PILIER MYSTÉRIEUX.
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précédentes des différences qui ies caractérisent. Le premier est un guerrier, un héros. On
le reconnaît à sa cotte de mailles et à ses éperons; et ii est évident que le second ne Test pas.
On en voit la preuve dans l'absence de la cotte de mailles et d'un fourreau d'épée et dans
la fente de la chaussure. J'ajoute que Reginn ne perce une seconde fois le sein de son frère
que pour arracher son cœur :
H )ui ôta te cœur et but te sang de ta ptaie.
Or que veut dire la main gauche avancée vers la plaie, sinon cette dernière circonstance
du sombre drame. Cette paume qui se redresse, ces doigts qui se courbent n'indiquent-ils
pas au mieux l'action de s'emparer violemment d'un objet désiré? Manger le cœur, boire le
sang d'un dragon, c'était se pénétrer de son courage. Enhardi par le sang qu'il vient de
boire, Reginn feint de vouloir prendre quelque repos : c'est pour ourdir une trahison. En
même temps recommencent des altercations indices d'une catastrophe prochaine.
REGINN.
Assieds-toi ta, Sigur ; moi je vais atter dormir. Tiens te
cœur de Fafuir auprès du feu : je veux manger son cœur
après avoir bu son sang.
SIGGRD.
Tu restais à i'écart, tandis que je teignais mon gtaive attitë
danste sang de Fafnir; tandis que je combattais dans ma
force te vigoureux dragon, tu étais caché dans ta bruyère !
REGINN.
H serait resté iongtemps couché sur son or, le vieux géant,
si tu n'avais pas eu en main te gtaive atlité que j'ai forgé pour
tci.
S1GURD.
Mieux vaut te courage du guerrier courroucé que ta pointe
du gtaive aigu. Souvent j'ai vu dans ta main du brave t'arme
émoussée gagner ta victoire.
Les jeux de Hitdur conviennent mieux à l'audacieux qu'au
lâche. L'homme joyeux sait mieux braver te sort que l'homme
triste.
Pendant le sommeil feint de Reginn, Sigurd rôtit le cœur du dragon,, et, comme le sang
sort en bouillonnant, il avance le doigt pour en goûter et éprouver si le mets est assez cuit ;
mais il se brûle, et porte à sa langue le doigt endolori. A l'instant s'opère une merveille. Une
vertu secrète du sang des dragons était de donner aux hommes l'intelligence du chant des oi-
seaux. Le héros entend tout surpris des voix qui sortent du feuillage; il prête l'oreille : des
aigles causaient ensemble et parlaient de lui et de Rgeinn.
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précédentes des différences qui ies caractérisent. Le premier est un guerrier, un héros. On
le reconnaît à sa cotte de mailles et à ses éperons; et ii est évident que le second ne Test pas.
On en voit la preuve dans l'absence de la cotte de mailles et d'un fourreau d'épée et dans
la fente de la chaussure. J'ajoute que Reginn ne perce une seconde fois le sein de son frère
que pour arracher son cœur :
H )ui ôta te cœur et but te sang de ta ptaie.
Or que veut dire la main gauche avancée vers la plaie, sinon cette dernière circonstance
du sombre drame. Cette paume qui se redresse, ces doigts qui se courbent n'indiquent-ils
pas au mieux l'action de s'emparer violemment d'un objet désiré? Manger le cœur, boire le
sang d'un dragon, c'était se pénétrer de son courage. Enhardi par le sang qu'il vient de
boire, Reginn feint de vouloir prendre quelque repos : c'est pour ourdir une trahison. En
même temps recommencent des altercations indices d'une catastrophe prochaine.
REGINN.
Assieds-toi ta, Sigur ; moi je vais atter dormir. Tiens te
cœur de Fafuir auprès du feu : je veux manger son cœur
après avoir bu son sang.
SIGGRD.
Tu restais à i'écart, tandis que je teignais mon gtaive attitë
danste sang de Fafnir; tandis que je combattais dans ma
force te vigoureux dragon, tu étais caché dans ta bruyère !
REGINN.
H serait resté iongtemps couché sur son or, le vieux géant,
si tu n'avais pas eu en main te gtaive atlité que j'ai forgé pour
tci.
S1GURD.
Mieux vaut te courage du guerrier courroucé que ta pointe
du gtaive aigu. Souvent j'ai vu dans ta main du brave t'arme
émoussée gagner ta victoire.
Les jeux de Hitdur conviennent mieux à l'audacieux qu'au
lâche. L'homme joyeux sait mieux braver te sort que l'homme
triste.
Pendant le sommeil feint de Reginn, Sigurd rôtit le cœur du dragon,, et, comme le sang
sort en bouillonnant, il avance le doigt pour en goûter et éprouver si le mets est assez cuit ;
mais il se brûle, et porte à sa langue le doigt endolori. A l'instant s'opère une merveille. Une
vertu secrète du sang des dragons était de donner aux hommes l'intelligence du chant des oi-
seaux. Le héros entend tout surpris des voix qui sortent du feuillage; il prête l'oreille : des
aigles causaient ensemble et parlaient de lui et de Rgeinn.