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BOUCLIER COMMÉMORATIF ü’ALMENDRALEJO (PL. Vil).
Il y a en outre, sous le petit génie du fronton, à gauche du spectateur, une indi-
cation formée de deux ou trois lettres omises dans notre gravure, et où l’on a voulu
voir l’abrégé du nom de la ville pour laquelle était destiné cet exemplaire.
L’épaisseur de certaines parties du disque porterait à croire qu’il a d’abord été
fondu, puis retouché au ciselet avec grand soin, et terminé au moyen de poinçons.
Probablement que le modèle devait être reproduit à plusieurs exemplaires, en sorte
qu’un même moule facilitait le travail qu’on avait à répéter.
Sous le rapport de l’exécution, il est facile de reconnaître un art qui décline déjà
beaucoup, mais qui conserve des traditions fort passables encore. Les petits ornements
sont traités avec soin, et ne manquent pas de grâce ; les silhouettes de figures nues
sont tracées avec une certaine élégance ; mais le visage humain, cette première
réalité qui échappe au crayon et à l’outil des maladroits, tombe dans le vague et
atteint presque le niais sous sa forme commune.
Ce ne devait pas être pourtant un travail abandonné au premier venu. Un grand officier
préposé aux distributions impériales (cornes sacrarum largitionum) inspectait sans doute
sur l’exécution et l’expédition de disques tels que le nôtre. Il lui appartenait de
veiller à ce que les images sacrées fussent aussi fidèles que possible, et traitées selon
que prétendait le souverain. On voulait apparemment que les portraits du prince eussent
un certain caractère d’authenticité, pour authentiquer eux-mêmes en quelque façon
la légitimité du magistrat supérieur qui les exposait comme garantie de son mandat.
Qui s’étonnera du petit nombre de monuments pareils venus jusqu’à nous, ferait
preuve d’une grande bonhomie, le prix même de la matière conspirant toujours contre
la conservation de ces objets trop enviables; et l’on sait que, même chez les modernes,
certains cadeaux officiels distribués avec largesse disparaissent presque tous avant un
siècle, par suite de la coircoitise qui les a but promptement dénaturer. Aussi connais-je
un artiste habile qui ne se soucie pas de ciseler l’or ou l’argent. La mode, dit-il, change
les appréciations du public en bien peu d’années; et ce qui n’est plus goûté comme
façon, va au creuset presque inévitablement. De là vient que nous’ n’avons guère
plus de souvenirs authentiques des grands orfèvres ou des statuaires qui ont eu l’im-
prudence de travailler en métaux précieux.
Ce que nous voyons encore de monuments pareils en matières de prix n’est arrivé
dans nos cabinets que par suite d’accidents qui les ont dérobés aux regards durant
des siècles. Celui-ci aura pu être enlevé à Mérida en un moment de trouble, puis
caché dans les collines où s’éleva plus tard Almcndralejo. On avait compté sans doute
sur une occasion propice pour venir reprendre ce dépôt, et cette opportunité n’est
pas arrivée pour l’enfouisseur.

meut que les effigies impériales étaient payées au fisc par
celui qui avait l’honneur de les recevoir; ou qu’en tout
cas le porteur entendait se faire bien défrayer, quand il
arrivait avec celte pièce auguste. Une marque frappée en
haut lieu pouvait donc être fort utile afin d’empêcher que
l’on ne rançonnât trop durement le magistrat, qui ne pou-
vait refuser cet insigne de son propre ministère. Mais cette
transmission avait entraîné maintes injustices auxquelles
il fallait couper court. — Cf. Cod. Justin., libr. XII, tit. 63
(6A) : Publicœ lœtitiœ. L’article mérite d’être lu, et l’on y

verra qu’il est précisément contemporain de notre bou-
clier votif.
Peut-être aussi faut-il ne voir dans ces .signes qu’un
contrôle déclaré après vérification du titre et réception de
la livraison faite par le ciseleur. Toute autre conjecture
serait bien glissante, car on sait ce qu’il a fallu de temps
et de discussions pour fixer, en numismatique, le sens
des abréviations employées par les monétaires. Encore
ne s’est-on pas toujours mis d’accord unanimement sur
la vraie solution de ces énigmes.
 
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