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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1834 (Nr. 165-216)

DOI issue:
Numéro 165 (2 Janvier 1834)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26558#0011

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LA CARIGATtJRE

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depuis long-temps tu es habitué, mon vieux patriarche, à prêcher dans
le désert ; et, d’ailleurs, si quelqu’un pouvait t’entendre, il te crierait
à coup sûr : « Vous êtes orfèvre, M. Josse! »

« Conservons les débris des âges anciens, clamait toujours le pa-
triarche; réparons, soutenons tout ce qui menace de tomber. »— Pour
le coup, voilà qui nous donne raison ; c’est un prospectus en sa faveur
qu’écrit le Constitutionnel. Il provoque à la souscription , il excite à
l’abonnement, il sollicite un étais pour son édifice social qui craque
de toutes parts. Pauvre patriarche !

Eh bien ! je me trompais, ce n’était pas dans son intérêt personnel
que le Constitutionnel s’apitoyait sur l’indifférence publique en ma-
tière de débris, et prêchait le culte des vieilles ruines. C’était unique-
ment pour arrondir un mémorable feuilleton sur les Voyages pitto-
resques de Vancienne France, de MM. Nodier et Taylor. Le Constitu-
tionnel fait de grandes avances à cet estimable ouvrage. C’est peut-
être parce que les auteurs ont annoncé, dans leur prospectus, que tout
ce que la France*a de ruines encore debout, entrera dans les Voyages
pittoresques. Le Constitutionnel se trouve donc avoir droit d’y occu-
per une place, et il veut, autant que possible, se la ménager bonne et
utile.

C’est sans doute dans le même esprit de prévision, si toutefois on
peut parler d’esprit quand il s’agit du Constitutionnel, que le patriar-
che cajole , sur son horizon d’annonces , le Nècrologe, journal des
décès, qu’il a annoncé à plusieurs reprises, de la manière suivante :

LE NÉCROLOGE,

JOURNAL PLEIN d’iNTÉRÈT

Et d’une haute et touchante philosophie.

On s’abonne quai des Morfondus, à francs par au.

Le Constitutionnel a raison. Il est prudent à lui, de se faire des amis
pour le dénouement obligé, vers lequel le précipitent de plus en plus
les désabounemens qui se pratiquent, comme dit le Charivari, avec
un enthousiasme toujours croissant, rue Montmartre, n. tai, par les
deux allées en face les deux marchands de brioches.

A.. .llOCH.

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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

CNE VOIX DANS PA SIS.

GISQUÉTÉIDES.

Un des jeunes et courageux auteurs de Y Homme rouge, M. Berlhaud, vient de publier
une pièce de vers intitulée : Une voix dans Paris, ou Gisquctéides. Cette satire est
remarquable par une poésie pleine de coloris et d’e'ncrgie. Elle vient d’être mise en
vente chez Guillaumin, libraire-éditeur, rue Neuve-Vivienne, n» 5. Prix : 2 fr.

ENCYCLOPÉDIE PITTORESQUE DE LA MUSIQUE,

Contenant Thistoire de la musique ancienne et moderne, la description et la figure
des mstrumens les plus curieux, la biographie et le portrait des artistes célèbres, etc.,
etc., terminée par un dictionnaire historique de la musique et des musiciens. Cinq vol.
in-4° imprimés sur deux colonnes, ornés de planches et figures. A six sous la livraison,
sept sous par la poste. Une livraison paraît tous les samedis, à partir du 23 novembre.

A Paris, chez Hautecœur-Martinet, rue du Coq-St-Honoré, n» 15,

REVUE DES VOYAGES.

A Paris, rue des Bons-Enfans,n. 21. — 6 fr. pour G mois, 12 fr. pour un an, à Paris;

7 f. et 13 f., dans les départemens; 4 f. de plus pour l’étranger.

LETTRE D’UN OUVRIER A M. GISQUET,

llclatincmcnt à l’impulsion salutaire,

DONNEE , DANS LE DISCOURS DU ROI,

a l’instruction du peuplé.

11 ne s’agit pas ici d’un de ces farouches républicains qui trouven
tout mal, par la raison que tout est mal ; raison qui en vaut bien une
autre. Il s’agit au contraire d’un de ces hommes aussi vrais croyans
qu’on peut l’être, d’un de ces hommes dressés à reporter à l’ordre de
Chose tous les biens du ciel et. de la terre.

« Comme il fait beau aujourd’hui ! disait-on devant lui.

— C’est parce que Philippe règne, répondait-il.

— Comme on voit de belles choses à l'Opéra !

— C’est parce que Philippe règne.

— Comme les harengs saurs sont bons cette année !

—■ C’est parce que Philippe règne. » Et ainsi du reste. Il croyait
tout.

Il croyait à la pauvreté du roi.

Il croyait à la liberté de la presse.

Il croyait à l’équité et à la béatitude de l’état de siège.

Il croyait à l'innocence des forts détachés.

Il croyait à l’impartialité de certains présidens d’asssises, etc., etc.

Cherchez un meilleur homme; mais en conscience, puisqu’il
croyait à la pauvreté du roi et à l’innocence des forts détachés, il
pouvait bien croire aussi à l’utilité d’apprendre gratis à lire et à
écrire. Eh bien ! c’est lui, qui après avoir été, comme tous les
autres, privé des cours du docteur Gervais, a dicté la lettre qui
suit :

M. Gisquet,

Primitivement, je vous préviens que si vous aviez laissé faire M. Gervais, notre maître,
je ne serais pas forcé aujourd’hui de payer un écrivain public pour vous écrire. Mais
ce n’est rien, ça. Dimanche, lorsque, pour la seconde fois, les agens de police vinrent
nous empoigner aux cours du docteur Gervais, et nous jeter à la porte, je mè réfugiai
de ma nature au cabaret ; et, v’ià que le soir, quand je suis rentré, ma femme m’a ait :
Donne-moi ta paie pour acheter du pain; tu as été bien long-temps aujourd’hui oùs-
qu’frn apprend à lire et à écrire gratis. — Ma pauvre femme, que je lui ai répondu, je
n’ai plus le sou. J’ai été forcé d’aller ousqu’on boit, et on ne boit pas gratis. Diable!
me suis-je v dit ensuite, ça a tout, de meme une drôle de tournure, l’impulsion salu-
taire donnée à l instruction du peuple dans le discours de notre roi !

Alors, v’ià que le lendemain vos agens m’ont lu relativement à cet égard-là dans le
Journal des Débats, un considérant de vous, oùsque vous considérez qu un cours oùs-
qu’ou apprend à lire et à écrire gratis n’est pas un cours, et que c’est une organisation
militaire. Tout de même, me suis-je dit, ça a encore une drôle de tournure, une or-
ganisation militaire, oùsqu’il n’y a pour armes que des plumes et du papier!

Puis un autre considérant ousque vous considérez que les leçons d’hygiène du docteur
Gervais nous rendraient malades. Alors, M. Gisquet, l’ordre de Chose pense donc qu’il
vaut mieux pour notre santé que nous allions au cabaret. Sacrédié! hier, pour ma part,
j’ai manqué d’en décéder tout de même, ce me suis-je dit encore, ça a une drôle de
tournure, l’hygiène de l’ordre de Chose !

Puis un autre considérant oùsque vous considérez qu’on est des républicains parce
qu’on apprend à lire et à écrire gratis, et comme quoi il est plus avantageux d’aller ap-
prendre à lire et à écrire dans les écoles du gouvernement, oiisqu’on paie et oùsqu’on
ne travaille pas à l’heure et les jours où nous sommes libres. Tout de même, me suis-
je dit encore, ça a une drôle de tournure, les avantages du gouvernement !

Et v’ià, csmme j’avais l’honneur de vous le dire, qu’après avoir été rossé par vos
agens, j’ai été forcé de me sauver au cabaret ; et v’ià que mes amis m’ont bu une partie
de ma paie, et qu’un filou m’a escroqué l’autre, parce que je ne savais pas lire. Ah! si
vous aviez laissé faire notre maître, le docteur Gervais! Et v’ià que ma femme m’a dit
des sottises; et v’ià que j’ai battu ma femme ; et v’ià que ma femme est malade, et que
je n’ai pas de quoi payer le médecin ; et vTà que vos agens m’ont dit que c’était moral
de ne pas aller aux cours de M. Gervais. Tout dé même, ce me suis-je dit encore, ça a
une drôle de tournure la moralité de l’ordre de Chose !

Ah! j oubliais. V là que les ouvriers ont crié, ont gesticulé, ont dit des abominations
contre l’ordre de Chose. Certainement, je n’étais pas de ces horreurs-là ; mais tout de
même, me suis-je dit, ça a une drôle de tournure, l’ordre public d’aujourd’hui.

Cependant, M. Gisquet, croyez bien que je crois toujours à limpulsion salutaire
donnée, dans le discours du roi, à V instruction du peuple.

BüESS....

Ce nouveau recueil littéraire, ejui paraît du 15 au 20 de chaque mois, par cahiers de
80 pages in-8°, réunit tous les élemens d’un long et honorable succès. La faveur avec
laquelle il a été accuilli dès son apparition, s’explique par la variété et l’intérêt des ar-
ticles contenus dans son premier numéro. Nous citerons particulièrement la traduction
exacte faite, par une dame, du voyage autour du monde de madame Morèll, femme du
célèbre américain de ce nom, et une relation rapide et fort curieuse, avec des détails
peu connus encore, de l’expédition récente du capitaine Ross. Sous le titre d’un voyage
aux Iles Massacres, la seconde livraison nous promet, pour le mois de janvier, une des
plus terribles scènes de voyage qui se puisse lire ; elle offrira, en ontre, l’analyse de la
Constitution américaine! et une histoire complète des lois, mœurs et habitudes des
Kalmouks, d’après les écrivains russes les plus distingués. Le troisième numéro contien-
dra le portrait de Madame Morcll.


ÎJitd) aftes.

*** On lisait hier clans les journaux ministériels : « A l’occasion
du jour de l’an, le roâ a reçu telles députations; S. M. a reçu tel
 
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