
parce qu’elle est imperméable à l’air : telle est la
cause qui fait que les tableaux des peintres qui
mettent trop de couleur sur leurs panneaux ou
leurs toiles se fenderit.
A l'occasion de la présentation de la note de
M. Sacc, M. P. Thénard dit qu’on fait en Bour-
gogne un fréquent usage de l’huile de lin lithar-
gyrée et surcuite pour peindre les voitures légères.
Cette peinture a cela de remarquable, que bien
qu’elle ne sèche jamais et faisant toujours vernis,
elle ne fixe pas la poussière. Depuis 1860, M. Thé-
nard a une salle à manger lambrissée en chêne et
peinte ainsi. Cette couleur, ou plutôt ce vernis,
ne s’est jamais séché; la poussière n’y adhère
pas. Le parquet, également en chêne, a reçu deux
couches d’huile de lin litbargyrée, mais non
surcuite. Il est très-sec et contraste avec les boi-
series.
DÉCOUVERTES.
TROUVAILLE D’ANTIQUES A NUREMBERG.
Dans la cour d’une maison de Nüremberg, qui
porte le millésime de 1856, on a trouvé, ces
jours derniers, deux bustes recouverts d’une
couche épaisse de plâtre et de couleurs h l’huile,
sous laquelle on a reconnu des antiques. Celui
qui a fait la découverte, un sculpteur professeur
de la ville, a acheté ces deux objets d’art, les,a
nettoyés, et s’est convaincu de l’exactitude de sa
supposition. Ces tètes, en marbre pentélique,
sont d’un bon travail; malheureusement, elles ne
sont pas entières. Ce sont des portraits. L’un est
une tête de femme. Les cheveux de ce dernier
buste et une des oreilles, percée d’un trou pour
y passer un anneau, ne font pas corps avec le
marbre; ils ont été seulement rapportés.
Les deux tètes ont été mal restaurées en plâtre
et posées sur des bustes de bois. 11 est probable
que ces objets d’art auront été apportés d’Italie
(de Rome ou de Venise; le marbre indique une
provenance grecque) à Nüremberg, quand l’atten-
tion se tourna vers l’antiquité classique et que le
goût de collectionner commença à s’éveiller en
cette ville. Déposés dans la maison dont nous
parlons, où ils auront servi à orner le jardin, ces
bustes ont été, par la suite des temps, enduits à
plusieurs reprises de couches de peinture, ce qui
les rendait méconnaissables, et il a fallu l’œil
exercé d’un artiste, d’un connaisseur habitué à
examiner les antiques pour ne pas y être trompé.
CONCOURS.
Un concours sera ouvert au Conservatoire des
arts et métiers, à Paris, le lundi 15 janvier 1872,
pour deux emplois de professeur de dessin dans
les écoles d’arts et métiers d’Aix et de Châlons.
Le programme des conditions exigées est dé-
posé au ministère de l’agriculture et du commerce
(direction du commerce intérieur, — bureau de
l’industrie), où les personnes qui le désireraient
pourront en prendre connaissance.
Les candidats devront adresser leur demande
au ministre avant le 8 janvier; cette demande
devra d’ailleurs être présentée sur papier timbre.
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DES HUILES SICCATIVES.
Nous croyons utile de reproduire l’extrait sui-
vant des comptes rendus de l’Académie des
sciences, séance du 4 décembre 1871.
Quelle est la cause de la transformation de
l’huile de lin en vernis ? On admet généralement
que cette transformation est due à la résinifica-
tion de l’huile par absorption de l’oxygène de
l’air. — Dans ce cas, pourquoi les cuit-on? —
Pour répondre à ces questions, M. Sacc a entre-
pris plusieurs recherches expérimentales qui ont
mis en évidence les faits suivants • en faisant
bouillir pendant dix minutes, sur un feu doux,
de l’huile de lin dans laquelle on avait préalable-
ment broyé 1 pour 100 de son poids de litharge
et de minium, il n’y a qu’une perte insignifiante
de 2 pour 100. Cela suffît pour rendre l’huile
parfaitement siccative au bout de vingt-quatre
heures d’application en couche mince. Si l’on
pousse l’ébullition jusqu’à ce que la perte s’élève
à 5 pour 100, l’huile devient visqueuse, elle ne
sèche qu’après quinze jours. Enfin, en poussant
la perte à 12 pour 100, l’huile se transforme en
une sorte de caoutchouc qui reste tel quel.
Ce n’est donc pas en concentrant l’huile de lin
qu’on la rend plus siccative. La résinification
par l’oxygène de l’air suffit. Cette résinification a
lieu d’autant plus promptement que la couche
d’huile est plus mince et la température de l’air
ambiant plus élevée.
L’expérience a montré que l’huile de lin, en
se résinifiant, absorbe moitié de son poids d’oxy-
gène. Quant à l’influence de l’essence de téré-
benthine dans la préparation des vernis gras,
M. Sacc pense qu’elle se réduit à diviser les
huiles pour en faciliter l’oxydation. L’expérience
est facile à faire : on met, dans une casserole à
fond plat, de l’huile de lin cuite ; après vingt-
quatre heures, il s’est formé à la surface une
couche de résine qui n’augmente plus, sans doute
parce qu’elle est imperméable à l’air : telle est la
cause qui fait que les tableaux des peintres qui
mettent trop de couleur sur leurs panneaux ou
leurs toiles se fenderit.
A l'occasion de la présentation de la note de
M. Sacc, M. P. Thénard dit qu’on fait en Bour-
gogne un fréquent usage de l’huile de lin lithar-
gyrée et surcuite pour peindre les voitures légères.
Cette peinture a cela de remarquable, que bien
qu’elle ne sèche jamais et faisant toujours vernis,
elle ne fixe pas la poussière. Depuis 1860, M. Thé-
nard a une salle à manger lambrissée en chêne et
peinte ainsi. Cette couleur, ou plutôt ce vernis,
ne s’est jamais séché; la poussière n’y adhère
pas. Le parquet, également en chêne, a reçu deux
couches d’huile de lin litbargyrée, mais non
surcuite. Il est très-sec et contraste avec les boi-
series.
DÉCOUVERTES.
TROUVAILLE D’ANTIQUES A NUREMBERG.
Dans la cour d’une maison de Nüremberg, qui
porte le millésime de 1856, on a trouvé, ces
jours derniers, deux bustes recouverts d’une
couche épaisse de plâtre et de couleurs h l’huile,
sous laquelle on a reconnu des antiques. Celui
qui a fait la découverte, un sculpteur professeur
de la ville, a acheté ces deux objets d’art, les,a
nettoyés, et s’est convaincu de l’exactitude de sa
supposition. Ces tètes, en marbre pentélique,
sont d’un bon travail; malheureusement, elles ne
sont pas entières. Ce sont des portraits. L’un est
une tête de femme. Les cheveux de ce dernier
buste et une des oreilles, percée d’un trou pour
y passer un anneau, ne font pas corps avec le
marbre; ils ont été seulement rapportés.
Les deux tètes ont été mal restaurées en plâtre
et posées sur des bustes de bois. 11 est probable
que ces objets d’art auront été apportés d’Italie
(de Rome ou de Venise; le marbre indique une
provenance grecque) à Nüremberg, quand l’atten-
tion se tourna vers l’antiquité classique et que le
goût de collectionner commença à s’éveiller en
cette ville. Déposés dans la maison dont nous
parlons, où ils auront servi à orner le jardin, ces
bustes ont été, par la suite des temps, enduits à
plusieurs reprises de couches de peinture, ce qui
les rendait méconnaissables, et il a fallu l’œil
exercé d’un artiste, d’un connaisseur habitué à
examiner les antiques pour ne pas y être trompé.
CONCOURS.
Un concours sera ouvert au Conservatoire des
arts et métiers, à Paris, le lundi 15 janvier 1872,
pour deux emplois de professeur de dessin dans
les écoles d’arts et métiers d’Aix et de Châlons.
Le programme des conditions exigées est dé-
posé au ministère de l’agriculture et du commerce
(direction du commerce intérieur, — bureau de
l’industrie), où les personnes qui le désireraient
pourront en prendre connaissance.
Les candidats devront adresser leur demande
au ministre avant le 8 janvier; cette demande
devra d’ailleurs être présentée sur papier timbre.