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La chronique des arts et de la curiosité — 1876

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Nr. 35 (11 Novembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26615#0309
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302

LA CHRONIQUE DES ARTS

opinion ancienne cjue la critique française
abandonne, niais qui conserve quelques par-
tisans en Italie, puisque M. Urbani de Gheltof
la partage.

Rappelons, en faveur de l’ancienneté de la
peinture sur faïence, très-probablement émail-
lée, le fait révélé par M. J. Houdoy, de car-
reaux peints, en 1391, pour le château de Hes-
din, sur l’ordonnance de Philippe le Hardy.

Quels qu’aient été au xive siècle les produits
des ateliers de Venise — et il est probable que
■ceux-ci étaient de plusieurs genres,—l’activité
de ces derniers était telle qu’il leur fut interdit
en 1323 de cuire pendant le jour, sans doute à
cause de la fumée.

Nous ne croyons pas cependant qu’ils aient
abriqué de faïences à reflets métalliques, car
es autorités vénitiennes, si protectionnistes à
l’égard de leur industrie, tout en prohibant
en 1437, puis en 1474, l’entrée des travaux de
terre, font une exception en faveur des lavori
de majolicci que viene da Vcdenza.

On sait que le terme de majolicci était spé-
cialement appliqué jadis aux faïences hispano-
moresques par les Italiens, et cjue c’est par
eux que nous l’appliquons à touteslesfaïences
peintes sans exception.

M. Urbani de Gheltof a relevé en 1334 le
testament d’un Nicolo, bocaüer, c’est-à-dire fa-
bricant de vases; en 1379, le nom d’une donna
Francescci Scudelera, qui contribue pour mille
ducats à la défense deChioggia; et, en 1430,
celui de M. Jachomo Scudeler.

Lorsqu’arrive la fin du xve siècle, il trouve
des mentions plus importantes. C’est, en 1477,
le testament d’un Mainardo q. Antonio bocola-
rio, où il lègue sa boutique de faïence avec ses
ustensiles (Apotecam meam a bocalibus cum
suis stnmentis clicto apotece) et ordonne la
vente du laboratoire nouveau (laborerium no-
vum) qu’il y a fait établir.

Un Bartolo d’Antonio bochaler est témoin.

Un fait intéressant est relevé en 1488. C’est
la présence à Venise d’un certain Francesco
q. Salvcitore, qui s’intitule scutelario teutonico
ae Norimbergo, ce qui montre les relations de
la patrie d’Albert Durer avec la cité italienne,
et peut faire attribuer aux ateliers de Venise
les faïences peintes au XYie siècle, d’armoiries
allemandes que l’on rencontre encore assez
souvent dans les collections.

Du reste, ce que l’on sait des habitudes no-
mades des artisans italiens est confirmé par
le testament, en 1515, d’un Giacomo Antonio
bocolario de Santo Angello de Pisciour, conservé -
dans les archives des notaires.de Venise. Aussi
trouve-t-on tou*, les styles dans les monu-
ments céramiques qui, immeubles par desti-
nation, doivent être supposés sortis des ate-
liers vénitiens, puisque les produits étrangers
étaient prohibés. Tel est le pavage d’une cha-
pelle de l’église de Saint-Sébastien, qui fut
vraisemblablement posé en 1531, et qui offri-
rait tous les caractères des faïences de Castel-
Dur ante.

Notons enfin, afin de montrer l’importance
de la corporation des potiers vénitiens au
commencement du xvi° siècle, l’inscription
suivante dont un fragment se trouve dans
l'église des Frari : SCOLA FIGVLOR SVIS

OMNIBVS PIE DEDICAV1T. MDXIII. C’était la
pierre de la sépulture commune de la confrérie
des boccderi qui, au XVIIIe siècle, fut trans-
portée dans le cimetière des frères mineurs.

Au XVIe siècle, les édits protecteurs de l’in-
dustrie céramique vénitienne, tout en prohi-
bant l’introduction de toute faïence étrangère
sans exception aucune à cette époque, per-
mettent, afin de favoriser la navigation du
Levant, le transit des produits d’autres cités.

Parmi les autorisations conservées, il en est
deux qui citent les lavori de piera de majolica
de Ravenna, preuve de l’importance des ate-
liers de cette ville dont nous ne connaissons
qu’une pièce, d’ailleurs charmante, appartenant
à M. le baron Ch. Davillier.

Le livre de Piccolpasso, qui visita Venise en
1545, a fait connaître d’importants détails sur
les ateliers vénitiens. M. U. de Gheltof les ré-
pète, et nous n’y insisterons pas.

Il se sert aussi de ce que M. G. Campori,
d’abord dans la Gazette des Beaux-Arts (T. xvn,
p. 150 et passim), puis dans sesNotizie storiche
et artistiche clella majolica et délia poreellana di
Ferreira, a dit des rapports de ces ateliers
avec le duc de Ferrare, Alphonse II.

Cette partie de son travail se termine par
une liste alphabétique des céramistes vénitiens
"sur lesquels il a trouvé des renseignements
dans les archives ou dans les auteurs.

On sait que les produits vénitiens subirent
à la fin du XVIe siècle la décadence commune
à ceux des autres villes italiennes. Aux faïences
peintes succédèrent les faïences blanches (Lcit-
tesini) que les fabricants exportaient à la foire
de Padoueau commencement du xvne siècle.
Cependant, quelque chose comme l’ancien
genre subsistait toujours, s’il faut attribuer à
Venise ces faïences d’une terre si fine et si
légère qu’il semble que c’est à elles que s’ap-
plique l’expression de terraglie fine que cite un
document contemporain. En partie moulées,
elles sont décorées de paysages bleus et verts
d’un ton cru très-particulier, et marquées au
revers d’une ancre accompagnée de lettres qui
doivent être celles des fabricants.

Néanmoins, en 1752, les frères Bertolini
fondèrent à Murano une fabrique de majoli-
ques qui eut à lutter, bien qu’elle Limitât, avec
la porcelaine apportée par le commerce et que
plusieurs ateliers successifs essayèrent de fa-
briquer avant que de pouvoir y réussir.

Celle-ci, d’après des documents très-précis,
découverts par M. U. de Gheltof aurait été fa-
briquée à Venise dès le commencement du
XVIe siècle, et si nous n’en avons point encore
parlé, c’est que nous n’avons point voulu
interrompre ce que nous avions à dire de la
faïence.

On sait par ce que M. G. Campori, dans
l’article ainsi que dans le livre que nous
avons cités plus haut, en a rapporté, que des
relations s’établirent enl519 entre Alphonsell,
duc de Ferrare et un potier qui se trouve trop
vieux pour aller continuer à Ferrare les essais
de fabrication de porcelaine qu’il avait com-
mencés à Venise. On pouvait croire qu’il s’a-
gissait de faïences blaoches comme cette pièce
de la garde-robe des cardinaux Hippolyte et
Louis d’Este, qu’un inventaire de 1563 con-
 
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