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INTRODUCTION GÉNÉRALE
un caractère tout à fait particulier. Sans rechercher maintenant
pourquoi les Égyptiens ont donné à la plupart de leurs colonnes des
formes empruntées à la végétation, nous nous contenterons, pour le
moment, d’examiner les différents types créés par les architectes et
d’en analyser les formes telles qu’elles se présentent à nous.
La question a été étonnamment embrouillée par les différents auteurs
et lorsqu’on feuillette quelques manuels on est surpris de voir l’incer-
titude qui règne dans la terminologie : les mots « lotiforme » et « papy-
riforme » sont appliqués aux mêmes colonnes par des auteurs différents.
Le mérite d’avoir apporté de la clarté dans le sujet et d’avoir défini les
caractéristiques qui permettent d’établir les distinctions nettes, revient
à Borchardt L En partant de l’analyse des plantes qui ont servi de
modèles aux Égyptiens, il nous a appris à discerner, sans hésitation,
ce qui se rattache au lotus et au papyrus; il nous a montré de plus
comment préciser, dans chaque genre, l’espèce particulière dont les
formes avaient été copiées.
Deux variétés de lotus sont représentées très fréquemment sur les
monuments égyptiens : le Nymphæa Lotus ou lotus blanc et le Nym-
'phæa, Cærulea ou lotus bleu; quant au Nslumbium Speciosum ou lotus
rose, il n’apparaît que sur les monuments de l’époque tout à fait tar-
dive. Le lotus a la tige ronde : les sépales et les pétales sont de la même
longueur. Dans le lotus blanc, ils sont assez larges et de forme arrondie,
tandis que dans le lotus bleu, ils sont plus étroits et allongés en forme
de lances 1 2. La fleur de lotus est souvent représentée soit entièrement
épanouie, soit au moment où le bouton commence à s’ouvrir, et ces
deux moments dans l’épanouissement de la fleur ont donné naissance
à deux types de colonnes lotiformes : l’une à chapiteau ouvert, l’autre
à chapiteau fermé. C’est ce qu’on voit le mieux sur des colonnes repré-
sentées en peinture dans l’architecture figurée3. Un entablement repose,
dans un cas, sur le calice épanoui d’un lotus blanc; dans un autre cas,
sur un bouton entr’ouvert de lotus bleu. A la partie supérieure du
soutien, des liens retiennent de petits boutons, qui s’inclinent vers
1. Borchardt, L., die œgyptische Pflanzensâule. Berlin, 1897; voir cependant
Joret, Ch., le Papyrus et sa représentation sur les monuments de ï ancienne Égypte, dans
les Mélanges Wahlund, 1896, pp. 273-280.
2. Breasted, J.-H., a History of Egypt. New-York, 1905, fig. 138; les deux variétés
bien distinctes, par exemple dans Newberry, P.-E., El Bersheh, t. I. Londres, 1894,
pl. XXI.
3. Prisse d’Avennes, Histoire de l’Art égyptien. Paris, 1878, t. I, pl. 20; Architec-
ture, pl. 76.
INTRODUCTION GÉNÉRALE
un caractère tout à fait particulier. Sans rechercher maintenant
pourquoi les Égyptiens ont donné à la plupart de leurs colonnes des
formes empruntées à la végétation, nous nous contenterons, pour le
moment, d’examiner les différents types créés par les architectes et
d’en analyser les formes telles qu’elles se présentent à nous.
La question a été étonnamment embrouillée par les différents auteurs
et lorsqu’on feuillette quelques manuels on est surpris de voir l’incer-
titude qui règne dans la terminologie : les mots « lotiforme » et « papy-
riforme » sont appliqués aux mêmes colonnes par des auteurs différents.
Le mérite d’avoir apporté de la clarté dans le sujet et d’avoir défini les
caractéristiques qui permettent d’établir les distinctions nettes, revient
à Borchardt L En partant de l’analyse des plantes qui ont servi de
modèles aux Égyptiens, il nous a appris à discerner, sans hésitation,
ce qui se rattache au lotus et au papyrus; il nous a montré de plus
comment préciser, dans chaque genre, l’espèce particulière dont les
formes avaient été copiées.
Deux variétés de lotus sont représentées très fréquemment sur les
monuments égyptiens : le Nymphæa Lotus ou lotus blanc et le Nym-
'phæa, Cærulea ou lotus bleu; quant au Nslumbium Speciosum ou lotus
rose, il n’apparaît que sur les monuments de l’époque tout à fait tar-
dive. Le lotus a la tige ronde : les sépales et les pétales sont de la même
longueur. Dans le lotus blanc, ils sont assez larges et de forme arrondie,
tandis que dans le lotus bleu, ils sont plus étroits et allongés en forme
de lances 1 2. La fleur de lotus est souvent représentée soit entièrement
épanouie, soit au moment où le bouton commence à s’ouvrir, et ces
deux moments dans l’épanouissement de la fleur ont donné naissance
à deux types de colonnes lotiformes : l’une à chapiteau ouvert, l’autre
à chapiteau fermé. C’est ce qu’on voit le mieux sur des colonnes repré-
sentées en peinture dans l’architecture figurée3. Un entablement repose,
dans un cas, sur le calice épanoui d’un lotus blanc; dans un autre cas,
sur un bouton entr’ouvert de lotus bleu. A la partie supérieure du
soutien, des liens retiennent de petits boutons, qui s’inclinent vers
1. Borchardt, L., die œgyptische Pflanzensâule. Berlin, 1897; voir cependant
Joret, Ch., le Papyrus et sa représentation sur les monuments de ï ancienne Égypte, dans
les Mélanges Wahlund, 1896, pp. 273-280.
2. Breasted, J.-H., a History of Egypt. New-York, 1905, fig. 138; les deux variétés
bien distinctes, par exemple dans Newberry, P.-E., El Bersheh, t. I. Londres, 1894,
pl. XXI.
3. Prisse d’Avennes, Histoire de l’Art égyptien. Paris, 1878, t. I, pl. 20; Architec-
ture, pl. 76.