PILIER MYSTÉRIEUX.
113
révélation primitive avait montrée dans ie monde des esprits supérieurs où Lucifer et ses
anges furent transformés en démons
Vf.
Le combat de Sigurd était, selon Magnüssen, le sujet traité de préférence parles anciens
artistes sur les boucliers, sur les tentures, etc. - Et cela se conçoit. Ce qui se conçoit moins
aisément, c'est qu'une fable si complètement, ce semble, empreinte de paganisme ait trouvé
place dans un lieu tel que la crypte de la cathédrale de Frisingue^ tout auprès des cendres
d'un des plus grands apôtres de la Bavière. On sait assez combien il est difficile d'extirper de
vieilles superstitions favorisées par l'ignorance. On n'ignore pas avec quelle persistance il a
fallu que les conciles revinssent à l'œuvre pour abolir certains usages antichrétiens consacrés
par les siècles ; mais ici, au dessous du sanctuaire, au milieu des dépouilles des saints, comment
supposer qu'un évêque ait abandonné, sans réserve, un artiste à ses souvenirs les plus pro-
fanes? Dira-t-on que les traditions païennes ne sont exposées ici que comme des sujets de
contraste, des objets de mépris, en vertu du principe qui faisait exiger de la race saxonne,
dans le baptême, la renonciation formelle à Wodan (Odin). Cette opinion est inadmissible. Une
pensée sarcastique ne se serait pas développée avec tant de complaisance dans un monument
sérieux, et n'aurait pas pris tant d'importance relative. On trouvera plutôt la vérité dans l'o-
pinion contraire. Oui, en effet, il y a ici selon moi une vue de contraste, mais de contraste où
Sigurd tient la place d'honneur, sans qu'aucune bienséance rigoureuse soit peut-être trop
compromise. Qu'on veuille bien se rappeler le chapi-
teau où l'on voit deux bustes comme écrasés sous le
tailloir : celui d'un homme passant la main dans sa
barbe et celui d'une femme dévorée par des serpents
à deux têtes. Voilà, si je ne m'abuse, l'objet du con-
traste sur lequel est appelée l'horreur du spectateur,
tandis que la scène du pilier s'adresse à son émula-
tion. En un mot, la signification du chapiteau donne par antithèse celle du pilier, qui exprime
l'idée de la vertu, si le chapiteau rend celle du vice. Or le moyen de douter que ce soit là le sens
' M. Ozanani, dans scs yei'THûudqMcs, T. J, ch. v, a 1832. Voyez aussi M. Edelestand Dumérii dans
fait un intéressant dépouiüemcnt des opinions de J. Grimm, ses Éludes sM^d/naucs.
de Lachmann et de W. Muitcr sur ia fabic de Siegfried. Eiie 2 Hoc Sigurdi facinus prisci artiiiees in scutis, auiæis, etc.,
avait été précëdenuncn! étudiée par M. !c baron d'Eichstein, fréquenter rcpræsentarc soiebant. (E. Fa/uir. )
dans b? et par M. Atnpcre, dans ReuMe des
IU.
15
113
révélation primitive avait montrée dans ie monde des esprits supérieurs où Lucifer et ses
anges furent transformés en démons
Vf.
Le combat de Sigurd était, selon Magnüssen, le sujet traité de préférence parles anciens
artistes sur les boucliers, sur les tentures, etc. - Et cela se conçoit. Ce qui se conçoit moins
aisément, c'est qu'une fable si complètement, ce semble, empreinte de paganisme ait trouvé
place dans un lieu tel que la crypte de la cathédrale de Frisingue^ tout auprès des cendres
d'un des plus grands apôtres de la Bavière. On sait assez combien il est difficile d'extirper de
vieilles superstitions favorisées par l'ignorance. On n'ignore pas avec quelle persistance il a
fallu que les conciles revinssent à l'œuvre pour abolir certains usages antichrétiens consacrés
par les siècles ; mais ici, au dessous du sanctuaire, au milieu des dépouilles des saints, comment
supposer qu'un évêque ait abandonné, sans réserve, un artiste à ses souvenirs les plus pro-
fanes? Dira-t-on que les traditions païennes ne sont exposées ici que comme des sujets de
contraste, des objets de mépris, en vertu du principe qui faisait exiger de la race saxonne,
dans le baptême, la renonciation formelle à Wodan (Odin). Cette opinion est inadmissible. Une
pensée sarcastique ne se serait pas développée avec tant de complaisance dans un monument
sérieux, et n'aurait pas pris tant d'importance relative. On trouvera plutôt la vérité dans l'o-
pinion contraire. Oui, en effet, il y a ici selon moi une vue de contraste, mais de contraste où
Sigurd tient la place d'honneur, sans qu'aucune bienséance rigoureuse soit peut-être trop
compromise. Qu'on veuille bien se rappeler le chapi-
teau où l'on voit deux bustes comme écrasés sous le
tailloir : celui d'un homme passant la main dans sa
barbe et celui d'une femme dévorée par des serpents
à deux têtes. Voilà, si je ne m'abuse, l'objet du con-
traste sur lequel est appelée l'horreur du spectateur,
tandis que la scène du pilier s'adresse à son émula-
tion. En un mot, la signification du chapiteau donne par antithèse celle du pilier, qui exprime
l'idée de la vertu, si le chapiteau rend celle du vice. Or le moyen de douter que ce soit là le sens
' M. Ozanani, dans scs yei'THûudqMcs, T. J, ch. v, a 1832. Voyez aussi M. Edelestand Dumérii dans
fait un intéressant dépouiüemcnt des opinions de J. Grimm, ses Éludes sM^d/naucs.
de Lachmann et de W. Muitcr sur ia fabic de Siegfried. Eiie 2 Hoc Sigurdi facinus prisci artiiiees in scutis, auiæis, etc.,
avait été précëdenuncn! étudiée par M. !c baron d'Eichstein, fréquenter rcpræsentarc soiebant. (E. Fa/uir. )
dans b? et par M. Atnpcre, dans ReuMe des
IU.
15