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La chronique des arts et de la curiosité — 1876

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Nr. 29 (26 Août)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26615#0256
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N» 29. — 1876

BUREAUX, 3, RUE LAFFITTE.

26-Août

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN

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PARIS ET DÉPARTEMENTS :

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CONCOURS ET EXPOSITIONS.

DISTRIBUTION DES PRIX AUX EXPOSANTS DU

SALON DE 1873 ET' INAUGURATION DU

MONUMENT D’HENRI REGNAULT.

Le samedi 12 août, à dix heures, a eu lieu
à l’Ecole des beaux-arts la distribution des
récompenses aux artistes du Salon de 1876 et
aux élèves de l’Ecole des beaux arts. La céré-
monie s’est ouverte par un discours de M Je
ministre de l’instruction publique. MM. Guil-
laume, directeur de l’Ecole; de Chennevières,
directeur des beaux-arts; Ferdinand Duval,
préfet de la Seine; Cabanel, Robert-Fleury,
Dumont,ainsique bombre d’autres notabilités
artistiques ou littéraires, avaient pris place sur
l’estrade.

Après avoir prononcé son discours, qui a été
très-applaudi, le ministre a donné connais-
sance des décorations accordées cette année.
Ont été nommés : officier de la Légion d’hon-
neur, M. Bouguereau ; chevaliers, MM. Leconte
du Nouy; Sanson, sculpteur ; Gaillard, gra-
veur; James Bertrand, peintre ; Worms ; de
Lajolais; Cermack, artiste autrichien, et Karl
Bodmer, artiste suisse.

Un des fonctionnaires de l’Ecole a donné
lecture de la liste des médailles du Salon, des
prix et des médailles de l’Ecole des beaux-arts.
Cette longue nomenclature n’a été épuisée que
vers midi.

Toute l’assistance s’est alors dirigée vers le
beau monument élevé à la mémoire d’Henri
Régnault.

L’honorable directeur des beaux-arts a
retracé avec une éloquence émue la courte et
glorieuse carrière du peintre ; il a rendu un
hommage mérité à l’oeuvre que le public avait
sous les yeux.

Voici, du reste, le texte même de son dis-
cours ;

Messieurs,

Les nobles jeunes gens qui sont honorés ici
pouvaient prétendre à la gloire la plus éclatante
des arts, et déjà quelques-uns en tenaient à plei-
nes mains les couronnes ; ils ont obtenu celle, et
plus mâle et plus haute, de mourir en combattant
pour la patrie.

Parfois des philosophes sévères ont accusé les
arts d’être pour les peuples une cause d’amollisse-
ment et de corruption.

Nous voyons bien ici, messieurs, qu’il n’en est
rien.

Les arts n’excluent pas le patriotisme ; ils l’é-
chauffent, ils l’élèvent ; et ceux qui, dans ce temps
à mémoire courte, se souviennent encore du siège,
n’ont pu oublier que des bataillous entiers étaient
pleins de ces artistes au cœur jeune, enthousiaste
et dévoué, qui se groupaient pour rivaliser de
courage et d’entrain, j’allais dire de bravade au
feu. Quelques-uns sont morts autour de Paris,
quelques autres dans les batailles lointaines ; il y
a eu des blessés et des prisonniers. Les flèches
des Perses avaient épargné Eschyle combattant
pour son pays à Marathon et à Salamine ; une
balle abattit Régnault à Buzenval.

Régnault a donné à ses camarades d’école
l’exemple de l’étude obstinée, yariée, infatigable,
de la recherche passionnée. Ce Lut une flamme,
il est vrai, toujours flambante et mouvante, tou-
jours dévorante, toujours attrayante et attirante,
toujours échauffante, nature vraiment extra-natu-
relle, incessamment possédée du besoin de s’ins-
truire, de produire, d’agir et agissant non-seule-
ment par lui-même, mais fortement sur tout ce
qui rapprochait et l’entourait.

Mais, croyez-moi, s’il eût vécu, il ne s’en fût
pas tenu à ces éclats de verve et de jeunesse qui
nous éblouissent et nous ravissent, très-dangereux
d’ailleurs à imiter, météores terribles pour une
école incertaine et un moment fatiguée, et qui
peuvent entraîner les faibles dans les marais et
les tourbières. Avant tout, Régnault fut un cher-
cheur, un travailleur, un ardent ; c’est le meil-
leur de son œuvre et de lui-même. Aujourd’hui
 
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