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INTRODUCTION GÉNÉRALE
Dans plusieurs tombeaux, on a signalé, en effet, la présence de figu-
rines modelées : ce sont des essais grossiers de représentations, en terre
ou en os, des figures humaines. Que l’on compare, par exemple, deux
figurines de femmes dans les collections du Musée de Bruxelles. L’une
n’a pas de bras, ceux-ci étant réduits à des sortes de moignons; l’autre
a deux bras terminés par des mains à serres d’oiseaux, qui s’élèvent
au-dessus de la tête, dans le geste de la danse ou de la lamentation. Les
formes du corps sont malhabilement rendues : les pieds manquent,
la tête ressemble à une tête d’oiseau, peut-être par le fait que l’on a
voulu figurer la femme levant la tête en l’air, le menton en avant.
Citons encore deux dents d’hippopotame, du même musée : la partie
supérieure est sculptée de manière à représenter une tête barbue. Le
travail est ici meilleur et permet de relever une certaine habileté à
rendre les caractéristiques de la race. Parfois on trouve des figures
d’animaux, des bœufs, des vaches, des moutons, des hippopotames de
matières diverses. Tantôt encore, on a découvert des barques munies
d’un équipage; même en un cas, une copie d’une maison aux murs en
pisé L
Tout cela est très rudimentaire, mais néanmoins fort intéressant
pour démontrer que les primitifs de Haute-Égypte avaient des rites
funéraires, présentant une grande analogie avec ceux que nous trou-
verons chez les Égyptiens pharaoniques. Le mort désirait avoir dans
son tombeau, à sa disposition, non seulement des offrandes funéraires,
mais des modèles d’habitations, de barques, des images réduites du
bétail et même de ses serviteurs et servantes. Il serait difficile d’affir-
mer d’une manière catégorique qu’il y a là simplement une analogie
dérivant de conceptions animistes analogues. Ou bien faut-il envisager
l’hypothèse d’un emprunt d’une civilisation à une autre?
Notons également ici, en passant, quelques objets de parure ou de
toilette : ce sont des peignes décorés à la partie supérieure de figures
d’antilope ou d’oiseaux, des cuillers dont le manche est agrémenté de
petits animaux sculptés, par exemple un lion poursuivant un chien.
Le dessin et la peinture sont connus principalement par les poteries
décorées dont il a été question précédemment. Le motif le plus fré-
quent apparaît comme un ensemble assez complexe, formé d’une
double ligne infléchie, en forme de cuvette, avec de nombreux traits
à la partie inférieure, deux petites constructions au-dessus, vers le
centre, et deux sortes de bannières. Certains ont voulu y voir des repré-
i. Capart, J., les Débuts de l’Ari en Égypte. Bruxelles, 1904, chap. IV.
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Dans plusieurs tombeaux, on a signalé, en effet, la présence de figu-
rines modelées : ce sont des essais grossiers de représentations, en terre
ou en os, des figures humaines. Que l’on compare, par exemple, deux
figurines de femmes dans les collections du Musée de Bruxelles. L’une
n’a pas de bras, ceux-ci étant réduits à des sortes de moignons; l’autre
a deux bras terminés par des mains à serres d’oiseaux, qui s’élèvent
au-dessus de la tête, dans le geste de la danse ou de la lamentation. Les
formes du corps sont malhabilement rendues : les pieds manquent,
la tête ressemble à une tête d’oiseau, peut-être par le fait que l’on a
voulu figurer la femme levant la tête en l’air, le menton en avant.
Citons encore deux dents d’hippopotame, du même musée : la partie
supérieure est sculptée de manière à représenter une tête barbue. Le
travail est ici meilleur et permet de relever une certaine habileté à
rendre les caractéristiques de la race. Parfois on trouve des figures
d’animaux, des bœufs, des vaches, des moutons, des hippopotames de
matières diverses. Tantôt encore, on a découvert des barques munies
d’un équipage; même en un cas, une copie d’une maison aux murs en
pisé L
Tout cela est très rudimentaire, mais néanmoins fort intéressant
pour démontrer que les primitifs de Haute-Égypte avaient des rites
funéraires, présentant une grande analogie avec ceux que nous trou-
verons chez les Égyptiens pharaoniques. Le mort désirait avoir dans
son tombeau, à sa disposition, non seulement des offrandes funéraires,
mais des modèles d’habitations, de barques, des images réduites du
bétail et même de ses serviteurs et servantes. Il serait difficile d’affir-
mer d’une manière catégorique qu’il y a là simplement une analogie
dérivant de conceptions animistes analogues. Ou bien faut-il envisager
l’hypothèse d’un emprunt d’une civilisation à une autre?
Notons également ici, en passant, quelques objets de parure ou de
toilette : ce sont des peignes décorés à la partie supérieure de figures
d’antilope ou d’oiseaux, des cuillers dont le manche est agrémenté de
petits animaux sculptés, par exemple un lion poursuivant un chien.
Le dessin et la peinture sont connus principalement par les poteries
décorées dont il a été question précédemment. Le motif le plus fré-
quent apparaît comme un ensemble assez complexe, formé d’une
double ligne infléchie, en forme de cuvette, avec de nombreux traits
à la partie inférieure, deux petites constructions au-dessus, vers le
centre, et deux sortes de bannières. Certains ont voulu y voir des repré-
i. Capart, J., les Débuts de l’Ari en Égypte. Bruxelles, 1904, chap. IV.