La chronique des arts et de la curiosité (1890)

N° S. — 1890

BUREAUX : 8, RUE FAVART.

11 Janvier

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT II SAMEDI MATIN

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CONCOURS & EXPOSITIONS

Société des Artistes

A la Société des Artistes la situation est tou-
jours la même; leconflitpersisteàl'état aigu.
Peut-être n'est-il pas trop tard, dans l'inté-
rêt même des artistes et de la Société, qui a
déjà rendu à la corporation d'immenses ser-
vices, qui peut en rendre encore, pour
souhaiter que le calme se tasse dans les es-
prits et que la concorde renaisse au camp
d'Agramant. Le public jusqu'à présent as-
siste indifférent au combat, parce qu'il sait
qu'il ne peut sortir rien de bien fâcheux
pour lui de la situation actuelle et que le
vent de réformes qui souffle sur la Société
sera toujours au bénéfice de la galerie.

Tout le monde sait qu'au fond de la que-
relle il y a des questions de personnes, des
rivalités, des raacunes, des incompatibilités
d'humeur; c'est le secret de polichinelle.
Tout le monde a deviné que rien de tout cela
ne se serait passé si l'honorable M. Bailly,
président de la Société, n'avait pas été retenu
chez lui par une indisposition et si le vice-
président, M. Bouguereau, n'avait pas con-
duitla séance en y apportant,—de bonnefoi,
je le veux bien, — des idées entières, abso-
lues, des allures cassantes. C'est son attitude,
il faut le dire, quia laissé naître le tumulte.
Il a été, cela n'est pas douteux, le porte-
drapeau des mécontents.

Donc, aux yeux des modérés, la retraite de
M. Bouguereau s'impose. Elle serait le premier
signal d'apaisement qui permettrait peut-être
encore aux dissidents de revenir sur leurs pas.
Il faut que l'ancien comité soit promptement
renouvelé et que le nouveau, s'il veut extir-
per les causes profondes du conflit, mette
immédiatement à l'ordre du jour la discus-
sion des réformes que les dissidents ont
inscrites sur leur drapeau et que d'ailleurs
l'opinion de beaucoup d'artistes réclamait de-

puis longtemps :1a suppression des exempts,
la suppression des médailles et la nomina-
tion du jury par voie de roulement. Il con-
viendrait aussi qu'un artiste de la valeur dé
M. Meissonier eût dans le nouveau comité
la place qui lui est si légitimement due.
M. Meissonier a montré dans toute cette af-
faire beaucoup de clairvoyance et de déci-
sion. Lui seul aujourd'hui peut ramener l'u-
nion dans le monde des artistes.

Les réformes que voudrait réaliser le groupe
Meissonier sont d'ailleurs excellentes. On ne
comprend guère que la Société se décerne des
médailles à elle-même. Que l'Etat donne des
récompenses, c'est son rôle, c'est son devoir;
qu'il distribue des bourses de voyage, des
prix du Salon, qu'il achète des tableaux pour
les Musées, qu'il encourage les artistes, rien
de mieux: le Conseil des Beaux-Arts est là
pour s'acquitter avec impartialité de cette
tâche délicate. Mais que la Société soit à la
fois juge et partie, il y a là quelque chose de
puéril et qui offense le sentiment des gens
de goût.

Espérons que nous pourrons bientôt dire
avec Shakespeare: tout est bien qui finit bien.

L. G.

Une exposition des aquarelles de Jérusa-
lem, par M.Olivier Pichat, estouverte galeries
Durand-Ruel, 11, rue Le Peletier et Î6, rue
Laffltte, tous les jours, dimanche i exceptés,
de 9 heures à 6 heures, jusqu'au 20 janvier.

L'ouverture de l'Exposition de l'Union
des Femmes Peintres et Sculpteurs aura
lieu le dimanche 23 février, au Palais des
Champs-Elysées, et durera jusqu'au lh mars,
cinq heures du soir.

Le Salon des XX sera ouvert à Bruxelles
dans le courant de janvier. Voici la liste des
artistes, invités ou vingtistes, qui participe-