PUPITRE DU SAINTE RADEGONDE.
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lement espérer que tous ceux qui pourront voir le monument lui-même,' se rangeront à
notre avis.
Le monastère de Sainte-Croix, fondé à Poitiers par sainte Radegonde, a toujours et sans in-
terruption existé dans cette vilie. En iyp3, il est vrai, les religieuses qui 1 occupaient en furent
chassées; mais au bout d'un petit nombre d'années, les mêmes religieuses purent rentrer dans
leur cloître. On les avait dépouillées de leurs reliquaires enrichis d'or et de pierreries; mais il
y avait d'autres trésors plus précieux à leurs yeux qui ne furent pas arrachés de leurs mains.
C'étaient des ossements et des reliques de saints, c'étaient plusieurs objets considérés de tout
temps dans le monastère comme ayant appartenu à la sainte fondatrice : une croix pastorale
en bronze, une coupe et le pupitre qui nous occupe. Le peu de valeur de la matière, la simpli-
cité du travail, étaient loin d'attirer les regards et la cupidité des spoliateurs. Des considéra-
tions et des sentiments d'un ordre plus élevé les faisaient considérer avec respect et conserver
avec soin.
On ne peut se défendre d un sentiment détonncment et de vénération en voyant ce frêle
monument de bois qui a traversé un si grand nombre d'années. Les siècles qui ont passé sur
lui l'ont, pour ainsi dire, revêtu d'une enveloppe de vétusté si évidente, que l'imagination en
est vivement frappée. Comme toutes les œuvres exécutées à une époque reculée*, il ne s'offre
pas seulement à nos regards surpris comme un objet de curiosité, mais encore comme un sujet
d'étude et une source de réflexions utiles.
11 ne reste, comme on sait, qu'un bien petit nombre d'objets ayant appartenu à des princes
de la première race. Les armes trouvées dans un tombeau qui passe pour avoir été celui de
Childéric, père de Clovis, sont plus anciennes que notre pupitre. On ne trouve plus ensuite
que le fauteuil de Dagobert, dont une partie seulement est du temps de ce roi, le reste
ayant été refait au xif siècle, ainsi que l'a prouvé savamment, dans ce recueil même,
M. Lenormant.
Le pupitre de sainte Radegonde va donc venir prendre une place honorable parmi les
vestiges remontant jusqu'aux origines delà monarchie française.
Nous ne pouvons nous empêcher, en terminant cette notice, de laisser échapper 1 expression
d une crainte. N'avous-nous pas été imprudents de soulever le voile qui a si longtemps con-
servé dans l'obscurité cette relique des anciens temps et d'une sainte reine? En révélant des
monuments inconnus pour donner une utile satisfaction au public instruit et sérieux, que de
fois en même temps on a éveillé des intentions funestes à ces monuments ! Quelque chose ce-
pendant nous rassure ici : nous savons d une manière certaine que Monseigneur Pie, dont le
zèle éclairé sétend jusque sur les moindres choses de son diocèse, a pris des mesures efficaces
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lement espérer que tous ceux qui pourront voir le monument lui-même,' se rangeront à
notre avis.
Le monastère de Sainte-Croix, fondé à Poitiers par sainte Radegonde, a toujours et sans in-
terruption existé dans cette vilie. En iyp3, il est vrai, les religieuses qui 1 occupaient en furent
chassées; mais au bout d'un petit nombre d'années, les mêmes religieuses purent rentrer dans
leur cloître. On les avait dépouillées de leurs reliquaires enrichis d'or et de pierreries; mais il
y avait d'autres trésors plus précieux à leurs yeux qui ne furent pas arrachés de leurs mains.
C'étaient des ossements et des reliques de saints, c'étaient plusieurs objets considérés de tout
temps dans le monastère comme ayant appartenu à la sainte fondatrice : une croix pastorale
en bronze, une coupe et le pupitre qui nous occupe. Le peu de valeur de la matière, la simpli-
cité du travail, étaient loin d'attirer les regards et la cupidité des spoliateurs. Des considéra-
tions et des sentiments d'un ordre plus élevé les faisaient considérer avec respect et conserver
avec soin.
On ne peut se défendre d un sentiment détonncment et de vénération en voyant ce frêle
monument de bois qui a traversé un si grand nombre d'années. Les siècles qui ont passé sur
lui l'ont, pour ainsi dire, revêtu d'une enveloppe de vétusté si évidente, que l'imagination en
est vivement frappée. Comme toutes les œuvres exécutées à une époque reculée*, il ne s'offre
pas seulement à nos regards surpris comme un objet de curiosité, mais encore comme un sujet
d'étude et une source de réflexions utiles.
11 ne reste, comme on sait, qu'un bien petit nombre d'objets ayant appartenu à des princes
de la première race. Les armes trouvées dans un tombeau qui passe pour avoir été celui de
Childéric, père de Clovis, sont plus anciennes que notre pupitre. On ne trouve plus ensuite
que le fauteuil de Dagobert, dont une partie seulement est du temps de ce roi, le reste
ayant été refait au xif siècle, ainsi que l'a prouvé savamment, dans ce recueil même,
M. Lenormant.
Le pupitre de sainte Radegonde va donc venir prendre une place honorable parmi les
vestiges remontant jusqu'aux origines delà monarchie française.
Nous ne pouvons nous empêcher, en terminant cette notice, de laisser échapper 1 expression
d une crainte. N'avous-nous pas été imprudents de soulever le voile qui a si longtemps con-
servé dans l'obscurité cette relique des anciens temps et d'une sainte reine? En révélant des
monuments inconnus pour donner une utile satisfaction au public instruit et sérieux, que de
fois en même temps on a éveillé des intentions funestes à ces monuments ! Quelque chose ce-
pendant nous rassure ici : nous savons d une manière certaine que Monseigneur Pie, dont le
zèle éclairé sétend jusque sur les moindres choses de son diocèse, a pris des mesures efficaces