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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 3 (15 Janvier)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0030
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LA CHRONIQUE DES ARTS

n’y ait guère que des agités? Mais qu’ils regar-
dent! Il est le plus humble des observateurs, eux
sont les'plus présomptueux des maniéristes; le plus
acharné recommenceur, le plus patient des labo-
rieux, eux les plus bâcleurs, les plus vite satisfaits ;
le plus délicat, le plus nuancé, le plus discret des
coloristes, eux les plus violentsdes chromistes. « Mo-
deler : moduler », disait-il, etpour eux peindre c’est
faire du tapage avec de la couleur. Cézanne aura ses
disciples ; il n’a guère eu jusqu’à présent que des
suivants perfides.

Exposition Camille Pissarro

(Galerie Durand-Ruel)

L’ami de Cézanne, celui qui l’initia au travail en
plein air. Groupe d’honnêtes gens que celui des im-
pressionnistes. Voici ces toiles de Pissarro calmées
sous le vernis, même parfois éteintes, mais fran-
ches comme du pain de campagne. Sans doute la
forme, le modelé avaient moins d’attraits pour lui
que pour Cézanne et son œil moins de finesse, son
effort moins d’obstination, mais comme lui il atta-
quait bravement ces motifs qui ont effrayé les
paysagistes antérieurs, même les meilleurs, même
Corot. Des motifs tout en verts, des arbres, sans
opposition; des premiers plans nus, des terres la-
bourées, des murs de ferme sans pittoresque. Les
rues de Paris, non pas les ruelles, mais les voies
de M. Haussmann, peindre cela aussi était coura-
geux. Pissarro a reçu, paraît-il, quelques conseils
deCorot.il a aussi pensé à Millet, et même il l’a con-
tinué. Ses paysans deSeine-et-Marne sont très vrais
dans ses marchés, sa fillette assise à l’ombre, dans
une pose un peu gauche et raide, a un natura-
lisme sans l’arrière-pensée littéraire que laissent
souvent deviner les paysanneries.

Exposition Vallotton
(Galerie E. Druet)

Le naturalisme de M. Vallotton est parfois pé-
nible. Il n’y a pas chez lui de parti pris de faire
laid, mais enfin il a un respect des imperfections
de ses modèles qui n’est pas toujours fait pour
attirer. L’œuvre de M. Vallotton est considérable ;
elle n’est exposée qu’en partie chez M. Druet.
J’aurais aimé y revoir ses belles gravures sur bois
et cette toile où, devant un mur de brique, des
baigneuses aux formes arrêtées s’ébattaient comme
des Japonaises d’Outamaro. Les plus récentes pein-
tures de M. Vallotton sont des œuvres qui ne lais-
sent rien au hasard, qui sont également finies en
toutes leurs parties. Ce sont ces qualités, de plus
en plus rares, et aussi la force avec laquelle —
véritables fiches anthropométriques — elles re-
tiennent le particulier des formes individuelles, le
courage avec lequel elles se défendent de tout
poncif, qui font leur valeur et qui inspirent l’estime.

J.-F. Sghnerr.

Académie des Beaux-Arts

Séance du S janvier

Bureau. — M. Nénot, président sortant, pro-
nonce l’allocution traditionnelle et invite M. Mas-
senet à prendre place au fauteuil.

Élection. — L’Académie procède à l’élection d’un

membre libre en remplacement de M. Gruyer. La
commission avait classé les candidats dans l’ordre
suivant : en première ligne, M. de Selves; en
deuxième ligne, M. Augé de Lassus; eu troisième
ligne, M. Marius Vachon; en quatrième ligne,
M. de Fourcaud; en cinquième ligne, M. Albert
Carré. A ces noms l’Académie avait ajouté celui
de M. Mounet-Sully.

Au deuxième tour, M. de Selves est déclaré
élu membre libre de l’Académie par 22 voix, contre
3 à M. de Lassus, 13 à M. de Fourcaud, 1 à M. A.
Carré et 1 bulletin nul.

M. Justin-Germain-Casimir de Selves est né à
Toulouse le 19 juillet 1848. Après avoir été succes-
sivement avocat, préfet et directeur des Postes et
Télégraphes, il est aujourd’hui, comme on sait,
préfet de la Seine.

Délégation. — Sont délégués à l’inauguration
de l’Exposition de l’art français du dix-huitième
siècle qui doit avoir lieu à Berlin, le 25 de ce mois,
dans les locaux de l’Académie des Beaux-Arts de
cette capitale, MM. Cormon, Bonnat, Antonin
Mercié, G. Ferrier, J.-P. Laurens, Jules Comte
et Roujon.

--

Académie des Inscriptions

Séance du S janvier

Candidatures. — Lecture est donnée des lettres
par lesquelles MM. Charles Diehl, professeur à la
faculté des lettres de Paris, correspondant de
l’Académie, et Jean Psichari, professeur à l’Ecole
des langues orientales vivantes et à l’Ecole supé-
rieure des Hautes études, posent leur candidature
au fauteuil vacant par suite du décès de M. Henri
Weil.

CORRESPONDANCE DE COPENHAGUE

Plus d’une nation fêta un peintre, un sculpteur
riche d’années et de gloire. Le Danemark vient
de glorifier, à juste titre, le plus illustre de ses
céramistes. II s’agit de M. Arnold Ivrog, qui exerce
depuis un quart de siècle les fonctions de directeur
d’art à la manufacture royale de porcelaines. Les
circonstances ont donné à cet hommage un carac-
tère particulièrement élevé et touchant. La fête a
été célébrée à l'hôpital même où M. Krog avait dû
entrer depuis quelque temps, en raison de l’état
fâcheux de sa santé. C’est dans une salle spécia-
lement aménagée à cet effet que M. Krog a reçu
différentes délégations : celle des artistes et des
ouvriers lui remit une statuette en bronze, due
au sculpteur Cari Martin Hansen et représentant le
maître en tenue de travail, une statuette à la main ;
du personnel administratif, M. Krog reçut un ca-
chet dont les motifs étaient empruntés à ses propres
ouvrages; ce double don se trouva complété par une
adresse commémorant les services incomparables
rendus à la manufacture royale par M. Krog. Des
fleurs, des télégrammes, venus souvent de fort loin,
attestèrent en quelle estime le maître céramiste
était tenu hors même des frontières de son pays.

Rappelons brièvement le caractère de celui qui
fut l’objet de tant d’hommages. M. Krog s’était
voué à l’architecture, lorsqu’en 1885, Philippe
 
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