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La chronique des arts et de la curiosité — 1876

DOI issue:
Nr. 35 (11 Novembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26615#0310
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ET DE LA CURIOSITÉ

303

state avoir passé jusque-là pour être de la
porcelaine. Mais le document trouvé par M. U.
de Gheltof montre qu’en 1318 on s’occupait
réellement de la vraie porcelaine à Venise.

C’est une supplique adressée par un Alle-
mand au Provéditeur, et qui est conservée
dans les archives royales. Comme elleestd’une
excessive importance pour l’histoire de la
porcelaine, nous la publions intégralement :

» 1518;, — 4 jumii.

« Leonardo Peringer spechiarius in Marza-
-« ria constitutus in offlcio : et narauit et ex-
« posuit qualiter lui ha trouato gia fra mesi 6
« in circa uno novo artifîcio o defitio non più
« facto nè usitato in questa inelyta cita de
« Venetia de far bone et optime lauori de ogni
« sorte de porzelane chôme sono quele de Le-
« uante, transparenti, et stano ad ogni bona
« proua de quele ditte de Leuante, et stano
« solde da tucte uiande caldissime et diboto
« fuogo et sono transparenti : et pero di-
« manda che niuno possi adoperar dicto suo
« artelicio nel elicio senza licentia... »

Ce Léonard Peringer est-il le maître qui
l’année suivante envoya au duc Alfonse deux
pièces de porcelaine, en demandant des fonds
pour continuer ses essais à Venise même, se
trouvant trop vieux pour aller les continuer à
Ferrare? Est-il le même qu’un «Leonardo
« qm. Arnoldo teutonico de Nurimberg » qui
testa dix ans après? On ne saurait le décider :
mais toujours est-il que la porcelaine chinoise
envoyée en cadeau, dès 1487, par le Soudan
d’Egypte à Laurent de Médicis, et admise sans
droits à Venise, sur le même pied que les
majoliques d’Espagne, y était assez connue
pour que l’on cherchât à imiter ses qualités
réfractaires, en même temps que sa transpa-
rence.

Comment se fait-il que l’essai n’ait point été
poursuivi à Venise, et qu’il faille descendre
jusqu’en 1726, après l’invention de Bottcher,
pour voir Francesco Vezzi, amener à Venise
des ouvriers saxons et fonder avec leur con-
cours un atelier d’où sont sorties des porce-
laines marquées v.-ven et venezia? Comme
on était forcé de faire venir les matières pre-
mières de l’étranger , cette fabrique cessa
d’exister en 1733.

En 1738, on essaya à Murano, un verre
émaillé imitant la porcelaine, dans un atelier,
celui des frères Bertolini, qui en 1752 fabri-
qua de nouveau de la faïence.

En 1758, Frédéric et Dorothée Hewelche,
venus de Dresde, furent autorisés à créer un
nouvel atelier de porcelaine, qui en 1763 s’ad-
joignit le modenais Cozzi. Celui-ci séparé du
ménage saxon, obtint du Sénat, en 1765, de
nombreux privilèges pour fonder une fabri-
que nouvelle.

Un contemporain parle des produits de cet
atelier, comme rivalisant avec la porcelaine
de Saxe par la finesse et la couleur. — Une
ancre rouge lui servait de marque.

Cette fabrique semble avoir été assez pros-
père, d’après les détails que M. U. de Gheltof,
donne sur son personnel, d’après les archives
vénitiennes, et sur ses produits, d’après un in-

ventaire de 1783. Nous y voyons que quelques-
uns d’entre eux sont spécifiés comme étant des
majoliques. C’est sans doute une des pièces
de la fabrique de Cozzi dont M. U. de Gheltof
possède un exemplaire marqué d’une ancre
dont la tige traverse un C.

La République de Venise n’avait pas man-
■ qué de prohiber jusqu’aux porcelaines de
l’Orient, afin de favoriser la fabrique qui tra-
vailla jusqu’en 1812.

La seconde brochure de M. U. de Gheltof, sur
Le manifatture de mcijolica e di poreellana in
Este est moins importante que la première.
Elle ne traite guère que des divers ateliers qui,
vers la fin du xviii0 siècle se sont disputé le
privilège de fabriquer les terres de pipe à la
façon anglaise, et la porcelaine dans une petite
ville de l’état vénitien, située entre Padoue et
Rovigo.

Les produits de cette ville sont cités par A.
Jacquemart et par divers auteurs. M. le baron
Ch. Davillier avait annoncé leur histoire, mais
ne voyant rien publier, M. U. de Gheltof s’est
servi des documents qu’il avait sous la main.

Les porcelaines semblables à celles de Na-
ples qui sont citées par les auteurs comme
portant au revers un cachet où le nom ù’Este
est accompagné d’un G. dans un cercle, ou
d,es lettres G. F. seulement, sortent de l’atelier
d’un nommé Girolamo Franchini, qui fonda
sa fabrique en 1782.

Nous avons plus insisté sur le premier mé-
moire de M. Giuseppe Urbani de Gheltof,
que sur le second, parce que le premier se
rapportant à une ville qui a joué un grand
rôle dans l’histoire et dans l’industrie de l’Ita-
lie, il y a tout intérêt à savoir que si Venise
comptait peu jusqu’ici comme atelier cérami-
que, cela tenait surtout à notre ignorance.
L’auteur a comblé une lacune importante, et
il l’a comblée en cherchant parmi les archives
de l’Etat et des notaires, réunies croyons-nous
en Italie, au lieu d’être enfouies et dispersées
dans chaque étude, comme en France. Espé-
rons que les exemples donnés d’abord par M.
Giuseppe Campon pour Ferrare,parM. S. Rossi
pour Deruta, puis par M. de Gheltof pour Ve-
nise, seront imités, et que les érudits italiens
finiront par nous faire connaître enfin l’his-
toire de tous les ateliers de la Péninsule.

Alfred Darcel.

UNION CENTRALE

DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES

Première Section

Première classe

Œuvres originales des artistes, composées en vue
de servir de modèles à Vindustrie

Hors concours : MM. Choiselat, Cheret, Vil-
leminot, Prignot père, Sauvresy.
 
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