La chronique des arts et de la curiosité (1885)

n° 36

- 18S5.

BUREAUX, 8, RUE FAVART.

21 Novembre

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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LE DON DES « SIX TABLEAUX »

au musée du louvre

Mis en appétit par la nouvelle, dont nous
avons fait mention dans la dernière Chronique,
d'un « don exceptionnel » de six tableaux qui
venait d'être fait au Louvre, nous nous som-
mes rendu au musée avec le désir bien justi-
fié de voir ces fameuses œuvres que l'on ve-
nait, dit-on, de conserver la France et
d'arracher aux convoitises de l'étranger.
Quelle n'a pas été notre surprise d'appren-
dre que MM. les conservateurs du Louvre
ne savaient rien ou feignaient de ne rien
savoir, — comme aux beaux jours de l'affaire
Davillier;— que les tableaux n'étaient pas en-
core arrivés et qu'il était impossible de dire
encore quand ils arriveraient. Il nous a été
facile de voir à la mine des gens de la maison
que l'on n'était pas sans inquiétude sur la va-
leur et sur Vauthenticité de ces tableaux si bien
annoncés et prônés à l'avance, de ces tableaux
que le conservatoire du musée n'avait pas vus
et sur lesquels on n'avait même pas daigné
pressentir son opinion, alors qu'on lui impose
adminisiralivemeni l'obligation de les placer
à demeure sur la cimaise. Tout cela nous
semble assez étrange. D'où viennent ces ta-
bleaux, à quel amateur appartenaient-ils ?
Qu'est-ce que ce tableau de Lucas Gassel, un
médiocre peintre de la décadence flamando-
italienne, qui devient, si nous nous en rap-
portons à deux notes contradictoires publiées
par le journal le Temps, un Lucas Cranach?
Autant de points sur lesquels nous avons
Iiâte d'être fixés, pour l'honneur de notre
grand musée ; tout prêts, d'ailleurs, à applaudir
des deux mains si ces tableaux sont aussi
beaux et aussi « authentiques » qu'on veut
bien le dire.

Tout ce que nous croyons savoir, c'est que
la Vierge aa puits, de Botticelli, ne serait

que la copie d'un tableau qui appartient à un
des amateurs les plus connus de Paris.

Nous n'avons pas besoin d'ajouter que ces
réserves ne sauraient atteindre les personnes
généreuses et si bien intentionnées qui ont
voulu contribuer de leur bourse à l'enrichis-
sement de notre musée national.

Louis Gonse.

CONCOURS ET EXPOSITIONS

La direction des beaux-arts vient d'acqué-
rir, pour le faire placer au musée du Luxem-
bourg, la belle statue de M. Christophe : la
Natalité.

Le comité pour le monument de l'amiral
Courbet a tenu une séance intéressante, au
cours de laquelle le vice-amiral président a
annoncé que M. le ministre de la marine avait
bien voulu promettre le bronze pour la statue
de l'amiral Courbet, — du bronze provenant
de canons pris à l'ennemi.

Des décisions importantes ont été prises :
la souscription sera close à la fin du mois de
janvier prochain. L'exécution du monument
est confiée à trois artistes : M. Dubois, l'au-
teur du tombeau de Lamoricière; M. Mercié,
l'auteur de Gloria victis, et M. Falguière. Le
monument dû à la collaboration de ces trois
artistes éminents s'élèvera sur la principale
place d*Abbeville.

Nous avons parlé dernièrement du projet
très digne d'appui de l'érection d une statue
de Balzac à Tours.

D'autre part, M. E. Gonzalés, l'honorable et
sympathique président honoraire de la Société
des gpns de lettres, voudrait qu'on élevât à Pa-