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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.

rieure à la dernière moitié du troisième L'inscription que nous publions appartient, au
contraire, à un temps voisin de la persécution de Marc-Aurèle, et se trouve ainsi contempo-
raine de ces innombrables inscriptions de la Gaule lyonnaise portant la formule si diversement
interprétée : SVB ASCtA DEDÎGAYIT, dans laquelle M. Lenormant et M. l'abbé Greppo
reconnaissent une formule secrète des premiers chrétiens.
La coïncidence de la sanglante persécution de Marc-Aurèle et de celles que les préteurs
suscitèrent à chaque instant dans leurs provinces, ainsi que le soin que les chrétiens
des premiers siècles ont toujours eu de ne pas afîicher les symboles apparents de leur foi,
suffisent, je crois, pour expliquer comment pravpé est écrit sur notre monument par les
seules lettres CT.
L'antiquité de cet amulette et l'inscription qui y est gravée on font donc, à nos yeux,
un monument de la plus grande importance pour l'étude de l'archéologie chrétienne, car
elle établit invinciblement chez les chrétiens de la fin du deuxième siècle, à l'époque des
Antonins :
1° La croyance à la puissance du signe de la croix pour mettre en fuite les démons.
2" L'usage du sacrement de l'extrême-onction
3° L'usage d'exorcismes conçus dans les mêmes formules que ceux dont se sert encore
l'Église catholique. pRANçois LENORMANT.

Je sais bien que l'opinion généralement reçue et adoptée
encore dernièrement par le savant abbé Greppo tend à faire
considérer cette troisième ligne comme rajoutée postérieure-
ment aux deux autres. Cette opinion se fonde principalement
sur la différence de forme des e qui dans les deux premières
lignes sont lunaires, et dans la troisième carrés, E. Mais d'a-
bord nous ferons observer que, pour écrire FE dans
ils se sont servis d'un E carré qu'ils ont lié à l'F. De plus, à
l'époque de Léon I", les caractères onciaux d'une introduction
encore récente, ne régnaient pas encore sans partage dans les
inscriptions latines, mais s'employaient concurremment avec
les anciennes capitales carrées. Enfin les deux premières
lignes, par la multiplicité des ligatures, la mauvaise forme des
caracières et enfin la présence de l'c oncial, ne peuvent
pas être antérieures au sixième siècle.
Si on voulait faire l'inscription de deux époques, on
devrait considérer la troisième ligne comme antérieure aux
deux premières, ce qui est impossible.
i Dont Pitra et le P. Seccbi font remonter cette inscription
aux premières années du troisième siècle; ils y reconnaissent
l'influence de la colonie chrétienne des disciples de S. Poly-
carpe, venus à cette époque de la Syrie, sous la conduite
de S. Irénée. Mais malheureusement nous ne croyons pas
qu'il soit possible d'adopter l'opinion fort ingénieuse de
ces deux savants ecclésiastiques, à cause des difïicultés pa-
léographiques vraiment insurmontables qui s'y opposent.
L'allongement des caractères onciaux que nous remarquons
dans l'inscription de Pectorius règne partout dans l'écriture

grecque soignée du sixième siècle; moins abondant au cin-
quième, il est très rare au quatrième, et reste complètement
étranger au troisième, excepté dans le dernier quart, et cette
seule observation suffirait pour ne pas faire remonter plus
haut le d'Autun.
De plus, les vers très élégants et formant un acrostiche, le
style, enfin tout dans cette inscription dénote la main d'un
homme habile et familier avec l'art de la versification grecque.
Ces circonstances, jointes au caractère paléographique de
l'inscription, confirment de plus en plus notre opinion su:
sa date. A la fin du troisième siècle, époque de Constance
Chlore, le christianisme était encore militant, ce qui explique
pourquoi nous trouvons Jésus-Christ désigné par le mot
ixoïc dans toute l'inscription, mais la paix dont il jouissait
en Gaule était déjà sensible ; nous voyons coïncider alors à
Autun même la restauration de la célèbre et florissante école
de rhéteurs grecs, qui fournit à l'empire quelques hommes
d'une grande éloquence. Parmi ces rhéteurs rien ne nous
empêche de penser qu'il ait pu se trouver des chrétiens.
Pour un monument où l'on trouve une expression si claire
des dogmes de l'Eglise catholique, c'est encore une respecta-
ble et belle antiquité, et l'on ne s'éloigne pas tant ainsi des
âges apostoliques. En faisant redescendre cette inscription à la
seconde moitié du troisième siècle, nous ne croyons donc
nullement en diminuer l'importance.
s L'usage du sacrement de l'extrême-onction, dès le temps
des apôtres, est prouvé d'une manière indubitable par un
passage de l'Épitre de Saint-Jacques. (Chap. V, v. lù-15.)'
 
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