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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1834 (Nr. 165-216)

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Numéro 201 (11 Septembre 1834)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26558#0211

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4* ANNÉE»

Numéro 201.

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. Louis Desnoyers (Derville), Rédacteur en chef, au
Bureau de la Caricature , galerie Véro-Dodat. — Tout
ce qui a rapport aux dessins doit être adressé à M.
Cn Phiuipon.

Il SEPTEMBRE 1834.

Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, à M. Ch. Philipon, directeur
du journal, au bureau de la Caricature, galerie Véro-
Dodat, au-dessus du grand Magasin de Lithographie
d’Aubert.

CASTIGAT RIDENDQ MORES.

POLITIQUE, MORALE, LITTÉRAIRE ET SCÉNIQUE.


LES GOUTTISTES, LES ANTI-GOUTTISTES

ET LES QüASI-GOUTTISTES.

La santé de M. le maréchal Gérard, premier fantôme ministériel
de Louis-Philippe, a occupé, cette semaine, tout ce que la présence
de M. de Talleyranda laisse, aux Badauds, d’auemlun disponible. On
dit que M. le maréchal est un honnête homme ; nous en sommes char-
més pour lui ; cela pourra lui servir au grand jour du jugement der-
nier.

Nous voudrions, seulement, lui voir, en attendant, une honnêteté
un peu plus diablesse ; nous ne concevons pas qu’une honnêteté
comme la sienne consente à laisser jeter son manteau de premier mi-
nistre sur les gentillesses passées, présentes et futures ; qu’elle consente
à se mettre au service de la pensée immuable; qu’elle vive, très-bien,
côte à côte, avec l’honnêteté des Gisquet, des d’Argout, et des Barthe ;
quelle traite, volontiers, de collègues, les Thiers et les Rigny ; qu’elle
connaisse sans doute tous les trafics des derniers temps, les pots-de-vin,
les marchés onéreux, les spéculations télégraphiques, et qu’elle n’ait
pas encore rejeté, de dégoût, Son portefeuille au nez de leurs auteurs ;
que, du reste, étant, probablement, fort loin d’avoir de l’estime pour le
Système qu’elle sert, elle le serve cependant; qu’enfin, elle reçoive,
officielleement, la visite des gens à qui elle ne voudrait peut-être pas
prêter cinq sous sur parole; et, que se trouvant déshonorée, le cas
échéant, de recevoir une poignée de main du prêtre Contrafatto, elle en
donne une, sans y être forcée par jugement, au prêtre Tall.......

Non, je ne conçois pas qu’une honnêteté comme la sienne, ait si
peu de bec et d’ongles ; et j’aurais peur, qu’en agissant ainsi, mon
honnêteté ne finît dans l’opinion, par devenir synonyme de politesse.

Quoiqu’il en soit, l’honnêteté de M. le maréchal n’ôte rien au ridi-
cule que les badauds de toute espèce, se donnent depuis huit jours,
en fesant une affaire d’état de la situation sanitaire de M. le maréchal.
Qu’il soit malade, tantpis pour les siens, car c’est un honnête homme;
mais que diable cela peut-il faire à l’univers ?

J’ai pour portier un pauvre diable qui a fait toutes les campagnes
de l’Empire ; qui a laissé sa jambe gauche dans la boue de Leipsick ;

qui depuis s’est fait cordonnier pour vivre ; qui a sauvé au péril de ses
jours deux femmes qui allaient rôtir comme des poules-dindes; qui a
payé, à la force de son tranchet, toutes les dettes de son frère ; qui a
nourri, vêtu, logé son père et sa mère aveugle ; qui, en un an, a fait
plus de bonnes actions de toute espèce que Vincent de Paule lui-même.

H.o Lien! le pauvie dî<»bL> &o* oo moment perclus de tous les mem-
bi ■es qui lui restent, souffrant comme un possédé sur son grabat sans
matelas, et presque mourant de faim, quoiqu’il en ait déjà une cer-
taine habitude.

Or, je n’ai cependant pas vu que certains publicistes soient venus
s’installer dans la sous-pente méphitique où le vieux guerrier expire
sur ses lauriers, comme dirait le Constitutionnel, c’est-à-dire sur dix-
huit brins de paille ; on peut les compter.

Non, je n’ai pas vu que certains publicistes, comme ils s’étiquètent
eux-mêmes, se soient installés là, dans sa loge puante, comme ils ont
fait dans l’anli-chambre dorée de M. le maréchal, en compagnie de sa
valetaille ; et cela , les publicistes qu’ils sont, pour être à même de
nous tenir au courant des moindres péripéties de l’illustre goutte du
premier ministre ; pour nous donner le bulletin minutieux de ses dou-
leurs, de ses sommeils et de ses garde-robes.

Ah! je vous le dis, il n’y a rien de stupide au monde comme certai-
nes gens qui se disent des publicistes!

Et puis, il faut ouïr les réflexions dont tous ces Montesquieu de
ruelle accompagnent chaque nouveau symptôme de la maladie !

Le colosse du Nord serait en marche sur la France; notre fidèle
allié , le colosse d’Angleterre, aurait confisqué de nouveau notre ma-
rine , par un de ces témoignages d’amitié qu’il nous a donnés si sou-
vent; enfin, le colosse d’Autriche promènerait sa petite queue sautil-
lante autour des barrières de Paris, que les conjectures de ces pu-
blicistes n’auraient pas plus de solennité, et qu’ils se livreraient à moins
d’époutevassement au sujet des destinées de la France.

Et puis, il faut voir avec quel soin ils enregistrent le nom de tous les
visiteurs qui viennent déposer leur nom chez le concierge du maré-
chal ! avec quelle importance ils signalent ceux qui obtiennent la fa-
veur de monter jusqu’à l’antichambre ! et surtout les heureux mortels
 
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