70
MÉLANGES D’ARCHÉOLOGIE.
II. — INSCRIPTION DU BOUCLIER.
Que le prince dont il s’agit sur notre disque soit le grand Théodose, on n’en saurait
douter, puisqu’à T avènement de Théodose le Jeune, l’Espagne était entièrement
occupée par les Barbares. Après Théodose Ier, l’Orient et l’Occident ne furent plus
réunis sous un meme sceptre, si ce n’est de manière purement nominale. L’Espagne,
tant qu’il gouverna, obéit d’abord à Gratien, neveu de Valens; puis à Maxime et à
Valentinien II. Mais Valentinien mort, elle obéit à Théodose directement (de S92 à 395).
L’abréviation D. N., pour Dominus noster, rappelle le style de palais promptement
reçu sous les Césars. On supposera, si l’on veut, que le titre de Maître universel dut
s’enraciner malaisément chez un peuple qui avait imposé scs lois au monde ; nous
voyons pourtant que ce compliment servile fut adressé de bonne heure aux successeurs
d’Auguste, qui faisait encore mine de s’en défendre. Tibère affectait bien de dire qu’il
était le commandant (empereur) de l’armée, le chef (le premier, princeps) des citoyens;
mais le maître, seulement pour ses esclaves L Nous ne sommes pas bien sûrs toutefois
de ce qu’il en pensait au fond, vu que l’histoire ne lui a pas laissé une grande réputation
de franchise.
Le fait est que Trajan lui-même 11e se montrait plus guère scandalisé si on Je traitait
de maître. Tout le monde avait pris son pli, à plus forte raison cette parole adulatrice
était-elle entièrement reçue au temps de Dioclétien. Celui-ci, en sus, trouvant que la
dignité impériale perdait un peu de son prestige après être demeurée à la merci des
soldats, voulut la relever par des titres divins dès son vivant, sans attendre l’apothéose.
Il se fit donc appeler Jovius; et dès lors, sur bon nombre de monnaies, ainsi qu’en
tête des lois, les signes D. N. (.Dominus noster) précèdent le nom du prince. Quelques
rois goths ont eu soin de se conserver cet usage.
Le titre d'œternus marchait à l’avenant, et 11e manqua pas d’effacer les qualifications
trop simples de pins et de feliœ. Quant au mot de perpetuus, il n’est pas clair qu’on
ait voulu lui faire dire autre chose, sinon l’inamissibilité de la puissance impériale;
tandis que les dignités consulaires, tribunitiennes, etc., continuaient de se renouveler
tellement quellement à certaines époques, pour 11e pas trop heurter les vieilles
coutumes.
Le principal intérêt de l’inscription se concentre sur les mots suivants : ob diem
felidssimum X1 2. Nous avons ici de quoi trouver l’origine de notre monument; il ne
s’agit plus que de déterminer l’époque ou même l’espèce de la fête. M. Delgado ne
doute point que ce 11e soit une des fêles lustrales de Théodose ; mais il essaye ensuite
d’établir que le jour dont il s’agit est celui des quindécennales ; assertion beaucoup
plus contestable. U11 mot d’abord sur ce genre de fêtes.
1. « Esse se dominum servorum, imperatorem mililum, trait oblique dans notre gravure,mais où M. Delgado paraît
» principem ceterorum. » avoir lu quelque chose comme Y. Nous aurons occasion
2. L’X est chargé d’un petit appendice qui semble un d’en reparler à plus d’une reprise.
MÉLANGES D’ARCHÉOLOGIE.
II. — INSCRIPTION DU BOUCLIER.
Que le prince dont il s’agit sur notre disque soit le grand Théodose, on n’en saurait
douter, puisqu’à T avènement de Théodose le Jeune, l’Espagne était entièrement
occupée par les Barbares. Après Théodose Ier, l’Orient et l’Occident ne furent plus
réunis sous un meme sceptre, si ce n’est de manière purement nominale. L’Espagne,
tant qu’il gouverna, obéit d’abord à Gratien, neveu de Valens; puis à Maxime et à
Valentinien II. Mais Valentinien mort, elle obéit à Théodose directement (de S92 à 395).
L’abréviation D. N., pour Dominus noster, rappelle le style de palais promptement
reçu sous les Césars. On supposera, si l’on veut, que le titre de Maître universel dut
s’enraciner malaisément chez un peuple qui avait imposé scs lois au monde ; nous
voyons pourtant que ce compliment servile fut adressé de bonne heure aux successeurs
d’Auguste, qui faisait encore mine de s’en défendre. Tibère affectait bien de dire qu’il
était le commandant (empereur) de l’armée, le chef (le premier, princeps) des citoyens;
mais le maître, seulement pour ses esclaves L Nous ne sommes pas bien sûrs toutefois
de ce qu’il en pensait au fond, vu que l’histoire ne lui a pas laissé une grande réputation
de franchise.
Le fait est que Trajan lui-même 11e se montrait plus guère scandalisé si on Je traitait
de maître. Tout le monde avait pris son pli, à plus forte raison cette parole adulatrice
était-elle entièrement reçue au temps de Dioclétien. Celui-ci, en sus, trouvant que la
dignité impériale perdait un peu de son prestige après être demeurée à la merci des
soldats, voulut la relever par des titres divins dès son vivant, sans attendre l’apothéose.
Il se fit donc appeler Jovius; et dès lors, sur bon nombre de monnaies, ainsi qu’en
tête des lois, les signes D. N. (.Dominus noster) précèdent le nom du prince. Quelques
rois goths ont eu soin de se conserver cet usage.
Le titre d'œternus marchait à l’avenant, et 11e manqua pas d’effacer les qualifications
trop simples de pins et de feliœ. Quant au mot de perpetuus, il n’est pas clair qu’on
ait voulu lui faire dire autre chose, sinon l’inamissibilité de la puissance impériale;
tandis que les dignités consulaires, tribunitiennes, etc., continuaient de se renouveler
tellement quellement à certaines époques, pour 11e pas trop heurter les vieilles
coutumes.
Le principal intérêt de l’inscription se concentre sur les mots suivants : ob diem
felidssimum X1 2. Nous avons ici de quoi trouver l’origine de notre monument; il ne
s’agit plus que de déterminer l’époque ou même l’espèce de la fête. M. Delgado ne
doute point que ce 11e soit une des fêles lustrales de Théodose ; mais il essaye ensuite
d’établir que le jour dont il s’agit est celui des quindécennales ; assertion beaucoup
plus contestable. U11 mot d’abord sur ce genre de fêtes.
1. « Esse se dominum servorum, imperatorem mililum, trait oblique dans notre gravure,mais où M. Delgado paraît
» principem ceterorum. » avoir lu quelque chose comme Y. Nous aurons occasion
2. L’X est chargé d’un petit appendice qui semble un d’en reparler à plus d’une reprise.