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La chronique des arts et de la curiosité — 1897

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Nr. 39 (11 Décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19745#0385
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ET DE LA CURIOSITÉ

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fourmi liant de peuple et cette Rome silencieuse
et comme déserte.

Les aventures ne lui manquent pas non plus :
il est arrêté comme espion par les Espagnols,
pour avoir voulu se faire passer comme Italien
quand ses lettres de crédit le donnaient comme
authentique Français. Il rencontre également
sur son chemin des curiosités de marque, comme
le corps momifié du connétable de Bourbon,
debout, botté et éperonné, dans une armoire
de la citadelle de Gaëte. Mais le principal intérêt
de ses relations est dans la précision de ses ren-
seignements. Par lui, nous avons une exacte idée
de l'état, au xvii0 siècle, de bien des vestiges an-
tiques aujourd'hui disparus, et de bien des monu-
ments chrétiens transformés dans les siècle sui-
vants. A ce titre, Bouchard est un voyageur dont
le témoignage est valable.

Il mourut à Rome, probablement des suites
de coups de bâton administrés par ordre du ma-
réchal d'Estrées, notre ambassadeur. Son rêve
de fortune ne fut pas réalisé : ni évêque en Italie,
ni chanoine en France. Bouchard était de ces
hommes à qui l'on donne des lettres de recom-
mandation pour des correspondants qu'on prie
de n'en pas tenir compte. Il ne méritait que ce
qu'il obtint. Sa chance a même dépassé son mé-
rite, puisqu'il revit encore après deux cents ans
d'oubli.

G. S.

Au son des Cloches, contes et légendes, par
Emile Gebhart. Paris, Hachette et G16, 1898.
Un vol. in-12 de 291 pages.

Ce livre appartient à l'art et aux artistes. On y
trouve ce don que rien ne remplace et que rien
ne confère : le sens plastique. Chacune des dix-
sept histoires qui le composent forme un tableau.
Et je vois Irès bien un peintre lisant un pareil
ouvrage, afin d'en inspirer sa fantaisie. Dans ce
temps-ci, l'on nous persécute avec une prétendue
vérité historique, aussi fausse, bien souvent, que
pas une légende, mais plus aisée à obtenir parce
qu'elle ne requiert point le talent, heureusement
pour ses adeptes ; il est encourageant de voir un
écrivain, aussi savant que personne, se jouer à
son aise avec "L'histoire, et dégager la poésie,
plus vraie que le vrai, de toute la matière accu-
mulée.

M. Emile Gebhart sait nous rendre l'enchante-
ment de ces grandes images auxquelles nous ra-
vissait la magie d'un Ernest Renan. Le spectacle
commence avec une Epiphanie, car nous sommes
au crépuscule du monde antique, à l'aurore du
monde nouveau. Les lassitudes infinies de l'an-
tiquité défaillante et les premières crises du
christianisme et de l'apostolat viennent après la
marche des Trois Rois.

Et puis, nous sommes en France, avec Dago-
bert et saint Éloi. M'est-il permis d'avouer que
j'aime entre toutes, et même au milieu des pein-
tures si puissantes qui sont faites ici de l'Italie,
ce conte français, cette histoire de chez nous?
Elle m'a rendu l'impression que me donnait na-
guère, à l'Académie de Florence, un petit pan-
neau attribué à Botticelli; c'est tout justement
un saint Éloi ferrant le cheval d'un voyageur :
la forge, les rougeoiments du fer et du feu, la
nuit sur la route, une odeur d'air frais, de fu-

mée : au milieu des salles où se détachait la
peinture des Florentins, je tressaillis à cette im-
pression d'Ile-de-France, le retour sur un vieux
chemin villageois, à l'automne, quand le soir
tombe.

Plusieurs récits nous rendent la noble impres-
sion que faisait cette œuvre si justement consa-
crée du même auteur : Autour d'une Tiare.
Et, dans L'Abbaye de Cloche-Fêlée, on voit que
l'écrivain a souvent ouï sonner les cloches au
pays de Jacques Callot.

Les deux Florence, la cléricale et la bourgeoise,
la prosaïque et la mystique, sont mises en pré-
sence par Savonarole et Machiavel. Machiavel
incarne Satan. C'est un grand honneur pour le
Malin, plus malin ce soir-là qu'il ne fut jamais;
car le scribe florentin, l'âpre Niccolo, pouvait
seul comprendre et sauver sa patrie, s'il n'avait
pas dû vivre les poings liés par la servitude. Ma-
chiavel, honore le Diable, et jamais on n'a dépassé
la force de sa politique.

Trois esquisses de notre époque, d'une sobre
vigueur, achèvent un livre dont j'ai trop mal dit
le charme pénétrant et rare.

Pierre Gautiiiez.

MOUVEMENT DES ARTS

Collection de M. A. M.

Vente faite à l'Hôtel Drouot, du 29 novembre
au 2 décembre :

503. Tapisserie de la fin du xve siècle, person-
nages divers : Virgile, Gaiien, etc.; inscrip-
tions françaises en caractères gothiques; à la
partie supérieure, les armes de France (350-240) :
1.260. — 504. Tapisserie du xvir3 siècle, groupe
de personnages richement vêtus, fond de paysage ;
bordures de fruits et fleurs (320-250) : 740. — 505.
Tapisserie du xviie siècle : Minerve debout (230-
140) : 180. — 509. Tapis de la manufacture de
Beauvais, en tissu genre Savonnerie, à dessin
de rinceaux et de fleurs en couleurs sur fond
marron : 2.600.

Vente Slaes

La vente Slaes, faite à Bruxelles le 15 novem-
bre et jours suivants, a produit 97.375 fr.; une
grande tapisserie de Flandre a été adjugée 24.000
francs.

Dans une vente qui a eu lieu à Munich, une
pièce genevoise unique a atteint le prix excep-
tionnel de 79.175 francs. C'est un thaler frappé
sur un flan de quadruple épaisseur, au millésime
de 1598, poitant au droit la légende Geneva ci-
vitas, entourant l'aigle et la clef, surmonté du
soleil, avec le monogramme du nom de Jésus; au
revers, l'aigle impériale entourée de la devise de
la Ville. Au revers, également, se trouve un G
renfermant un J, initiales de Jean Gringalet,
maître de 1593 à 1601. Il n'existe que deux autres
thalers sur flanc quadruple, ceux de 1573 et 1596 :
le premier est conservé au Musée de Gotha et le
second à celui de Zurich.
 
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