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La chronique des arts et de la curiosité — 1897

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Nr. 39 (11 Décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19745#0384
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LA CHRONIQUE DES ARTS

étude très développée de M. Fleres sur Macrino
d'Albe.

Des planches en photogravure accompagnent
les notices. Ces planches, exécutées parla maison
Danesi, de Rome, sont parfaites : aussi précises
que transparentes. Le dernier volume n'en con-
tient pas moins de vingt-neuf, sans parler des
gravures dans le texte.

L'on ne saurait trop féliciter M. Venturi du
dévouement et de l'esprit de méthode qu'il ap-
porte à cette publication. Voilà un exemple que
les états non affiliés à la « triplice » — et. sans
chercher bien loin, notre Musée du Louvre —
feraient bien de suivre. Le regretté Louis de
Ronchaud avait — si mes souvenirs sont exacts
— jeté les bases d'une publication de ce genre, lors-
que la mort l'a frappé. Le moment ne serait-il
pas propice pour reprendre son projet, mainte-
nant que nos musées jouissent et d'une autono-
mie et de ressources nouvelles?

E. Mùntz.

L'Arte in Bergamo e l'Accademia Garrara,

publication faite par le Cercle artistique de
Bergame, avec le concours de l'Académie, à
l'occasion du premier centenaire de sa fonda-
tion.

Cet ouvrage est comme le livre d'or de la ville
de Bergame et l'on ne saurait trop admirer l'in-
telligence avec laquelle l'Accademia Carrara a
dressé ce monument à la gloire des grands hom-
mes du passé et des chefs-d'œuvre qu'ils ont
laissés clans leur patrie. Bergame est la patrie
de Previtali, de Lorenzo Lotto, de Palma, de
Moroni, de tout un groupe de maîtres qui ont su
unir à l'éclat de la palette vénitienne, la grâce
plus discrète, le charme plus intime des écoles
de Parme et de Milan ; et la même tendresse se
retrouve chez le maître que Bergame a donné à
l'art musical, chez Donizetti.

Un chapitre de l'ouvrage est consacré aux mo-
numents de Bergame dont les plus remarquables
sont: le Baptistère, décoré de précieuses sculp-
tures du xive siècle; l'église Santa Maria Mag-
giore, dont les deux portes latérales sont un ex-
cellent spécimen de l'art roman du nord de
l'Italie, et la célèbre chapelle du condottiere Bar-
tolomeo Colleone, un des types les plus riches
de l'architecture de la Renaissance. Cette cha-
pelle est l'oeuvre du grand sculpteur milanais,
Amadeo, qui a dressé dans la même chapelle les
tombes du Colleone et de sa fille. La tombe du
Colleone est son chef-d'œuvre et elle a le grand
mérite d'être un spécimen certain de la manière
d'un maître dont la plupart des œuvres, et, no-
tamment, celles qu'il fit à la Chartreuse de Pa-
vie, sont trop souvent confondues avec celles de
ses collaborateurs.

La partie la plus importante du livre est con-
sacrée à l'étude du Musée de peinture formé par
la réunion des trois importantes galeries Carrara,
Lochis et Morelli. Dire que ce compte-rendu est
l'œuvre de M. Gustave Frizzoni, c'est dire qu'il
est fait par le critique qui peut aujourd'hui, plus
que personne, parler avec compétence de la pein-
ture du nord de l'Italie. Dans ce musée, à côté des
œuvres des peintres de Bergame, à côté de Ma-
dones et de portraits, œuvres de ce second Corrège
qui est Lorenzo Lotto et de ce Moroni qui par-

fois fait songer à Velazquez, on admire une sé-
rie de magnifiques œuvres de l'école milanaise,
une Vierge et une Déposition de croix de cet ad-
mirable Ambrogïo Borgogne, le Fra Angelic© du
nord de l'Italie, deux Saints de Bramanlino, une
Madone de Gaudenzio Ferrari, un portrait d'Am-
brogio de Prédis. De l'école vénitienne, est une
Madone de Jean Bellin, un portrait du Gior-
gione, une Nativité de Carpaccio, et les Floren-
tins, grâce à la collection Morelli, sont représen-
tés par un Botticelli, un Pesellino, un Francia,
un Raphaël, et par cette insigne rareté qui est
un portrait de Pisanello.

La ville de Bergame a le malheur d'être placée
un peu en dehors des grandes routes parcourues
par les touristes. Mais le livre publié par l'Acca-
demia Carrara fera comprendre aux amateurs
d'art le grand intérêt de cette jolie ville, et il
est à supposer que, désormais, elle fera partie
intégrante de ces itinéraires que les guides pro-
posent même aux voyageurs les plus pressés.

Marcel Reymond.

Un Parisien à Rome et à Naples en 1632,
J.-J. Bouchard; par M. Lucien Marcheix.
Paris, Leroux, et aux bureaux de l'Artiste.
In-8°.

Voici de l'inédit et du plus intéressant. M. Lu-
cien Marcheix, en attendant qu'il achève la pu-
blication intégrale du manuscrit inédit de J.-J.
Bouchard, en offre au public une analyse détail-
lée, écrite dans un style à la fois très ferme et
très délicat. Ce n'est pas chose commune que
l'alliance de l'érudition et du beau style français ;
lorsqu'on la rencontre, il faut la reconnaître et
la signaler avec empressement. La première par-
tie du voyage de J.-J. Bouchard en Italie avait
été déjà publiée, mais la seconde était inédite.
M. Lucien Marcheix, en la faisant connaître par
ce résume, qui servira peut-être de préface à sa
publication, complète ainsi une des relations les
plus significatives qui soient, sur l'état de l'Italie
au milieu du xvne siècle.

J.-J. Bouchard, malgré sa qualité de correspon-
dant de Peiresc, n'est ni un érudit, ni un philo-
sophe ; il n'est pas davantage un artiste. C'est un
aventurier de lettres, dont le départ de France
ressemble singulièrement à une fuite, et qui
promène sa bohème en Italie, à la recherche
d'un évêché ou d'un canonicat ou même d'une si-
tuation quelconque dans la maison d'un grand.
Un détail de sa relation nous donne son étiage
moral: il appelle son père Agamemnon, sa mère
Clytemnestre et se surnomme lui-même Orestès.
Cette pieuse comparaison entre sa famille et celle
des Atrides ouvre un jour précieux sur cette âme.
Ne le regrettons pas ; les aventuriers sont presque
toujours amusants et pittoresques. Celui-là, s'il
manque de sens moral, possède, dans toute sa
plénitude, le don de l'observation nette et crue.
Son tableau de l'Italie n'a pas la tournure d'un
guide, loin de là, et rien n'est plus curieux, rien
n'a un plus sincère accent de vérité que sa des-
cription des hommes et des choses.

L'imagination littéraire n'invente pas ces voya-
ges hasardeux à travers un pays peuplé de bri-
gands, ces hôtelleries immondes, ces villes aban-
données aux buffles et aux serpents, ce Naples
 
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