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La chronique des arts et de la curiosité — 1876

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Nr. 32 (7 Octobre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26615#0280
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No 32. — 1876.

BUREAUX, 3, RUÉ LAfflTTÊ*

7 Octobre

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN

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PARIS ET DÉPARTEMENTS :

Un an. . „ é . . 12 fr. j Six mois. 8 rr.

EXPOSITION DES BEAUX-ARTS A ROUEN

I

Me trouvant en excursion dans la belle et
plantureuse Normandie, j’ai été voir la vingt-
cinquième Exposition municipale, qui a été
ouverte le 1er octobre dans la ville de Rouen.
Un peu Normand moi-même, par goût et par
relations, je ne manque guère, autant que
faire se peut, cette fête locale et biennale.
C’est d’ailleurs une occasion de revoir, sans ja-
mais se lasser, la vieille capitale, avec ses ad-
mirables trésors d’art : la Cathédrale, Saint-
Oueu, Saint-Maclou, Saint-Patrice, le Palais de
Justice, la Grosse-Horloge, la Basse-Vieille-Tour,
le Musée d’antiquités, fondé et enrichi par le
regretté abbé Cochet, et le magnifique Musée
céramique, dû à l’initiative du savant André
Pottier, deux hommes qui ne sont et ne seront
probablement pas remplacés.

M. Morin, le conservateur du Musée de pein-
ture, est l’imprésario de ces fêtes. L’équité
m’oblige à reconnaître qu’il n’a point fait tout
ce qui était en son pouvoir pour les dégager
de l’esprit de coterie, je veux dire de tous les
infiniment petits de passion et de rivalité qui,
en province, rapetissent malheureusement
les choses, ni pour leur donner l’importance
et l’éclat qu’elles devraient avoir. Ceci est
d’autant plus à regretter, dans une ville aussi
riche, que l’autorité municipale se montre re-
lativement très-large pour tout ce qui touche
aux dépenses de luxe et que, d’autre part, tant
dans l’entretien, l’achèvement et la restaura-
tion de ses anciens monuments que dans la
création d’œuvres nouvelles, elle donne plus à
l’art que ne le réclamerait le tempérament as-
sez peu artistique de la population.

L’Exposition de 1876, malgré les trompettes
bruyantes qui en ont annoncé l’ouverture, nous
a paru assez pauvre en qualité et, en tout cas,
fort au-dessous des précédentes. Il semble
qu’une atmosphère de médiocrité l’enveloppe
de toutes parts comme un brouillard gris et
froid. C’est une sorte d’effacement terne où il
est fort difficile de rencontrer quelques éclair-
cies de soleil, quelques œuvres dont le mérite
tranche un peu sur la masse généra'e. Il se-
rait cependant bien à souhaiter que l’on s’ef-
forçât, comme à Nantes, à Reims, à Lyon, à
Bordeaux, en écartant tout ce qui tend trop
naturellement à donner à ces fêtes locales un
caractère d’exhibition de loterie, de fournir un
appât, soit de vente soit d’émulation, aux ef-
forts sérieux du talent.

Nous l’avons dit maintes fois : pour que les ex-
positions de province conservent un véritable
caractère d’utilité générale , il faut qu’elles
soient pour tous nos jeunes artistes une étape
et comme une sorte d’examen du premier
degré avant l’épreuve redoutable du Salon de
Paris. A cette fin, il faut, d’une part, qu’il y
ait pour tous une réelle espérance de vente ou
de récompense, de l’autre, que la balance soit
tenue absolument égale entre les concurrents
d’où qu’ils viennent, c’est-à-dire que tel ta-
bleau, qui est quelquefois le meilleur, ne soit
pas perdu dans l’obscurité du contre-jour ou
dans le purgatoire du troisième rang au-dessus
de la cymaise. Le nombre des tableaux n’a rien
à voir dans cette affaire ; c’est la qualité qui
prime tout, et la qualité est médiocre. Je ne
parle que pour mémoire, bien entendu, de
l’insuffisance du local et du manque de conve-
nance qu’il y a de confisquer ainsi pendant un
mois et demi les œuvres d’art anciennes expo-
sées dans les galeries du musée : la ville vient
de voter la construction d’un palais d’exposi-
tion des beaux-arts sur l’emplacement Saint-
Laurent. A cette occasion, je féliciterai chaleu-
reusement la municipalité rouennaise d’avoir
fixé au mois d’octobre, au lieu du mois d’avrilt
la date de l’Exposition, comme le réclamaien,
 
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