BIBLIOTHÈQUES DU MOYEN AGE. 71
Gerbert (x° siècle) recommande, sous peine de perdre ses bonnes grâces*, que ]'on
s'applique à la correction du texte de Pline. Pline, en effet, exige de ses correcteurs une
critique et une variété de connaissances qu'aujourd'hui encore il n'est pas aisé de rencon-
trer. On en cite une autre recension normande faite au xn° siècle par Robert, abbé de
fliorignyL Saint Anselme (xi° siècle), écrivant à Gantorbéry, où plusieurs de ses reli-
gieux avaient été appelés par Lanfranc, alors archevêque de cette vide, demande ^ pour
son abbaye du Bec plusieurs livres d'Angleterre; et recommande qu on fasse choix des
exempjaires les plus corrects, afin qu ils puissent etre employés avec assurance à collationner
ceux qui se trouvaient en Normandie. La révision du texte de 1 Écriture sainte par Lan-
franc est assez connue des hommes instruits , pour qu'il suffise de la rappeler ici h Mais
n'ayons pas l'air de donner à croire que c'ait été son unique travail eh ce genre. A Saint-
Martin de Séez on conservait un exemplaire des Con/éwucM & Ccmi'cM où Lanfranc avait
écrit à la tin de la dixième : « Hue usque ego Lanfrancus correxi. n
Un manuscrit de Saint-Mesmin, exécuté vers le ix° siècle, portait à la première page ce
certificat de légitimité pour son texte : « Liber... relectus a Petro abbateL H
z les chartreux, la rectification des passages défec-
tueux n'était point déférée à celui qui croyait les
avoir suffisamment constatés ; le chapitre de la mai-
son devait intervenir pour décider s'il y avait lieu à
procéder aux changements proposés^. Sur la collation
presque minutieuse que prescrivait la règle des char-
treux , et sur d'autres travaux de même espèce dans
l'ordre de Cîteaux, on peut consulter l'RAfoy'n? /?'Ré-
rah'c & /aFVtmcp (t. IX, p. 1)9-124). La réputation
du monastère de Saint-Martin à Tournai, en ce genre,
est attestée par une pièce insérée dans le Spicilége de
d'AcheryL
M. L. Delisle (/<? CaéÙM/ &.s- w.,M. & /a /ùé&ùAéyw'
M#ùo?M/é) cite plusieurs recensions de manuscrits où
il a relevé les noms des réviseurs. Qu'il suffise de ci-
ter le moine Dodon du ix° siècle, à Saint-Maur-des-Fossés. Cf. t. II, p. 74.
XIV.
Les directeurs et conservateurs des bibliothèques sont désignés souvent par des
expressions diverses qu'il est bon d'exposer, pour rendre plus intelligibles les passages qui
1. Gerbert, ep. 7. " Plinius emendetur... fac quod ora-
mus, ut faciamus quod oras. n
2. D'après un manuscrit qu'avait vu d'Achery. Cf. ÙM!*-
éerfi opéra, p. 716.
3. Anselm.,ep.lib.I, 43;ap.Ceillier, t. XXI, c. xvi, art. 2.
4. Cf. D'Achery, Md. ad wfawÆ. Law/rawci, p. 41. —
Roger de Wendover, CAromca, t. II, p. 36. — Ziegelbauer,
FKsC KM. O. S. Æ., t. II, p, 822.
5. N. Tr. de diplomatique, t. 111, p. 103.
C. Tabaraud, Æiopr. MMU., art. S. Bruno. Cf. Hccren,
op. c., I. II, 23. — Risfoire K'Méraire de ta France, I. VII.
p. Il, 12. Voilà, ajoute Tabaraud (C c.), comment le tra-
vail des chartreux en ce genre a contribué à conserver la
pureté du texte de ia Bible et des Pères, et comment les
bibliothèques de cet ordre ont fourni un grand nombre de
manuscrits précieux aux nouveaux éditeurs de ces sortes
d'ouvrages. Leur maison de Cologne, surtout, donna au
xvi° siècle des travaux importants qui n'eussent pu être
exécutés sans une bibliothèque fort remarquable ; et pa-
reille collection ne se forme pas en quelques années.
7. Spicd., éd. in-4°, t. XII, p. 443. Cf. Lebeuf, Disser-
tations sur CAist. de Paris, t. II, p. 139.
Gerbert (x° siècle) recommande, sous peine de perdre ses bonnes grâces*, que ]'on
s'applique à la correction du texte de Pline. Pline, en effet, exige de ses correcteurs une
critique et une variété de connaissances qu'aujourd'hui encore il n'est pas aisé de rencon-
trer. On en cite une autre recension normande faite au xn° siècle par Robert, abbé de
fliorignyL Saint Anselme (xi° siècle), écrivant à Gantorbéry, où plusieurs de ses reli-
gieux avaient été appelés par Lanfranc, alors archevêque de cette vide, demande ^ pour
son abbaye du Bec plusieurs livres d'Angleterre; et recommande qu on fasse choix des
exempjaires les plus corrects, afin qu ils puissent etre employés avec assurance à collationner
ceux qui se trouvaient en Normandie. La révision du texte de 1 Écriture sainte par Lan-
franc est assez connue des hommes instruits , pour qu'il suffise de la rappeler ici h Mais
n'ayons pas l'air de donner à croire que c'ait été son unique travail eh ce genre. A Saint-
Martin de Séez on conservait un exemplaire des Con/éwucM & Ccmi'cM où Lanfranc avait
écrit à la tin de la dixième : « Hue usque ego Lanfrancus correxi. n
Un manuscrit de Saint-Mesmin, exécuté vers le ix° siècle, portait à la première page ce
certificat de légitimité pour son texte : « Liber... relectus a Petro abbateL H
z les chartreux, la rectification des passages défec-
tueux n'était point déférée à celui qui croyait les
avoir suffisamment constatés ; le chapitre de la mai-
son devait intervenir pour décider s'il y avait lieu à
procéder aux changements proposés^. Sur la collation
presque minutieuse que prescrivait la règle des char-
treux , et sur d'autres travaux de même espèce dans
l'ordre de Cîteaux, on peut consulter l'RAfoy'n? /?'Ré-
rah'c & /aFVtmcp (t. IX, p. 1)9-124). La réputation
du monastère de Saint-Martin à Tournai, en ce genre,
est attestée par une pièce insérée dans le Spicilége de
d'AcheryL
M. L. Delisle (/<? CaéÙM/ &.s- w.,M. & /a /ùé&ùAéyw'
M#ùo?M/é) cite plusieurs recensions de manuscrits où
il a relevé les noms des réviseurs. Qu'il suffise de ci-
ter le moine Dodon du ix° siècle, à Saint-Maur-des-Fossés. Cf. t. II, p. 74.
XIV.
Les directeurs et conservateurs des bibliothèques sont désignés souvent par des
expressions diverses qu'il est bon d'exposer, pour rendre plus intelligibles les passages qui
1. Gerbert, ep. 7. " Plinius emendetur... fac quod ora-
mus, ut faciamus quod oras. n
2. D'après un manuscrit qu'avait vu d'Achery. Cf. ÙM!*-
éerfi opéra, p. 716.
3. Anselm.,ep.lib.I, 43;ap.Ceillier, t. XXI, c. xvi, art. 2.
4. Cf. D'Achery, Md. ad wfawÆ. Law/rawci, p. 41. —
Roger de Wendover, CAromca, t. II, p. 36. — Ziegelbauer,
FKsC KM. O. S. Æ., t. II, p, 822.
5. N. Tr. de diplomatique, t. 111, p. 103.
C. Tabaraud, Æiopr. MMU., art. S. Bruno. Cf. Hccren,
op. c., I. II, 23. — Risfoire K'Méraire de ta France, I. VII.
p. Il, 12. Voilà, ajoute Tabaraud (C c.), comment le tra-
vail des chartreux en ce genre a contribué à conserver la
pureté du texte de ia Bible et des Pères, et comment les
bibliothèques de cet ordre ont fourni un grand nombre de
manuscrits précieux aux nouveaux éditeurs de ces sortes
d'ouvrages. Leur maison de Cologne, surtout, donna au
xvi° siècle des travaux importants qui n'eussent pu être
exécutés sans une bibliothèque fort remarquable ; et pa-
reille collection ne se forme pas en quelques années.
7. Spicd., éd. in-4°, t. XII, p. 443. Cf. Lebeuf, Disser-
tations sur CAist. de Paris, t. II, p. 139.