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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 18 (30 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0148
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LA chronique des arts

à M. Guimet, par l’impératrice mère, peu de
temps avant qu’elle mourût, en remercie-
ment de la restitution faite par M. Guimet à
la cour de Pékin de deux grands sceaux
impériaux qui avaient été pris comme butin
à la suite du siège des légations. L’une de
ces peintures, œuvre d’un empereur du
xne siècle, Siu-on-IIo, représente un des pré-
décesseurs de ce dernier, l’empereur Ming-
Houang instruisant son fils. Les trois autres
sont des paysages et des chevaux, par le
célèbre peintre chinois du xive siècle Thao-
Meng-Fou. A ces œuvres s’ajoutent d’autres
peintures, dont les dates s’étendent du ixe
siècle à nos jours.

*** La commission administrative des
Beaux-Arts, réunie à l’Hôtel de ville, a attri-
bué le montant du legs Lheureux à M. Fou-
cault, architecte, auteur de l’agrandissement
de l’hôte! Carnavalet.

*** Le 2 mai s’ouvrira, à la galerie Georges
Petit, l’exposition que nous avons annoncée,
de vingt peintres du dix-neuvième siècle, or-
ganisée par la marquise de Ganay, au profit
de l’Assistance aux militaires coloniaux et
légionnaires. L’exposition réunira des œuvres
très importantes de Corot, Courbet, Th.
Rousseau, Millet, etc. Un prix d’entrée spé-
cial, fixé à 20 francs, sera perçu le jour de
l’inauguration. On peut s’assurer des cartes
à la galerie Georges Petit.

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LE VERNISSAGE DU SALON

DE LA

Société des Artistes Français

Ce Salon est celui rie la peinture décorative et de
la sculpture monumentale. Jamais la nef du Grand
Palais ne s’est trouvée peuplée de bronzes, de plâ-
tres, de marbres en tel nombre et d’aussi vastes
dimensions. On prévoit le temps où un départ de-
viendra nécessaire entre les inventions destinées à
la place publique et celles, de moindre format, qui
sollicitent l’accès des musées et des demeures par-
ticulières. Le mélange d’ouvrages de matières,
d’échelles, d’exécutions différentes aboutit à un
désordre voisin de l’anarchie. Le premier aspect
décourage, épouvante et risque de compromettre le
jugement qu’il sied de porter sur la section prise
dans son ensemble.

Elle est en réalité riche de vie et d’attraits; elle
abonde en leçons, en avertissements, en présages
d’heureux augure. Il n’est point douteux que Fin-
fluence de M. Auguste Rodin ait été, ici aussi,
souveraine et bienfaisante. Elle s'est exercée sur la
conception non moins que sur la technique. Ses
disciples, conscients ou inavoués, n’ont pas seule-
ment appris de lui à modeler par le plan, mais à
signifier par la forme. Il a rappelé d’exil l’idée, le
sentiment, le caractère, l’expression. Je ne mécon-
nais rien de l'intérêt qui s’attache à la'stèle de M.
Landowski et à son groupe de Y Hymne à l'Au-
rore; ni la majesté, ni l’émotion n’en sont ab-
sentes; il n’en reste pas moins que, sans M. Rodin,
nous ne connaîtrions pas de semblables aubaines.

Par lui, la statuaire française s’est trouvée ra-
menée dans la voie de sa tradition véritable.

Les sculpteurs sont gens modestes; ils se met-
tent si entièrement dans leurs ouvrages qu’ils
apportent peu de hâte à les signer. Plus d’une
figure se rencontre dont il serait malaisé, à l’heure
présente, de dévoiler l’auteur. En ce qui concerne
les monuments, il n’arrive pas souvent que l’artiste
possèdel’âme héroïque réclamée par la mission dont
on l’investit. M. Henry Bouchard n’a pas failli à
la tâche. Invité à commémorer un deuil national
(.Monument aux aéronaules du dirigeable « La
République »), il s’est souvenu des gisants et des
effigies funéraires de notre moyen âge ; sur la
dalle du tombeau, un et quadruple, il a étendu
côte à côte ceux qu’a unis la fatalité d’un tragi-
que destin. Leurs images se modèlent en bas-relief.
L’impression est d’une saisissante grandeur dans
sa force et sa simplicité. Le groupe de Camille
Desmoulins, par M. Jean Boucher, offre un second
cas de réussite. Ne vous arrêtez pas à une certaine
parité d’ordonnance avec la Marseillaise de Rude.
L’analogie n’est que superficielle; à un examen
moins rapide, la vie des personnages, individuelle et
très intense, s’atteste toute différente. Le mou-
vement qui anime l’ensemble, montre une fougue
en parfait accord avec le sens de l’action. — La gra-
vité s’empreint de tristesse dans l’emblème de la
Patrie que propose M. Antonin Cariés ; le masque,
l’attitude, gardent la noblesse, le caractère de
fierté et de réflexion profonde à quoi se recon-
naissent certaines figures peintes par M. Agache.

On voudrait dire plus au long le mérite qui s’atta-
che à ce que crée M. Hippolyte Lefebvre : c’est
un artiste à l’inspiration haute, variée, qui atteint,
sans contrainte, au dramatique ; sa figure du Car-
dinal Richard paraît douée au plus haut point
d’impression et de style ; et ce sont encore des
exemples recommandables de statuaire iconique
que le Jean Bellovaque de M. Henri Gréber et
le Carpeaux de M. Desruelles.

M Gustave Michel fut parmi les premiers à
lutter en faveur d’une « sculpture de pensée » et,
quand le souvenir récapitule son œuvre déjà lon-
gue, généreuse, l’élévation de l’idée trouve à
émouvoir, non moins que la beauté de la forme.
La Chronique a exalté comme il convenait, jadis
et dès son apparition, l'Extase de l'infini ; mais
de pareilles inventions gagnent toujours à revêtir,
sous les espèces du carrare, un caractère qui s’ac-
corde mieux avec leur symbolisme éternel. — Silo
groupe de M. Charles Jacquot, F Homme aux
loups, bénéficie pareillement de son interprétation
dans une matière définitive, cela tient, semble-t-il,
à d’autres raisons: la pratique du marbre est fami-
lière à M. Charles Jacquot ; il est son propre pra-
ticien ; il a donc repris du tout au tout son mo-
dèle, et il en a singulièrement accru le sens et la
beauté par des accents nouveaux, par des trou-
vailles incessantes venues au bout du ciseau,
pendant l’exécution.

« Le Moderne, tout est là », disaient les Concourt
dans Manette Salomon. Et les sculpteurs, après
les peintres, expérimentent l’aphorisme, qui a plus
de cinquante années de date. Les productions qui
s’inspirent de la vie ambiante ne sont et ne peu-
vent être toutes d’une venue également heureuse.
En pareille occurrence, le danger est de choir, par
défaut de jugement, dans une imitation plate ou
littérale de la réalité. Ce qui plaît chez M. Roger
 
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