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La chronique des arts et de la curiosité — 1897

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Nr. 40 (18 Décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19745#0389
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ET DE LA

choix pour obtenir une plus large et plus
facile rétribution de leur talent. Il faut donc
savoir gr.é à ceux qui les tentent et combat-
tent courageusement pour ce qu'on appelle,
suivant une expression juste bien qu'un peu
démodée, le grand art.

M. Cormon avait, pour mener à bien une
pareille tâche, toutes les quatités requises :
une valeur technique indiscutable, l'habi-
tude des vastes compositions, et, aussi, une
prédilection qui s'est de bonne heure affir-
mée pour ces Ages lointains où l'humanité
bégayait ses premières paroles. Ces multi-
ples ressources l'ont servi à souhait. Suffi-
samment variés d'aspect et de ton, sans
qu'aucun nuise à l'homogénéité de l'ensemble,
ses tableaux sont peints dans une gamme
lumineuse et douce, dont rien ne vient dé-
ranger la tranquille harmonie; ils plairont
aux artistes par la probité de l'exécution,
l'heureux agencement des groupes, la dis-
tinction du style ; ils intéresseront les plus
humbles intelligences par l'ingénieuse clarté
avec laquelle l'artiste a su développer sa
pensée. Si l'on pouvait y regretter quel-
que chose, ce serait leur correction un peu
froide et qui, dans certains morceaux tout
au moins, n'évoque pas avec une suffisante
énergie une humanité encore embryonnaire
et à peine sortie du chaos.

Nous avons eu la curiosité, en quittant
M. Cormon, d'aller revoir, à l'École de Phar-
macie, les décorations de M. Besnard qui,
dans quelques-unes de ses fresques, a traité
des sujets analogues. Sans essayer, entre
les deux œuvres, un inutile parallèle, il est
permis de remarquer que celle de M. Besnard
donne une idée plus juste peut-être, plus
étrangement saisissante en tous cas, de ces
premiers âges de notre planète. Ici, dans un
fantastique paysage de lagune où l'on se
sent au lendemain du déluge, d'énormes pa-
chydermes pataugent lourdement ; là, deux
formidables ichthyosaures, aux larges tètes
vipérines, se jouent dans une mer hou-
leuse, éclairée par la douteuse clarté d'un
louche soleil; plus loin, un être indéfinissa-
ble, une sorte d'inquiétant prognathe, au
AÙsage vaguement humain, guette, sur la
berge d'un lac, le poisson qui lui servira de
nourriture ; enfin, pour conclure et mesurer
le chemin parcouru, un homme de nos jours
qui, confortablement assis sur la terrasse
(l'une Ailla, domine un port immense,
muni de l'outillage compliqué de l'industrie
moderne. Cette conception, elle aussi, u'est-
elle pas grandiose et ne résume-t-elle pas à
souhait, en son suggestif laconisme, l'his-
toire de l'humanité?

Octave Fidjèhe.

CURIOSITÉ

Comment on restaure Versailles

(Suite) (1)

J'avais l'intention d'écarter de cette en-
quête toute question d'esthétique pure. Je
comptais m'attacher uniquement à la répar-
tition désastreuse des crédits, et me contenter
d'une sèche énumération des restaurations
les plus condamnables. Ce serait faire injure
aux lecteurs de la Gazette. Il convient d'é-
largir le débat. Il s'agit, avant tout, de pré-
server ce qui reste de la beauté auguste et
méconnue de Versailles contre tout attentat
futur. Je me permettrai donc, en passant et
sans jamais oublier les questions d'ordre
purement administratif, de préciser en quoi
consiste cette beauté, pour l'historien et
pour l'artiste, sinon pour l'architecte, et de
quelle manière on la menace. Quelques
exemples suffiront pour montrer à quelle
étrange esthétique obéissent les restaura-
teurs et à quelle singulière conception de
leur rôle il faut attribuer les dégâts qu'ils
ont consommés. Je serai ensuite tout na-
turellement amené à indiquer les remèdes
du mal dont j'aurai ainsi défini les causes.

IV. LES TRFANONS

Puisque nous sommes au Pavillon fran-
çais, continuons par les Trianons. Nous
reviendrons ensuite au Parc. Nous termi-
nerons par le Château. Des exemples capi-
taux de ce que le service d'architecture en-
tend par le mot « restauration » nous y at-
tendent. Ils achèveront d'éclairer la religion
du lecteur.

Donner partout à l'ancien l'aspect clic
neitf, tel semble être le principe du direc-
teur de ces restaurations.

1. Le Petit Trianon.

La façade latérale du Grand Trianon, le
Pavillon français semblent des construc-
tions d'hier. Le Petit Trianon, finement gris,
doré par les saisons, sali aux yeux des res-
taurateurs par la haïssable patine du
temps, faisait scandale au milieu de cet
ensemble éblouissant de bâtisses neuves.
On y a porté remède. On est allé au plus
pressé. Les soubassements menaçaient
ruine : on les a négligés. Mais on a gratté
les murs : aujourd'hui, à trois cents mètres,
la façade grattée aveugle. — La restaura-
tion des soubassements était indispensable
et urgente : elle pouvait donc attendre : on
était sûr de la retrouver plus tard : cette
année, on demande 10.000 francs pour la
(( continuer». Mais l'enlaidissement inutile,
on l'a accompli sans retard; mais, depuis
longtemps, si les soubassements attendent
toujours, les murs sont « propres ».

— Cette « propreté » est obtenue aux dépens
delà pierre diminuée, des encadrements ex-
quis des portes et des fenêtres? Soit Mais
qu'importe, puisque Trianon nettoyé sem-

(1) V. la Chronique des Arts du 11 décembre
1897.
 
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