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La chronique des arts et de la curiosité — 1897

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Nr. 40 (18 Décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19745#0388
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378

LA CHRONIQUE DES ARTS

Ce délai n'est pas exagéré, si l'on songe
qu'en dehors des matériaux de construction,
les ruines de l'ancien palais comportent en-
core quantité de rampes d'escaliers en fer
forgé, de candélabres, de balcons, et surtout
les fameuses fresques de Chassériau, dont
l'enlèvement nécessitera des travaux préa-
lables qui demanderont beaucoup de peine et
de temps.

Ces fresques, par suite de l'adjudication des
matériaux de la Cour des comptes, devien-
nent la propriété de l'entrepreneur.

On annonce qu'un don important vient
d'être fait au Musée de Rouen : c'est celui de
247 dessins et aquarelles et d'un tableau de
van Daël, offerts par M>,c Marjolin, fille du
célèbre peintre Ary Scheffer. La collection de
dessins comprend des œuvres d'une grande
valeur artistique, telles que : études et es-
quisses d'Eugène Delacroix; croquis et aqua-
relles de Pils, Charles Jacque, Théodore Rous-
seau, Calame, Troyon, Bénouviile ; études
et fleurs de Jacotot, et la suite complète des
aquarelles originales de Tony Johannot pour
l'illustration du Vicaire de Wakefleld. Une
exposition spéciale de cette intéressante dona-
tion sera faite prochainement et un local spé-
cial, portant le nom de salle Marjolin-Scheffer,
lui sera attribué.

En creusant une fosse, à Celles, des
ouvriers ont découvert une statue de N.-D. de
Pitié du xivc siècle, d'environ 60 centimètres
de hauteur. La sculpture est d'un beau travail.
La tète est très expressive et le corps du
Christ, un peu mutilé, n'est pas sans offrir un
certain intérêt.

Les journaux anglais annoncent que
toutes les œuvres à venir du peintre Whistler
sont d'avance acquises à un syndicat. Cette
Société se propose de les exposer dans un lo-
cal de Manchester Square qui prendra le nom
de Whistlerian Gallery.

PETITES EXPOSITIONS

PEINTURES DÉCORATIVES DE M. CORMON

M. Gormon expose en ce moment, au Cer-
cle de l'Union Artistique, un ensemble déco-
ratif important ; il se compose de treize
morceaux,un vaste plafond et douze compo-
sitions de moindre grandeur, dont le thème
général est révolution de la race humaine
et qui doivent orner la grande salle du Mu-
séum d'histoire naturelle.

Les deux premiers panneaux sont comme
le prologue de l'histoire qui va être racon-
tée. L'homme n'apasencore fait son appari-
tion sur la terre, dont les seuls maîtres ne
sont que les grands animaux des périodes
antédiluviennes ; les voici qui prennent leurs

ébats clans d'étranges et luxuriants paysa-
ges. Dans l'une de ces compositions, je re-
connais le monstrueux mammouth de l'épo-
que glaciaire; dans l'autre, il faut voir,
paraît-il, le mégatherium, le machœrodon et
le glyptodon.

De nouvelles perturbations ont modifié la
face de notre planète et fait disparaître ces
premiers spécimens du règne animai.
L'homme a fait son apparition. M. Cormon
n'a pas A^oulu nous le montrer à ses débuts ;
il est déjà loin du singe anthropoïde que la
science moderne veut nous donner pour
ancêtre clans le joli tableau où l'artiste nous
le montre dévorant, avec une activité
animale, une sorte de poulpe, tandis que sa
compagne, accroupie clans une attitude sans
grâce, sonde un creux de rocher. Peu à peu
cependant la nécessité le rend ingénieux, et,
en même temps que sa vie se fait moins mi-
sérable, il acquiert une dignité physique qui
l'éloigné chaque jour un peu plus de la
brute. Au lieu de n'attendre que du hasard
le soutien de sa vie, il va bientôt la conqué-
rir par la chasse et la pèche et l'améliorera
par l'agriculture. D'un silex, grossièrement
taillé, il se fera une arme d'abord, puis un
outil; riiiATcntion de la poterie lui permettra
de conserver ses récoltes et cle cuire ses ali-
ments ; elle le mènera bientôt à la fabrica-
tion du fer, qui sera une nouvelle et défini-
tive étape vers un état social plus avancé.
Désormais l'homme est émancipé ; selon ses
aptitudes spéciales et les ressources du cli-
mat sous lequel il lût, il sera la souche d'un
grand peuple ou végétera sans perfectionner
cette civilisation rudimentaire ; il n'en sera
pas moins un être à part dans le monde or-
ganisé.

Le plafond résume et conclut, dans une
sorte d'apothéose, cette rapide histoire de
l'humanité. Au premier plan apparaît
l'homme primitif; à droite, on entrevoit les
races sémitiques ; dans le fond, celles que
notre orgueil qualifie d'inférieures, noirs
d'Afrique et Peaux-Rouges d'Amérique, tan-
dis que, clans une lumineuse chevauchée,
les races aryennes défilent, entraînées par
la Grèce vers la lumière...

Telle est l'œuvre de M. Gormon, œuvre
intéressante à plus d'un point de vue et
dont, je le dis tout de suite, il convient cle ne
parler qu'avec respect, ils sont rares, en
effet, les artistes qui consentent à consacrer
plusieurs années de leur Aie à de pareils
traATaux. Les difficultés matérielles inhéren-
tes à d'aussi vastes entreprises, les inévita-
bles tâtonnements qu'elles comportent, la
documentation qu'elles exigent aussi bien
que la modicité des subventions officielles,
en éloignent la plupart des peintres qui,
comme M. Cormon, n'ont que l'embarras du
 
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