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CARTHAGE

plus découvre-t-on de temps à autre, dans la profondeur de la terre, des
citernes qui peuvent remonter à l'époque pré-romaine ; encore ont-elles
été utilisées et réparées dans la suite. La Carthage d'Hannibal, c'est par
l'imagination seule que nous pouvons l'atteindrè; elle n'appartient pas à
l'érudition, mais au roman. Flaubert seul peut nous en donner une idée.

Les guerres puniques sont trop connues pour qu'il soit nécessaire d'y
insister ici. On sait que la troisième et dernière amena les Romains
jusque sous les murs de leur rivale; le siège dura trois ans; les assié-
geants ne montrèrent pas moins de ténacité que les assiégés ne
déployèrent de courage. On vit là, une fois de plus, ce que peut un
peuple, même dépourvu de qualités guerrières comme l'était celui de
Carthage, même amolli par le luxe et divisé par des compétitions des
grands, lorsqu'il s'agit de défendre son indépendance. Après des efforts
inouïs, la vaillante cité succomba.

La vengeance de Rome fut terrible. Delenda Carthago! ne cessait
de répéter Caton au Sénat : Il faut détruire Carthage ! On la détruisit.
Dix délégués furent envoyés en Afrique pour présider à la ruine complète
de la ville, qui fut rasée au niveau du sol. Ce que l'assaut donné dans les
rues ou le feu mis par les habitants avait laissé debout, tomba sous la
pioche des soldats de Scipion.

Tl n'est donc point étonnant que l'on ne retrouve presque rien aujour-
d'hui de l'époque punique, sinon des tombeaux. Les morts seuls ont
échappé à la destruction systématique ordonnée par le vainqueur.

Pourtant, il n'était guère possible qu'un emplacement aussi merveil-
leux et un terrain si étendu restassent longtemps déserts : l'intérêt même
des Romains était de s'y établir. Caius Gracchus, le premier, semble
l'avoir compris. Il y conduisit en 122, vingt-quatre ans après la destruc-
tion de la ville, une colonie qui végéta pendant soixante-dix années;
César, reprenant à son compte le projet du tribun, y envoya à son tour
des vétérans; Auguste, enfin, couronna l'œuvre de ses devanciers en y
établissant des citoyens romains empruntés aux villes voisines — par
une coïncidence qui n'est pas l'effet du hasard, Virgile écrivait l'Enéide
à cette époque. Dès lors une vie nouvelle commence pour Carthage. Tous
les empereurs qui se succèdent durant les trois premiers siècles de notre
ère, surtout ceux du second siècle, Hadrien, Antonin le Pieux, Septime-
Sévère, lui témoignent tour à tour leur sollicitude; elle se couvre de
monuments somptueux dont quelques-uns se reconnaissent encore; elle
connaît à nouveau le luxe et la fortune; le commerce et l'industrie s'y
 
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