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MANUEL D'ARCHÉOLOGIE.
Satan Lors donc que,'dans des magasins de tombeaux scuiptés, on venait choisir quel-
que monument tout prêt, comme chez nos marbriers qui se groupent autour des grands
cimetières actuels, il y avait moyen de contenter tous les goûts.
Quant à l'ivoire, si des sujets de chasse le décorent souvent, ce peut être afin de
rappeler ce qu'il avait fallu prendre de peine pour nous envoyer en Europe cette matière
précieuse.
Soit en Afrique, soit dans l'Inde, les veneurs avaient eu à se donner quelque mal pour
venir à bout de l'éléphant. Ces représentations annonçaient donc qu'on ne pouvait payer
trop cher un objet si difficile à se procurer L
Outre les chasses proprement dites et où l'éléphant a rarement sa place, parce que le
sculpteur n'avait guère ce modèle sous les yeux, on voit des bêtes plus ou moins fantas-
tiques et des souvenirs persans qui reproduisent quelques traces du mazdéisme ; soit que
ces figures fussent l'ouvrage d'artistes orientaux, soit que les fabricants (car souvent ce
n'était pas mieux) prétendissent faire entendre que c'était marchandise venue de très-loin.
De dire si la destination primitive de notre boîte a été un trésor d'église, je n'oserais
m'y risquer. On a vu mille fois des étoffes et monuments précieux de toute espèce
déserter peu à peu les châteaux pour meubler les sanctuaires. L'emploi postérieur fait
oublier la première intention, lorsqu'elle n'est pas entièrement évidente. Mais, dans le fait,
l'ivoire est fréquemment cité parmi les matières admises comme pouvant renfermer la
sainte Eucharistie.
J'ai cité, reproduit même, ailleurs un plateau (jatte, yaMaûx, /jdtw) suspendu dans l'église
au témoignage de la grande Bihle de Charles le Chauve On y aperçoit un calice et une
boîte cylindrique plus élevée, relativement, que la nôtre. Nous avons en outre, çà et
là, mention de calices et de patènes en ivoire, sans compter les reliquaires et autels
portatifs h Jusqu'au xm° siècle cet usage persiste pour les ou ciboires, puisque
le biographe de sainte Claire le dit en toutes lettres quand la servante de Dieu fait porier
le Saint-Sacrement devant elle pour l'opposer à l'assaut des musulmans qui allaient prendre
Assise et envahir le premier monastère des ClarissesL
Ici, l'espèce de serrure et les pattes métalliques qui maintiennent l'assemblage des diffé-
rentes parties de la boîte indiquent suffisamment que l'on se proposait d'v enfermer un
contenu précieux. Ce n'étaient donc pas des pains azymes préparés pour l'autel à
c/M!?ûcr, comme on dit; sous-entendu /a ??MWR?), quelques respects que l'Église catholique ait
accordés aux plus lointains préliminaires du Saint-Sacrifice h Nous venons de constater
par témoignages irrécusables, empruntés à divers sièdes, que l'Eucharistie elle-même
(et non pas seulement sa matière première) se conservait parfois dans l'ivoire. D'autres
preuves se présenteront encore tout-à-l'heure sans qu'il faille les chercher fort loin.
N'ayant pas vu l'original, je suppose que le développement du cylindre (fig. C, D) est de
1. Cf. Mélanges... 111' série, t. I (frises de Strasbourg),
p. 185; 187, sv.; 160, etc.
2. On s'aperçoit fréquemment que ces sculptures étaient
exécutées avant toute demande, et s'arrangeaient comme
elles pouvaient avec la destination que voudrait l'acheteur.
Cf. sttpra, C, t. I, p. 184, sv.
3. Mélanges, D' série, t. 111, p. 18. Cf. Mondelli, ap. Zac-
caria, Raccolta dtdisserlaxMni, t. IX, p. 275.
4. Cf. Mondelli, Rn'd., p. 274. — Paciaudi, ReeMlla S.
Joawn. Rapl., p. 233. — Gori, TAesawr. diplycA., t. 111, ap-
pend., p. 69, sqq.; tabul. XX11I, sq. — Concil. Wigornien.
(A. 1240); ap. Coleti, Cowcîl., t. XH1, p. 1447. — Etc.
5. AA. SS. Attgasl., t. 11, p. 759.
6. Cf. Caractéristiques des SS-, p. 564, sv.
7. Cf. IHslotre de l'Ægllse gallicane (Longueval), t. IV,
p. 540. — Consuetud. Cluniac., XH1; ap. d'Achery, Spicileg.,
t. IV, p. 196, sqq. — Humbert., Cowira Grcecor. calMwm.;
ap. Canis-, R/tesaw'.wonMm. (ed. Basnage), 1.111, P. P, p.293.
— AA. SS. Sept., t. Vil, p. 828. — Etc.
MANUEL D'ARCHÉOLOGIE.
Satan Lors donc que,'dans des magasins de tombeaux scuiptés, on venait choisir quel-
que monument tout prêt, comme chez nos marbriers qui se groupent autour des grands
cimetières actuels, il y avait moyen de contenter tous les goûts.
Quant à l'ivoire, si des sujets de chasse le décorent souvent, ce peut être afin de
rappeler ce qu'il avait fallu prendre de peine pour nous envoyer en Europe cette matière
précieuse.
Soit en Afrique, soit dans l'Inde, les veneurs avaient eu à se donner quelque mal pour
venir à bout de l'éléphant. Ces représentations annonçaient donc qu'on ne pouvait payer
trop cher un objet si difficile à se procurer L
Outre les chasses proprement dites et où l'éléphant a rarement sa place, parce que le
sculpteur n'avait guère ce modèle sous les yeux, on voit des bêtes plus ou moins fantas-
tiques et des souvenirs persans qui reproduisent quelques traces du mazdéisme ; soit que
ces figures fussent l'ouvrage d'artistes orientaux, soit que les fabricants (car souvent ce
n'était pas mieux) prétendissent faire entendre que c'était marchandise venue de très-loin.
De dire si la destination primitive de notre boîte a été un trésor d'église, je n'oserais
m'y risquer. On a vu mille fois des étoffes et monuments précieux de toute espèce
déserter peu à peu les châteaux pour meubler les sanctuaires. L'emploi postérieur fait
oublier la première intention, lorsqu'elle n'est pas entièrement évidente. Mais, dans le fait,
l'ivoire est fréquemment cité parmi les matières admises comme pouvant renfermer la
sainte Eucharistie.
J'ai cité, reproduit même, ailleurs un plateau (jatte, yaMaûx, /jdtw) suspendu dans l'église
au témoignage de la grande Bihle de Charles le Chauve On y aperçoit un calice et une
boîte cylindrique plus élevée, relativement, que la nôtre. Nous avons en outre, çà et
là, mention de calices et de patènes en ivoire, sans compter les reliquaires et autels
portatifs h Jusqu'au xm° siècle cet usage persiste pour les ou ciboires, puisque
le biographe de sainte Claire le dit en toutes lettres quand la servante de Dieu fait porier
le Saint-Sacrement devant elle pour l'opposer à l'assaut des musulmans qui allaient prendre
Assise et envahir le premier monastère des ClarissesL
Ici, l'espèce de serrure et les pattes métalliques qui maintiennent l'assemblage des diffé-
rentes parties de la boîte indiquent suffisamment que l'on se proposait d'v enfermer un
contenu précieux. Ce n'étaient donc pas des pains azymes préparés pour l'autel à
c/M!?ûcr, comme on dit; sous-entendu /a ??MWR?), quelques respects que l'Église catholique ait
accordés aux plus lointains préliminaires du Saint-Sacrifice h Nous venons de constater
par témoignages irrécusables, empruntés à divers sièdes, que l'Eucharistie elle-même
(et non pas seulement sa matière première) se conservait parfois dans l'ivoire. D'autres
preuves se présenteront encore tout-à-l'heure sans qu'il faille les chercher fort loin.
N'ayant pas vu l'original, je suppose que le développement du cylindre (fig. C, D) est de
1. Cf. Mélanges... 111' série, t. I (frises de Strasbourg),
p. 185; 187, sv.; 160, etc.
2. On s'aperçoit fréquemment que ces sculptures étaient
exécutées avant toute demande, et s'arrangeaient comme
elles pouvaient avec la destination que voudrait l'acheteur.
Cf. sttpra, C, t. I, p. 184, sv.
3. Mélanges, D' série, t. 111, p. 18. Cf. Mondelli, ap. Zac-
caria, Raccolta dtdisserlaxMni, t. IX, p. 275.
4. Cf. Mondelli, Rn'd., p. 274. — Paciaudi, ReeMlla S.
Joawn. Rapl., p. 233. — Gori, TAesawr. diplycA., t. 111, ap-
pend., p. 69, sqq.; tabul. XX11I, sq. — Concil. Wigornien.
(A. 1240); ap. Coleti, Cowcîl., t. XH1, p. 1447. — Etc.
5. AA. SS. Attgasl., t. 11, p. 759.
6. Cf. Caractéristiques des SS-, p. 564, sv.
7. Cf. IHslotre de l'Ægllse gallicane (Longueval), t. IV,
p. 540. — Consuetud. Cluniac., XH1; ap. d'Achery, Spicileg.,
t. IV, p. 196, sqq. — Humbert., Cowira Grcecor. calMwm.;
ap. Canis-, R/tesaw'.wonMm. (ed. Basnage), 1.111, P. P, p.293.
— AA. SS. Sept., t. Vil, p. 828. — Etc.