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La chronique des arts et de la curiosité — 1876

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Nr. 35 (11 Novembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26615#0308
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ET DE LA CURIOSITÉ

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long des villages dans les paysages verts on
roux, et les toits en tuiles jettent une note so-
nore dans leurs pimpantes aquarelles. Je con-
nais peu de toiles plus justes de ton, plus
discrètes de facture que les impressions de
M. Heurteloup ; je n’en connais pas qui aient
plus d’accent, plus d’élégance, ni plus de fi-
nesse que les coins rustiques de M. Staquet;
chez tous les trois l’air circule à pleins bords;
il semble qu’on vient d’ouvrir la fenêtre sur la
nature et qu’une tiède fraîcheur monte des
arbres, de la terre et des eaux.

Je ne quitterai pas les expositions des chry-
salidiens sans citer encore les lithographies de
M. Eugène Dubois, un coloriste mordant, la
très-belle eau-forte que Rops a faite pour être
remise en prime aux souscripteurs de la lote-
rie et le Petit Faune du sculpteur Vanders-
tappen, un délicieux buste d’une arête nerveuse
et ferme.

Camille Lemonnier.

LES FAÏENCES & LES PORCELAINES DE VENISE

Stucli intorno cilla ceramica veneziana, pur M. Giu-
seppe Marino Urbani de Gheltof; in-8° carré de
90 pages. Imprimerie de Pietro Naratovicb.
Venise, 1876. (Tiré à 150 ex.; non dans le com-
merce.

La Manifattura di maiolica e di porcellana in
Este, par M. Giuseppe Marino Urbani de Gheltof ;
in-8° de 23 pages (sans lieu ni date).

Lorsque Yicenzo Lazari publia en 1859 l’in-
troduction au catalogue des majoliques. du
musée Correr (Notizia-dette opéré d’arte etd'cm-
tichità délia racolta Correr), il n’avait pu trou-
ver dans les archives de Venise aucun docu-
ment sur la fabrication de la céramique dans
la cité des Doges.

Plus heureux aujourd’hui, M. G. Urbani de
Gheltof a pu recueillir, tant au Bréra que dans
les minutes des notaires, quelques renseigne-
ments précis qui font remonter cette indus-
trie beaucoup plus loin qu’on ne l’avait dit.

D’un autre côté, les fouilles faites dans le
sol de Venise ont permis de montrer que la
fabrication des poteries était presque contem-
poraine de l’établissement des Vénètes dans
les lagunes.

Les poteries trouvées sous les fondations de
l’église Saint-Marc sont certainement anté-
rieures à Tannée 825, date de sa première
fondation. Elles consistent en amphores et en
lampes d’une forme tout antique ainsi qu’en
disques percés que les antiquaires appellent
des fusaïoli, et qui étaient ou des poids de
métier de tisserand ou des poids de filets de
pêche.

Aucun verois ne recouvre ces poteries.

Des couches de terrains plus élevés sans
doute, aiosi que cela s’observe dans toutes Jes
fouilles exécutées avec soin dans d’autres
villes, ont donné des poteries grossières gla-
cées au plomb. Sans apporter de dates à l’ap-
pui, mais par analogie, M. Urbani de Gheltof

les attribue au moyen âge. Parmi ce., poteries,
il faut ranger des fragments d’une balustrade
en terre cuite vernie qui furent découverts dans
les excavations nécessitées par la reconstruc-
tion du Fondaco dei Turchi où est installé le
Museo Civico. Leur style est celui de l’archi-
tecture italienne du xme siècle.

Un document de l’année 1300, que l’auteur
publie intégralement en appendice, montre
que les ateliers vénitiens avaient dès lors une
grande importance, car il constate que les
potiers, dont la profession avait été libre jus-
que-là, la fermèrent dès lors par la constitu-
tion d’une corporation.

Mais quels étaient les produits des ateliers
de cette époque?

M. Urbani de Gheltof pense que c’étaient
des poteries recouvertes d’une engobe, ainsi
qu’on le dit aujourd’hui, et ornées de dessins
obtenus par enlevage. Dans le langage de la
curiosité, ces poteries sont dites alla Ccistel-
Icina. L’auteur les assimile à celles que Pas-
seri appelle des mezza majoliea, et à ce que
Piccolpasso désigne sous le nom de bistugi.

Nous croyons qu’il y a erreur pour la se-
conde désignation. Les bistugi de Piccolpasso
sont les « biscuits, » un produit intermediaire
ayant subi un premier feu et destiné à rece-
voir l’émail et le décor qu’une seconde cuis-
son doit finir.

Quant à la première, il nous semble qu’on
peut la repousser et l’accueillir tout ensemble.

En effet, si les poteries que les Vénitiens
fabriquaient dès le commencement du xive
siècle, étaient recouvertes de terre blanche de
Vicence, s’il était interdit de les vernir autre-
ment qu’à l’intérieur, et prescrit de vérifier
si les couleurs étaient « bonnes et légales, »
nous devons en conclure que ces couleurs
avaient une certaine importance. Or, on sait
que le bleu et le vert, qui sont fondus par
places dans le vernis jaune au plomb des
ferrailles décorées par engobe, sont sans au-
cune importance pour la décoration de ces
pièces, décoration qui réside surtout dans les
graffitti qu’on y a tracés; on sait, de plus,
que le vernis couvre aussi bien le revers que
l’intérieur de la pièce. Il ne peut, selon nous,
s’agir des poteries alla Castellana, mais bien
plutôt des faïences archaïques qui sont revê-
tues à l’intérieur seulement d’une couche
blanche que jusqu’ici nous avons cru être de
l’émail stannifère, mais qui pourrait bien être
de la terre de Vicence, peut-être mélangée
d’émail pour plus d’économie, peinte, puis
recouverte d’une glaçure, comme les faïences
ordinaires. C’est à l’analyse chimique de déci-
der, ainsi qu’aux praticiens, si la chose est
possible.

En tous cas, s’il y a identité entre ces
faïences archaïques ou mezza majoliea que l’on
croit inventées seulement dans le courant du
XVe siècle, et celles qu’on fabriquait à Venise
au commencement du XIVe, il faut faire re-
monter beaucoup plus loin qu’on ne le fait la
fabrication de la vraie faïence peinte sur
émail.

Il faudrait cependant ne plus considérer
comme une découverte personnelle à Lucca
délia. Robbia l’emploi de l’émail stannifère ;
 
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